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Le fantastique dans l'oeuvre romanesque de Marcel Brion

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foisonnement « d’herbes folles, <strong>de</strong> chardons et <strong>de</strong> mûriers sauvages », d’épines et <strong>de</strong><br />

serpents, forme un entrelacs suscitant une vague inquiétu<strong>de</strong>. L’entrée du labyrinthe est<br />

marquée <strong>de</strong> signes, mais le narrateur, s’engageant sur le « petit pont », n’est pas en mesure<br />

<strong>de</strong> les lire.<br />

2. <strong>Le</strong>s figures du fermé.<br />

tel-00699768, version 1 - 21 May 2012<br />

Une multitu<strong>de</strong> d’obstacles s’oppose à la marche en avant <strong>de</strong>s voyageurs <strong>de</strong> Nous<br />

avons traversé la montagne. <strong>Le</strong>s personnages <strong>de</strong>scen<strong>de</strong>nt au font <strong>de</strong> puits ou <strong>de</strong> tombeaux,<br />

explorent <strong>de</strong>s lieux fermés, se heurtent à <strong>de</strong>s murs qui semblent constituer <strong>de</strong>s impasses.<br />

L’effet <strong>de</strong> contraction <strong>de</strong> l’espace est obtenu <strong>de</strong> différentes manières. Aux architectures<br />

closes, ou aux véhicules offrant un espace réduit <strong>dans</strong> d’autres romans, s’ajoutent les<br />

éléments constitutifs d’un paysage orienté, en particulier le brouillard, le marécage, la<br />

forêt, la montagne.<br />

<strong>Le</strong> brouillard s’impose dès le texte d’introduction <strong>de</strong> Château d’ombres : « Je<br />

m’avançais au hasard, tâtonnant à travers le brouillard (…) » (CO, 9), un brouillard qui<br />

investit largement le parc, dû « probablement à la présence d’un grand fleuve ou d’un<br />

marais » (CO, 241). Au début <strong>de</strong> la <strong>de</strong>uxième partie du roman, le narrateur ouvre sa fenêtre<br />

le matin et <strong>de</strong>vient spectateur du commencement du jour. <strong>Le</strong> parc a du mal à se délivrer du<br />

brouillard, « prêt à revenir à cette brume dont il s’était dégagé, hésitant encore entre l’être<br />

et le non-être, l’indéterminé <strong>de</strong> la nuit et l’injonction du jour » (CO, 137-138). <strong>Le</strong><br />

brouillard agit comme réducteur du champ <strong>de</strong> vision, mais, <strong>dans</strong> une perspective<br />

<strong>fantastique</strong>, il permet la mise en scène d’un affrontement. Il conteste la substance même<br />

<strong>de</strong>s choses :<br />

Accoudé sur le fer du balcon, je regardais flotter le brouillard. Cela bougeait comme le fond <strong>de</strong>s<br />

mers, grouillant <strong>de</strong> créatures inquiètes et aveugles. <strong>Le</strong>s arbres commençaient par être mouvants et<br />

changeants comme <strong>de</strong>s algues. Ils ne prenaient racine <strong>dans</strong> le sol stable qu’au moment où une<br />

flèche <strong>de</strong> lumière, dérangeant la brume, creusait <strong>dans</strong> la terre le trou où ils s’installeraient. (CO,<br />

140)<br />

<strong>Le</strong> brouillard empêche les choses d’accé<strong>de</strong>r à la solidité. Ce qui <strong>de</strong>vrait apparaître<br />

stable est mouvant et flui<strong>de</strong>. <strong>Le</strong> choix <strong>de</strong>s verbes, <strong>de</strong>s adjectifs, permet <strong>de</strong> donner cette<br />

impression, ainsi que l’utilisation <strong>de</strong>s comparaisons. <strong>Le</strong>s comparaisons <strong>de</strong>viennent<br />

métaphores : « J’avalais <strong>de</strong> lour<strong>de</strong>s gorgées <strong>de</strong> brouillard ». Et les métaphores maritimes se<br />

poursuivent : « Je prenais appui sur les objets pour surnager, comme le naufragé<br />

s’accroche à une planche et s’en fait un ra<strong>de</strong>au. (…) J’entendais l’appel découragé <strong>de</strong>s

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