27.12.2013 Views

Le fantastique dans l'oeuvre romanesque de Marcel Brion

Le fantastique dans l'oeuvre romanesque de Marcel Brion

Le fantastique dans l'oeuvre romanesque de Marcel Brion

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

460<br />

tel-00699768, version 1 - 21 May 2012<br />

par privilège les îles qui invitent à la traversée intérieure (…) îles Bienheureuses, Fabuleuses,<br />

Hespéri<strong>de</strong>s, Île <strong>de</strong>s morts d’Arnold Böcklin, plusieurs fois re<strong>de</strong>ssinée, île introuvable <strong>de</strong> Barnward<br />

qui cristallise <strong>dans</strong> le vocable mörikien d’Orplid (…). Puis les endroits chimériques d’une<br />

géographie légendaire. Brocélian<strong>de</strong>, Avalon, Thule… 708<br />

Quoi <strong>de</strong> plus naturel pour celui qui se dit « d’origine irlandaise » !<br />

Il se situe surtout <strong>dans</strong> un mouvement, propre au XX e siècle <strong>de</strong> réception du<br />

romantisme allemand et se place, <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue, non loin du surréalisme qui prend,<br />

« avec le riche arsenal <strong>de</strong>s angoisses mo<strong>de</strong>rnes, la relève du Fantastique romantique » 709 .<br />

Un <strong>fantastique</strong> s’élabore, rajeunissement <strong>de</strong>s vieilles hantises, le <strong>fantastique</strong> étant, pour<br />

<strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong>, capable <strong>de</strong> tous les rajeunissements. Il est, nous rappelle Margaret Simpson-<br />

Maurin, contemporain d’André Breton qui écrit : « <strong>Le</strong> <strong>fantastique</strong> constitue à nos yeux, par<br />

excellence, la clé qui permet d’explorer le contenu latent, le moyen <strong>de</strong> toucher ce fond<br />

historique secret qui disparaît <strong>de</strong>rrière la trame <strong>de</strong>s événements » 710 . Breton affirme <strong>dans</strong><br />

son Manifeste du surréalisme : « Ce qu’il y a d’admirable <strong>dans</strong> le <strong>fantastique</strong>, c’est qu’il<br />

n’y a plus <strong>de</strong> <strong>fantastique</strong>, il n’y a que le réel » 711 . Pourtant, précise Margaret Simpson-<br />

Maurin, « <strong>Brion</strong> s’est tenu à distance <strong>de</strong> l’aventure surréaliste », et elle se réfère à<br />

Ferdinand Alquié pour montrer à quel point les voies suivies par <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong> et celle<br />

suivie par le surréalisme diffèrent. Dans un passage du Second Manifeste, Breton déclare :<br />

« Tout porte à croire qu’il existe un certain point <strong>de</strong> l’esprit d’où la vie et la mort, le réel et<br />

l’imaginaire, le passé et le futur, le communicable et l’incommunicable, le haut et le bas<br />

cessent d’être perçus contradictoirement. Or, c’est en vain qu’on chercherait à l’activité<br />

surréaliste un autre mobile que l’espoir <strong>de</strong> détermination <strong>de</strong> ce point » 712 . <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong><br />

veut aller plus loin <strong>dans</strong> sa quête <strong>de</strong> l’absolu, c’est pourquoi il considère l’entreprise<br />

surréaliste avec intérêt mais en reste éloigné. Nous noterons d’ailleurs que lorsque <strong>Marcel</strong><br />

<strong>Brion</strong> parle du surréalisme, c’est pour en rappeler, comme il le fait pour le baroque et le<br />

romantisme, le caractère permanent. Une constante, selon lui, se manifeste <strong>dans</strong> l’histoire<br />

<strong>de</strong> la pensée humaine, particulièrement nette <strong>dans</strong> les domaines <strong>de</strong> la peinture et <strong>de</strong> la<br />

gravure : « <strong>Le</strong> Surréalisme tel que nous l’entendons n’est pas l’art d’une époque et d’un<br />

lieu – l’Europe d’après la première guerre mondiale – mais l’expression collective d’un<br />

708 Xavier Tilliette, « Ar<strong>de</strong>ndo cresco », <strong>dans</strong> <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong> humaniste et passeur, op. cit., p.226.<br />

709 <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong>, Suite <strong>fantastique</strong>, op. cit., p.3.<br />

710 Cité par Margaret Simpson-Maurin, L’univers <strong>fantastique</strong> <strong>de</strong> <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong>, op. cit., p.206.<br />

711 Ibid., p.206. André Breton, Manifeste du surréalisme, Paris, 1924. Cette phrase est citée par <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong><br />

<strong>dans</strong> Suite <strong>fantastique</strong>, op. cit., p.98.<br />

712 Ibid., p.207.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!