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Du stéréotype à la performance : les ... - Archipel - UQAM

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s'avérait ici nécessaire pour illustrer que l'altérité incarnée par l'artiste est aussi confinée au<br />

mutisme. G6mez-Pefia, pour sa part, avait <strong>la</strong> possibilité de parler, mais il le faisait unique­<br />

ment si le public déposait cinquante sous dans <strong>la</strong> boîte <strong>à</strong> donations. Puisqu'il s'adressait aux<br />

spectateurs dans un <strong>la</strong>ngage inventé et incompréhensible, on ne peut pas vraiment considérer<br />

<strong>les</strong> discours du performeur comme des prises de paro<strong>les</strong> effectives. Mais un cliché peut-il<br />

prendre <strong>la</strong> parole ? Peut-il communiquer avec autmi ? Les images sont-el<strong>les</strong> irrémédiable­<br />

ment muettes? Si el<strong>les</strong> valent mille mots, comme le dit l'adage, peuvent-el<strong>les</strong> en prononcer<br />

ne serait-ce qu'un? Les œuvres abordées répondent <strong>à</strong> ces questions <strong>à</strong> <strong>la</strong> fois par <strong>la</strong> négative et<br />

par l'affirmative. Le travail de Terrance Houle et KC Adams représente des sujets immobi<strong>les</strong><br />

et cois. Les photographies d'Urban lndian et de Cyborg Hybrids exposent cependant une<br />

autre forme de prise de parole, qui s'effectue par l'ironie et par le dép<strong>la</strong>cement des clichés.<br />

Tout comme <strong>les</strong> mots brodés par Adams sur <strong>les</strong> chandails que portent <strong>les</strong> personnes<br />

qu'elle photographie, <strong>les</strong> œuvres de Heap of Birds constituent autant de cris muets. El<strong>les</strong><br />

utilisent le <strong>la</strong>ngage et l'invective de manière silencieuse, ce qui est également le cas dans<br />

Shooting Geronimo où, comme le veut l'esthétique du film muet, on n'entend pas <strong>les</strong> propos<br />

des personnages, mais on <strong>les</strong> lit <strong>à</strong> l'écran. Dans ces œuvres, le mutisme devient une façon de<br />

s'adresser au public et de lui donner <strong>à</strong> penser : « it 's important just to kind of voice the is­<br />

sue», disait Heap of Birds (1999, en ligne ; infra, p. 259). Pour ces artistes, il importe<br />

d'octroyer une voix aux Premières Nations, même si elle ne peut être réellement entendue.<br />

Ainsi, c'est sur une sculpture que Jimmie <strong>Du</strong>rham écrit (mais ne prononce pas): « Hello! J'm<br />

Jimmie <strong>Du</strong>rham». Les textes d' Yves Boisvert et de Josée Yvon mettent en scène des sujets<br />

amérindiens qui se situent du côté de l'action et qui agissent avec un sentiment d'urgence,<br />

<strong>la</strong>issant peu de p<strong>la</strong>ce <strong>à</strong> <strong>la</strong> discussion verbale. À l'instar des autres œuvres abordées, le corps y<br />

affirme sa présence et sa singu<strong>la</strong>rité avec force, souvent de manière subversive, mais ce corps<br />

exprime une ambivalence profonde quant <strong>à</strong> <strong>la</strong> possibilité de prendre <strong>la</strong> parole. Car l'Indien<br />

imaginaire ne parle pas. C'est une représentation non seulement figée, mais nmette. Fissurer<br />

ce mutisme et prendre <strong>la</strong> parole <strong>à</strong> travers le silence des clichés constitue un des objectifs<br />

majeurs des détournements des <strong>stéréotype</strong>s amérindiens que mettent en œuvre ces pratiques.<br />

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