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Le fantastique dans l'oeuvre romanesque de Marcel Brion

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tel-00699768, version 1 - 21 May 2012<br />

<strong>de</strong><strong>dans</strong> et vers l’extérieur, <strong>dans</strong> une sorte d’équinoxe intérieur, propre à susciter la<br />

mélancolie.<br />

Une fois le concert fini, elle s’éloigne et oublie sur le siège le livre qu’elle lisait<br />

avant le concert. Adalbert s’en empare. Ce livre contient ses poèmes <strong>de</strong> jeunesse. C’est là<br />

une sorte <strong>de</strong> message, un trait d’union qui s’établit entre les <strong>de</strong>ux personnages. <strong>Le</strong> livre va<br />

permettre la résurgence <strong>de</strong> souvenirs anciens, et d’autres rencontres avec la jeune femme<br />

au terme <strong>de</strong>squelles sera dévoilé son véritable visage : « Vous m’avez appelée Perséphone.<br />

Vous savez ce que cela signifie » (ACF, 188).<br />

La jeune femme <strong>de</strong> De l’autre côté <strong>de</strong> la forêt est liée à la musique, et à un décor<br />

particulier, le parc <strong>de</strong> Ba<strong>de</strong>n-Ba<strong>de</strong>n attenant à la forêt. L’atmosphère particulière <strong>de</strong> la<br />

rencontre est liée à cette association <strong>de</strong> la musique <strong>de</strong> plein air et du parc. La femme<br />

rencontrée au chapitre trois <strong>de</strong> La Rose <strong>de</strong> cire est associée à d’autres marges : la ville<br />

nocturne, le théâtre. Ce sont là encore <strong>de</strong>s lieux qui favorisent l’arrivée <strong>de</strong> l’être<br />

<strong>fantastique</strong>. <strong>Le</strong> narrateur se promène la nuit <strong>dans</strong> un quartier inconnu, s’enfonce <strong>dans</strong> un<br />

« entrelacs <strong>de</strong> rues tristes », puis poursuit sa promena<strong>de</strong> <strong>dans</strong> un petit théâtre peu<br />

accueillant. C’est ce que nous révèlent les comparaisons : la salle du théâtre est « humi<strong>de</strong><br />

comme une catacombe », « sinistre comme un égout », et le couloir qui y mène ressemble<br />

« à une galerie <strong>de</strong> mine » (RC, 37). <strong>Le</strong> <strong>de</strong>scriptif installe discrètement <strong>de</strong>s allusions à<br />

l’antiquité :<br />

L’humidité suintait du mur et du plafond, et cela composait une atmosphère assez horrible, que je<br />

connaissais bien pour l’avoir rencontrée souvent <strong>dans</strong> les temples <strong>de</strong> Mithra qui existent encore :<br />

une terrible atmosphère <strong>de</strong> cruauté, <strong>de</strong> sacrifice et d’espérance. (RC, 39)<br />

C’est à l’entracte qu’a lieu la rencontre. <strong>Le</strong>s spectateurs gagnent le bar :<br />

Il y régnait la même atmosphère <strong>de</strong> torpeur et d’attente sournoise, avec je ne sais quelle naïveté<br />

qui venait probablement <strong>de</strong>s paysages où <strong>de</strong>s collines grecques s’ornaient <strong>de</strong> temples et <strong>de</strong> cyprès.<br />

(RC, 41)<br />

La rencontre, assez troublante, commence par un dialogue étrange :<br />

Vous ne me reconnaissez pas ?<br />

Non.<br />

C’est moi qui ai chanté la chanson <strong>de</strong> l’oiseau, tout à l’heure. Vous avez aimé ma chanson ?<br />

Oui, je l’ai aimée.<br />

Vous m’avez écoutée. <strong>Le</strong>s autres n’entendaient pas : ils me regardaient seulement. (RC, 42-43)<br />

Ce dialogue suppose une relation particulière entre cette femme et le narrateur qui<br />

est <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> l’élection. Ils partent ensemble <strong>dans</strong> la nuit à travers la ville. La femme<br />

frappe le narrateur par son regard « d’une vaillance extraordinaire », elle suscite le respect,<br />

la crainte. Ce qu’elle dit, qui n’est pas précisé, agrippe « comme un harpon », et elle lui

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