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Le fantastique dans l'oeuvre romanesque de Marcel Brion

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tel-00699768, version 1 - 21 May 2012<br />

entreprise d’exploration <strong>de</strong> la littérature et <strong>de</strong> la philosophie du romantisme allemand,<br />

adjoint une étu<strong>de</strong> sur les « Provinces <strong>de</strong> France ». Il loue en 1937 la tendance <strong>de</strong>s<br />

romantiques allemands à <strong>de</strong>scendre <strong>dans</strong> les régions <strong>de</strong> l’inconscient, au point <strong>de</strong> jonction<br />

<strong>de</strong> l’âme et du mon<strong>de</strong>, leur tentative <strong>de</strong> donner au réel une autre dimension. Après la<br />

Deuxième Guerre mondiale, il réfléchit néanmoins sur les germes dangereux présents <strong>dans</strong><br />

cette pensée, en particulier <strong>dans</strong> l’avant propos du numéro spécial <strong>de</strong>s Cahiers du sud. Des<br />

étu<strong>de</strong>s plus tardives renouvellent la critique <strong>dans</strong> les années 1970-1980 565 .<br />

De 1950 à 1980, <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong> joue le rôle <strong>de</strong> révélateur <strong>de</strong> la civilisation<br />

alleman<strong>de</strong>. Au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> la Deuxième Guerre mondiale, il écrit Goethe, et fait du<br />

poète le grand homme <strong>de</strong> sa propre vie : « Ainsi ai-je affronté et abordé la vie avec la<br />

conviction que Goethe est le plus bel idéal humain, le modèle parfait », écrit-il <strong>dans</strong><br />

Mémoires d’une vie incertaine 566 . Il en fait le modèle <strong>de</strong> l’homme universel. Il fait paraître<br />

aussi une anthologie sous le titre <strong>Le</strong>s plus belles pages <strong>de</strong> Goethe 567 . « Pour le faire<br />

accepter, en 1949, il fallait beaucoup <strong>de</strong> courage et <strong>de</strong> lucidité », écrit <strong>Marcel</strong><br />

Schnei<strong>de</strong>r 568 . Goethe apparaît comme un homme <strong>de</strong>s frontières. Une jeunesse tumultueuse<br />

le fait appartenir au temps du Sturm und Drang (orage et assaut). Il est prédécesseur du<br />

romantisme qui s’en prend à la philosophie <strong>de</strong>s Lumières, connaît une pério<strong>de</strong> rococo<br />

durant ses années <strong>de</strong> formation, puis domine les élans fougueux <strong>de</strong> sa nature pour <strong>de</strong>venir<br />

le fameux classique <strong>de</strong> Weimar, un « romantique surmonté », dit <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong>.<br />

Selon <strong>Marcel</strong> Schnei<strong>de</strong>r, <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong> « a renouvelé son pacte avec l’Allemagne<br />

par les écrivains romantiques, qui étaient ses cousins, ses frères, avec qui il se sentait <strong>de</strong>s<br />

affinités profon<strong>de</strong>s » 569 . Pourquoi <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong> se tourne-t-il vers le romantisme<br />

allemand ? Il a appris à le connaître, dit Liliane <strong>Brion</strong>, adolescent au collège Champittet à<br />

Lausanne grâce à son professeur <strong>de</strong> grec, bon germaniste, et c’est pour lui une révélation :<br />

« Ainsi gravissait-il les sommets <strong>de</strong> montagnes enchantées qui s’appelaient Kleist,<br />

Brentano, Novalis, atteignant enfin la cime royale qui dominait toute la chaîne <strong>de</strong>s <strong>de</strong>midieux<br />

qu’il vénérait et dévorait : Höl<strong>de</strong>rlin » 570 . Par la suite, il fait <strong>de</strong> nombreux voyages en<br />

Allemagne. « Elle lui fut fécon<strong>de</strong>, écrit Liliane <strong>Brion</strong>, au point <strong>de</strong> construire sa<br />

565 Citons en particulier : Philippe Lacoue-Labarethe et Jean-Luc Nancy, L’Absolu littéraire. Théorie <strong>de</strong> la<br />

littérature du romantisme allemand, Paris, Seuil, 1978 ; Maurice Blanchot, « L’Athenaeum », chapitre XI,<br />

troisième partie <strong>de</strong> L’Entretien infini, Paris, Gallimard, 1969 ; Tzvetan Todorov, « La crise romantique »,<br />

chapitre 6, Théories du symbole, Paris, Seuil, « Poétiques », 1977. Il s’agit d’étu<strong>de</strong>s fortement marquées par<br />

une approche théoricienne <strong>de</strong> la littérature et qui diffèrent <strong>de</strong> celle d’Albert Béguin.<br />

566 <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong>, Mémoires d’une vie incertaine, op. cit., p.37. Goethe, Paris, Albin Michel, 1949.<br />

567 Ce livre est repris en 1993 sous le titre L’Âme du mon<strong>de</strong>, Monaco, Éditions du Rocher.<br />

568 Dans <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong> humaniste et passeur, op. cit., p.55.<br />

569 Ibid., p.57.<br />

570 <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong>, Mémoires d’une vie incertaine, op. cit., p.31.

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