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Le fantastique dans l'oeuvre romanesque de Marcel Brion

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tel-00699768, version 1 - 21 May 2012<br />

<strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong> cite un <strong>de</strong>s « poèmes <strong>de</strong> la folie » qu’il aimait particulièrement 328 . Il<br />

trouve chez Höl<strong>de</strong>rlin une approche idéale <strong>de</strong> la Grèce antique et du divin. Höl<strong>de</strong>rlin,<br />

célèbre avec vénération Hélios, le « Soleil Dieu », l’ « Éther resplendissant », la Lumière,<br />

l’Air. « C’est sur les bras <strong>de</strong>s dieux que j’ai grandi » dit-il <strong>dans</strong> un <strong>de</strong> ses poèmes, il<br />

regar<strong>de</strong> les dieux <strong>de</strong> l’Olympe comme <strong>de</strong>s énergies individuelles, <strong>de</strong>s puissances<br />

naturelles, et s’appuie sur les doctrines orphiques et pythagoriciennes 329 . La nature est pour<br />

lui vivante, <strong>dans</strong> son tout et <strong>dans</strong> chacun <strong>de</strong> ses éléments, et il pense que toutes choses, y<br />

compris les plantes et les pierres, sont capables <strong>de</strong> pensées et <strong>de</strong> sensations. <strong>Le</strong>s Éléments<br />

composés <strong>de</strong> matière et d’esprit sont doués d’une conscience à l’image <strong>de</strong> la conscience<br />

humaine, et s’inscrivent <strong>dans</strong> un univers perpétuellement mouvant et changeant, soumis à<br />

la loi du <strong>de</strong>venir. À propos <strong>de</strong>s fameux poèmes <strong>de</strong> la folie, <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong> parle d’une<br />

« <strong>de</strong>scente aux enfers », et il ajoute : « il semble qu’il ait gardé le triste et fascinant pouvoir<br />

d’apercevoir le <strong>de</strong>ssous souterrain, le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s racines, l’invisible revers ténébreux <strong>de</strong><br />

l’univers visible » 330 . De la même manière, le personnage brionien est un interrogateur du<br />

paysage terrestre et du mon<strong>de</strong> souterrain, et il se laisse gui<strong>de</strong>r par les puissances divines et<br />

« par ces puissances amicales et effrayantes, - amicales à qui consent à se laisser conduire,<br />

impitoyables à qui résiste -, que sont les éléments » 331 .<br />

<strong>Le</strong> narrateur du Château <strong>de</strong> la princesse Ilse se trouve <strong>dans</strong> un paysage <strong>de</strong><br />

montagne, <strong>de</strong> lac et <strong>de</strong> forêt. Il décèle <strong>dans</strong> ce paysage aimé la présence du sacré. Il aime<br />

les lacs <strong>de</strong> montagne pour leur immobilité et parce que « leur silence ressemble (…) au<br />

silence <strong>de</strong>s dieux », et il ajoute : « Car, il faut bien l’avouer, au lac, à la forêt, à la<br />

montagne, ce que j’ai toujours <strong>de</strong>mandé c’est la présence <strong>de</strong>s Dieux et je l’y ai souvent<br />

rencontrée » (CPI, 15). Dans sa préface aux Vaines Montagnes, Liliane <strong>Brion</strong> parle d’une<br />

328 <strong>Le</strong> poème « <strong>Le</strong>s lignes <strong>de</strong> la vie » se trouve <strong>dans</strong> Höl<strong>de</strong>rlin, Poèmes, Paris, Aubier Montaigne, collection<br />

bilingue, 1943, p.454-455. <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong> éprouve une profon<strong>de</strong> admiration pour Höl<strong>de</strong>rlin. Dans Mémoires<br />

d’une vie incertaine, Liliane <strong>Brion</strong> indique <strong>dans</strong> une note : « <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong> dès son plus jeune âge avait<br />

éprouvé une véritable passion pour l’œuvre <strong>de</strong> Höl<strong>de</strong>rlin. Mais une passion assortie d’une telle admiration<br />

qu’il se croyait « indigne » d’écrire à son tour sur Höl<strong>de</strong>rlin, remettant toujours à plus tard la rédaction du<br />

tome V <strong>de</strong> son Allemagne romantique qui <strong>de</strong>vait lui être consacré. » (p.64). Liliane <strong>Brion</strong> parle d’abondantes<br />

notes rassemblées sur ce poète par <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong>. De cette recherche, il reste le texte intitulé « <strong>Le</strong>s flammes<br />

admirables » paru <strong>dans</strong> Orplid ou une certaine idée <strong>de</strong> l’Allemagne, Paris, Klincksieck, 2002, (p. 119 à 148).,<br />

« Höl<strong>de</strong>rlin et le silence <strong>de</strong> l’inexprimable » <strong>dans</strong> Mémoires d’une vie incertaine, (p.37 à 44), sans oublier<br />

<strong>dans</strong> <strong>Le</strong>s Amantes le chapitre consacré à « Diotima », (p. 9 à 72), et différentes chroniques littéraires. <strong>Marcel</strong><br />

<strong>Brion</strong> écrit <strong>dans</strong> Mémoires d’une vie incertaine : « Singulier sans doute que ce soit à Eleusis, lieu élu <strong>de</strong> la<br />

plus haute piété, qu’après l’avoir lu, et combien passionnément, j’aie senti combien Höl<strong>de</strong>rlin avait toujours<br />

été présent en moi et que son essentielle communion avec les dieux m’ait été la plus fortement révélée ! »<br />

(p.37).<br />

329 « Im Arme <strong>de</strong>r Götter wuchs ich groß » (C’est <strong>dans</strong> les bras <strong>de</strong>s dieux que j’ai fait ma croissance),<br />

Hymnes, élégies et autres poèmes, Paris, Flammarion, 1983, p.28. Voir à ce sujet l’introduction rédigée par<br />

Geneviève Bianquis <strong>dans</strong> Höl<strong>de</strong>rlin, Poèmes, op. cit..<br />

330 <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong>, « L’univers <strong>de</strong> la poésie », <strong>dans</strong> <strong>Le</strong> concours médical du 22 juin 1963, p.4066.<br />

331 <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong>, Léonard <strong>de</strong> Vinci, Paris, Albin Michel, 1952, p. 125.

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