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Le fantastique dans l'oeuvre romanesque de Marcel Brion

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tel-00699768, version 1 - 21 May 2012<br />

<strong>fantastique</strong> » (…) » 31 . On considère généralement que <strong>dans</strong> un récit long le <strong>fantastique</strong> a<br />

tendance à se diluer, et que par conséquent il y a risque d’atténuation <strong>de</strong> l’effet. Quels<br />

peuvent être les avantages du roman <strong>dans</strong> ce cas ? <strong>Le</strong> roman se meut <strong>dans</strong> un temps plus<br />

long. La durée est <strong>dans</strong> le cadre du roman un principe essentiel. Un récit plus long laisse<br />

place à <strong>de</strong>s développements qui présentent <strong>de</strong> l’intérêt pour un écrivain tel que <strong>Marcel</strong><br />

<strong>Brion</strong> <strong>dans</strong> la mesure où il se plaît à <strong>de</strong>s digressions, <strong>de</strong>s méditations, <strong>de</strong>s récits <strong>de</strong> rêve,<br />

rêveries, parenthèses… <strong>Le</strong> <strong>fantastique</strong> s’établit <strong>de</strong> manière plus durable, et la tendance à la<br />

confusion entre rêve et réalité s’amplifie. <strong>Le</strong> roman laisse d’autre part le temps au lecteur<br />

<strong>de</strong> s’installer <strong>dans</strong> un univers, <strong>de</strong> s’habituer au mon<strong>de</strong> présenté, d’être donc plus<br />

profondément et plus durablement ébranlé par le <strong>fantastique</strong>. <strong>Le</strong> roman est enfin une forme<br />

souple, très absorbante. C’est ce que note <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong> lui-même : « Henry James a dit du<br />

roman qu’il était la plus libre, la plus souple et la plus prodigieuse <strong>de</strong>s formes<br />

littéraires » 32 .<br />

Lire et analyser les romans <strong>de</strong> <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong> est une entreprise difficile. <strong>Marcel</strong><br />

<strong>Brion</strong> nous fait entrer <strong>dans</strong> un univers très personnel. Il met en scène <strong>de</strong>s personnages qui<br />

s’écartent <strong>de</strong>s routes communes, laissent <strong>de</strong>rrière eux une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie déjà révolue, sont<br />

la proie d’une sorte d’incantation qui va les rendre complètement autres. Voyageurs, ils<br />

sont en général happés par une voix dont ils ignorent la provenance véritable, mais qui les<br />

conduit à se mettre à l’écart du mon<strong>de</strong>, <strong>de</strong> la collectivité dont ils font partie, pour aller se<br />

perdre <strong>dans</strong> un coin reculé <strong>de</strong> la forêt, d’un jardin ou <strong>de</strong> la montagne, courant le risque <strong>de</strong><br />

s’égarer <strong>dans</strong> leurs songes. Il y a aussi pour le lecteur grand danger <strong>de</strong> se perdre <strong>dans</strong> un<br />

tissu narratif constitué <strong>de</strong> digressions, <strong>de</strong> récits <strong>de</strong> souvenirs et <strong>de</strong> rêves. Nous entrons <strong>dans</strong><br />

un mon<strong>de</strong> qui, nous dit Michel Mohrt, « est l’un <strong>de</strong>s plus originaux <strong>de</strong> la littérature<br />

contemporaine » 33 .<br />

Abor<strong>de</strong>r l’étu<strong>de</strong> du <strong>fantastique</strong> <strong>dans</strong> l’œuvre <strong>romanesque</strong> <strong>de</strong> <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong><br />

suppose <strong>de</strong> savoir ce que l’on entend par <strong>fantastique</strong>. C’est là pour nous une <strong>de</strong>uxième<br />

difficulté, car ce mot fréquemment utilisé, difficile à définir, imprécis, ne va pas sans<br />

ambiguïté. <strong>Le</strong>s points <strong>de</strong> vue concernant le <strong>fantastique</strong> sont divers, voire opposés. D’où la<br />

nécessité <strong>de</strong> parcourir les ouvrages critiques pour tenter <strong>de</strong> dégager ce qui peut être la<br />

spécificité du <strong>fantastique</strong>.<br />

31 Michel Viegnes, <strong>Le</strong> <strong>fantastique</strong>, Paris, Flammarion, 2006, p.208. Michel Viegnes note cependant que <strong>de</strong>s<br />

romans <strong>fantastique</strong>s préexistent. Il cite en particulier <strong>Le</strong>s Élixirs du diable <strong>de</strong> Hoffmann, et <strong>Le</strong> Maître et<br />

Marguerite <strong>de</strong> Boulgakov. Il y a un rapport privilégié entre le <strong>fantastique</strong> et les formes courtes.<br />

32 <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong>, préface <strong>de</strong> Henry James, <strong>Le</strong> Dernier <strong>de</strong>s Valerii, Paris, Albin Michel, 1984, p.7.<br />

33 Michel Mohrt, Discours <strong>de</strong> réception <strong>de</strong> Michel Mohrt à l’Académie française et réponse <strong>de</strong> Jean<br />

d’Ormesson, Paris, Gallimard, 1987, p.33.

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