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Du stéréotype à la performance : les ... - Archipel - UQAM

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Take a picture with a reallndian. Take a picture, on this beautiful sunny day.<br />

Take a picture with a real lndian, in one of the saddest day in our history.<br />

[ ... ] America thinks it' s fine to keep us in a box. America doesn 't know us.<br />

[ ... ] America needs to put down the romanticism. America likes our arts and<br />

crafts. America likes to see us dance. Our beads and feathers. [ ... ] America<br />

doesn't know me. America should know us 78 .<br />

Si Luna accepte de jouer le jeu de l'« Indien de service » en cette journée commémorative,<br />

c'est afin d'en déconstruire l'image. Le performeur incarne cette perception romantique et<br />

figée des Premières Nations pour s'y attaquer.<br />

Paradoxalement, Take a Picture with a Real Jndian permet et ne permet pas de mieux<br />

connaître <strong>les</strong> Amérindiens et leurs cultures. «America should know us», concluait James<br />

Luna. Ironiquement, le performeur met en scène <strong>la</strong> connaissance conventionnelle sur <strong>les</strong><br />

Amérindiens. Il montre ce qui est figé par une action qui fige <strong>à</strong> nouveau <strong>les</strong> conventions.<br />

L'artiste prend <strong>les</strong> conventions au piège de leur propre jeu et <strong>la</strong>isse au public le soin<br />

d'imaginer ce qui ne relève pas de ces conventions. La <strong>performance</strong> de Luna illustre<br />

l'irréconciliable impasse, au niveau de <strong>la</strong> représentation, entre ce qui est autochtone et ce qui<br />

est actuel. Le performeur ne le résout pas, ilia met en scène, en images et en espace, et nous<br />

y invite <strong>à</strong> y participer, <strong>à</strong> en faire l'expérience. Il n' y a pas de solution, pas de résolution, mais<br />

un hiatus. Le travail de Luna vise <strong>à</strong> souligner cet écart, et éventuellement <strong>à</strong> en rire.<br />

La démarche de James Luna illustre que toute représentation des cultures amérindiennes<br />

est stéréotypée, qu'il s'agisse d'une statue ou d'un cadavre dans un musée, d'un itinérant<br />

alcoolique, d'un Indien simplement vêtu d'un pagne ou de jeans. « Dès que Christophe<br />

Colomb eut foulé <strong>les</strong> p<strong>la</strong>ges du Nouveau Monde, il fut question d ' images », écrit Serge<br />

Gruzinski dans La guerre des images (1990, p. 13). Bien sûr, Luna s'insurge contre ces<br />

clichés coloniaux, <strong>les</strong> dénonce, mais ille fait avec humour et en <strong>la</strong>issant une p<strong>la</strong>ce pour que le<br />

78 Traduction libre : «Venez prendre une photo avec un vrai Amérindien. Venez prendre une photo,<br />

par cette belle journée ensoleillée. Venez prendre une photo avec un vrai Amérindien, dans une des<br />

journées <strong>les</strong> plus tristes de notre histoire. [ ... ] L'Amérique croit que c'est correct de nous garder dans<br />

une boîte. L'Amérique ne nous connaît pas. [ ... ] L'Amérique aurait besoin de dé<strong>la</strong>isser un peu le<br />

romantisme. L'Amérique aime notre artisanat. L'Amérique aime nous voir danser. Nos per<strong>les</strong> et nos<br />

plumes.[ ... ] L'Amérique ne me connaît pas. L'Amérique devrait nous connaître.»<br />

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