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Le fantastique dans l'oeuvre romanesque de Marcel Brion

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257<br />

C. L’OUVERT ET LE FERMÉ.<br />

1. « La spirale et la tresse ».<br />

tel-00699768, version 1 - 21 May 2012<br />

Pour <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong>, l’entrelacs, ornement composé <strong>de</strong> motifs entrelacés, est une<br />

formulation du thème du labyrinthe. Cette forme symbolique se retrouve à l’origine <strong>de</strong><br />

toutes les cultures 441 . <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong> considère qu’il ne s’agit pas seulement d’une<br />

décoration mais que ces entrelacs ont une signification particulière, et il analyse les formes<br />

qu’il prend, en particulier <strong>dans</strong> l’œuvre <strong>de</strong> Léonard <strong>de</strong> Vinci. <strong>Le</strong> grand artiste <strong>de</strong> la<br />

Renaissance italienne a <strong>de</strong>ssiné en effet <strong>de</strong>s entrelacs <strong>de</strong> cor<strong>de</strong>s disposés en cercle qui ont<br />

fourni matière à <strong>de</strong>s gravures au burin réalisées par lui-même ou par un <strong>de</strong> ses élèves.<br />

Albrecht Dürer les a ensuite copiées 442 . Il existe, nous enseigne <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong> <strong>dans</strong><br />

Léonard <strong>de</strong> Vinci, une œuvre <strong>dans</strong> laquelle le labyrinthe est associé à l’entrelacs. Il s’agit<br />

<strong>de</strong> la décoration du plafond <strong>de</strong> la Sella <strong>de</strong>lle Asse au Castello Sforzesco <strong>de</strong> Milan 443 . Cette<br />

œuvre représente un enchevêtrement <strong>de</strong> branches d’arbres qui se nouent les unes aux autres<br />

selon un ordre géométrique rigoureux. C’est la transposition <strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>s apparaissant sur les<br />

<strong>de</strong>ssins, à la différence que les cor<strong>de</strong>s sont <strong>de</strong>venues un décor <strong>de</strong> forêt, et que l’entrelacs<br />

est <strong>de</strong>venu labyrinthe. Ce labyrinthe constitue donc à la fois un entrelacs végétal organique<br />

et en même temps un entrelacs abstrait.<br />

<strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong> voit s’exprimer <strong>dans</strong> cette représentation l’idée d’une continuité<br />

infinie, l’image <strong>de</strong> l’immortalité, <strong>de</strong> la vie éternelle, « le besoin <strong>de</strong> l’éternel retour, d’un<br />

mouvement ininterrompu harmonieusement et régulièrement rythmé, apportant un élément<br />

d’ordre et <strong>de</strong> statique <strong>dans</strong> le dynamisme, <strong>de</strong> continu <strong>dans</strong> le mouvement 444 ». <strong>Le</strong><br />

labyrinthe, nous explique Jean-Pierre Bayard, peut suggérer une « idée du temps aboli »,<br />

puisque l’homme, prisonnier <strong>de</strong> couloirs, peut être amené à parcourir une infinité <strong>de</strong> fois le<br />

même trajet. L’être égaré <strong>dans</strong> le labyrinthe tourne en rond, incapable d’échapper à une<br />

441 Au sujet <strong>de</strong> l’universalité <strong>de</strong> l’entrelacs, le lecteur peut consulter <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong>, Art abstrait, Paris, Albin<br />

Michel, 1956, p.37 à 40. <strong>Le</strong> motif se retrouve, pense-t-il, <strong>dans</strong> toutes les civilisations, ses plus beaux chefsd’œuvre<br />

ayant été réalisés par la civilisation irlandaise.<br />

442 Voir illustration 19.<br />

443 Voir à ce sujet Léonard <strong>de</strong> Vinci, op. cit., en particulier le chapitre intitulé « Dédale », ainsi que « <strong>Le</strong>s<br />

« nœuds » <strong>de</strong> Léonard <strong>de</strong> Vinci et leur signification », L’art et la pensée <strong>de</strong> Léonard <strong>de</strong> Vinci, Étu<strong>de</strong>s d’art,<br />

numéros 8-9-10, communications du Congrès International du Val <strong>de</strong> Loire (7-12 juillet 1952), Paris-Alger,<br />

1954. Voir illustration 18.<br />

444 <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong>, Art abstrait, op. cit., p.38.

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