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Le fantastique dans l'oeuvre romanesque de Marcel Brion

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CHAPITRE 8 : UN MONDE THÉÂTRALISÉ.<br />

tel-00699768, version 1 - 21 May 2012<br />

Ce qui frappe <strong>dans</strong> les romans, c’est l’importance considérable que prennent les<br />

lieux du spectacle : théâtre, cirque, parc d’attraction, baraques <strong>de</strong> foire, ville lorsqu’elle est<br />

le lieu du carnaval, théâtre <strong>de</strong> marionnettes. La scène est un espace privilégié pour la mise<br />

en place du <strong>fantastique</strong> 601 .<br />

Elle <strong>de</strong>vient scène métaphorique. <strong>Le</strong> mon<strong>de</strong> entier se théâtralise, et le rêve fait<br />

l’objet d’une mise en scène soumise à <strong>de</strong>s changements d’éclairage permanents. Des effets<br />

lumineux favorisent un illusionnisme comparable à celui qui est utilisé au théâtre. L’œuvre<br />

d’art enfin, très présente <strong>de</strong>vient elle aussi une sorte <strong>de</strong> scène qui peut être parcourue.<br />

Nous rejoignons là une <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s intuitions <strong>de</strong> l’esthétique baroque où le<br />

théâtre est omniprésent. <strong>Le</strong> baroque donne beaucoup d’importance à l’illusion, aux songes,<br />

aux reflets. La scène est le lieu où le réel et l’illusoire se contaminent l’un l’autre, ne sont<br />

plus marqués par d’évi<strong>de</strong>ntes frontières. Au théâtre, l’irréel paraît possible, le matériel<br />

illusoire. Ceci se vérifie <strong>dans</strong> la peinture ou l’architecture, comme le confirme <strong>Marcel</strong><br />

<strong>Brion</strong> <strong>dans</strong> La gran<strong>de</strong> aventure <strong>de</strong> la peinture religieuse :<br />

Tandis que les feintes architectures voltigent <strong>dans</strong> un espace où elles finissent par se confondre<br />

avec les nuages, comme les montagnes et les bancs <strong>de</strong> brouillard <strong>dans</strong> les lavis chinois <strong>de</strong> la<br />

dynastie Song, parcs et jardins commencent à faire leur apparition <strong>dans</strong> ces paysages illusionnistes<br />

<strong>de</strong>s églises, <strong>de</strong> la même manière que <strong>dans</strong> ceux <strong>de</strong>s palais. 602<br />

Margaret Simpson-Maurin parle à propos <strong>de</strong>s contes d’un « <strong>fantastique</strong> <strong>de</strong><br />

l’illusion » qui se manifeste <strong>dans</strong> le carnaval, le théâtre, la foire, lieux propices à la<br />

manifestation <strong>de</strong> l’insolite : « Toute représentation constitue un terrain favorable au<br />

<strong>fantastique</strong> <strong>de</strong> l’illusion » 603 .<br />

601 Ceci est valable aussi pour <strong>de</strong>s contes tels que <strong>Le</strong>s Marionnettes <strong>de</strong> Lorimer White, La Chanson <strong>de</strong><br />

l’oiseau étranger, Teatro <strong>de</strong>gli spiriti…<br />

602 <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong>, La gran<strong>de</strong> aventure <strong>de</strong> la peinture religieuse, Paris, Librairie Académique Perrin,<br />

1968, p.259-260.<br />

603 Margaret Simpson-Maurin, L’univers <strong>fantastique</strong> <strong>de</strong> <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong>, op. cit., p.42.

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