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Le fantastique dans l'oeuvre romanesque de Marcel Brion

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circonstances, le comédien qui n’avouait pas jouer la comédie, sans apparat ni fard et qui<br />

était, peut-être, sincère chaque fois ; ou presque ?» (VH, 43). <strong>Le</strong>s guillemets qui encadrent<br />

le mot théâtre font apparaître <strong>de</strong>ux sens possibles. <strong>Le</strong> mot théâtre peut renvoyer <strong>de</strong> manière<br />

péjorative à une théâtralité superficielle. Mais le théâtre peut être aussi, <strong>de</strong> manière plus<br />

profon<strong>de</strong>, révélation, dévoilement d’une réalité cachée, d’un être ignoré. « L’individualité<br />

du comédien est réelle, absolument réelle », déclare l’auteur. <strong>Le</strong> théâtre propose <strong>de</strong><br />

« cesser d’être une personne » (persona, le masque) pour « <strong>de</strong>venir un personnage », et la<br />

métamorphose peut être définitive (VH, 135).<br />

tel-00699768, version 1 - 21 May 2012<br />

<strong>Le</strong> théâtre pose le problème <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité. Il est lieu d’initiation, propose d’abord<br />

un trajet qui est éloignement hors <strong>de</strong> l’espace habituel. Ce trajet, assez court, paraît<br />

pourtant interminable, « permet <strong>de</strong> penser au voyage souterrain que les sociétés d’initiés<br />

imposaient aux postulants pour éprouver leur courage et leur patience » (VH, 50). Une fois<br />

que le ou les personnages sont entrés <strong>dans</strong> ce territoire essentiellement nocturne, a lieu une<br />

nouvelle naissance, une « transmutation nécessaire » (VH, 75). Cette idée <strong>de</strong> transmutation<br />

jalonne l’ensemble du roman 607 , et lorsque débute la représentation, les acteurs ont accédé<br />

enfin au statut d’ « initiés » (VH, 141).<br />

2. <strong>Le</strong>s autres scènes.<br />

« Je suis resté captivé par la foire et le cirque, ces mon<strong>de</strong>s magiques, autant que<br />

lorsque j’étais enfant ; j’y éprouve le même émerveillement, la même attente enchantée »,<br />

dit <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong> lors d’un entretien 608 . <strong>Le</strong> narrateur <strong>de</strong> Villa <strong>de</strong>s hasards partage cette<br />

fascination pour le cirque, pour « le cercle sacré du sable à la délicieuse couleur » (VH,<br />

41). <strong>Le</strong> cirque, comme le théâtre est le lieu privilégié <strong>de</strong> la représentation. Il est évoqué à<br />

diverses reprises, <strong>dans</strong> L’Ermite au masque <strong>de</strong> miroir, <strong>Le</strong> Pré du grand songe,<br />

L’Enchanteur. C’est, nous dit Luc Bérimont, « une sorte <strong>de</strong> lieu magique » : « Il y a la<br />

symbolique du cercle, <strong>de</strong> l’arène, du théâtre antique et, partant, celle du soleil, <strong>de</strong> l’hostie,<br />

607 Quelques exemples : « (…) la vertu magique du théâtre a transmué en une mère jalouse et une épouse<br />

frustrée cette femme que je regardais à peine <strong>dans</strong> la salle à manger <strong>de</strong> la Villa <strong>de</strong>s Hasards, tant le vieux<br />

couple ma paraissait peu digne d’attention » (p.92) ; « (…) la Sœur a été la première à <strong>de</strong>venir, grâce à la<br />

transmutation, quelque chose à quoi s’applique la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> Shakespeare into something rich and<br />

strange ». (p.124) ; « Son sourire est celui <strong>de</strong> l’alchimiste émerveillé par la transmutation, qui sait le creuset<br />

prêt à éclater, satisfait <strong>de</strong> son succès mais grave <strong>de</strong> sentir le danger si près et, comme le veut le <strong>de</strong>stin<br />

inévitable » (p.145).<br />

608 L’entretien se trouve <strong>dans</strong> une <strong>de</strong>s éditions <strong>de</strong> L’Enchanteur, Paris, <strong>Le</strong> Club <strong>de</strong> la Femme, 1966, p.12.

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