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Le fantastique dans l'oeuvre romanesque de Marcel Brion

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tel-00699768, version 1 - 21 May 2012<br />

<strong>de</strong>s Fils <strong>de</strong>s Étoiles venait <strong>de</strong> placer un objet encore recouvert d’une pièce d’étoffe sombre. (CPI,<br />

46)<br />

On remarque l’utilisation du vocabulaire et <strong>de</strong>s tournures caractéristiques <strong>de</strong> la<br />

vision empêchée : « je distinguais mal », « il semblait qu’il n’y eût plus (…) que ». Sur<br />

fond <strong>de</strong> faible lumière peut se révéler l’intense rayonnement qui émane d’un cristal brut :<br />

« Ce fut alors comme si le salon avait été illuminé par une sorte <strong>de</strong> feu prisonnier d’un<br />

coffre transparent et glacé » (CPI, 47). Cette lumière venue <strong>de</strong> l’intérieur révèle un feu<br />

höl<strong>de</strong>rlinien contenu <strong>dans</strong> la matière. Cette source lumineuse inon<strong>de</strong> l’ensemble du salon<br />

d’une lumière éblouissante, surnaturelle, et le transporte « en un autre temps et un autre<br />

lieu » (CPI, 47). L’allée couverte où le Prince pénètre à la fin du roman <strong>Le</strong>s Miroirs et les<br />

gouffres est plongée elle aussi <strong>dans</strong> la pénombre. Au terme <strong>de</strong> son périple, le Prince<br />

s’arrête <strong>de</strong>vant un puits creusé à une « très ancienne époque » (MG, 181). Parvenu au fond<br />

<strong>de</strong> cet espace, il se trouve face à un ciel nocturne « où brillaient les constellations<br />

habituelles, et que traversaient, d’une extrémité à l’autre <strong>de</strong> l’espace visible, <strong>de</strong>s étoiles<br />

filantes ». Là encore se manifeste une lumière d’une autre nature : une forme flotte au<br />

milieu <strong>de</strong>s astres, une déesse assise sur « un trône <strong>de</strong> marbre phosphorescent » qui porte<br />

sur ses genoux un enfant endormi sur le point <strong>de</strong> se réveiller pour commencer une marche<br />

« <strong>dans</strong> l’étendue immense, prenant appui sur les étoiles qui l’entouraient ». Du corps <strong>de</strong> la<br />

déesse rayonne « une lumière assourdie », annonciatrice <strong>de</strong> la résurrection du Prince.<br />

Nous pourrions ainsi accumuler les exemples. Tous mettraient en évi<strong>de</strong>nce<br />

l’importance <strong>de</strong>s changements d’éclairage associés à la thématique du passage. Il nous<br />

reste à étudier un autre moment très présent <strong>dans</strong> les romans et important <strong>dans</strong> la<br />

dramaturgie <strong>fantastique</strong> : l’heure <strong>de</strong> midi.<br />

3. L’ « heure stationnaire ».<br />

Dans un contexte <strong>fantastique</strong>, l’heure <strong>de</strong> midi est redoutable. Elle correspond à un<br />

moment d’arrêt <strong>dans</strong> la progression <strong>de</strong> la lumière, d’immobilité souvent évoqué <strong>dans</strong> les<br />

romans <strong>de</strong> <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong> :<br />

Cela est arrivé à l’heure <strong>de</strong> midi, que les Anciens appelaient l’heure stationnaire, parce que,<br />

effectivement – et je le sens – le temps s’arrête afin qu’arbres, bêtes et gens s’immobilisent,<br />

cessent <strong>de</strong> parler, pour que soit respecté le sommeil du Grand Pan.<br />

Jamais je n’ai osé <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r pourquoi le Grand Pan dort à midi. Des dieux, il faut respecter les<br />

caprices. (VM, 40)

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