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Le fantastique dans l'oeuvre romanesque de Marcel Brion

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A. « LE MONDE ENTIER EST UNE SCÈNE ».<br />

1. <strong>Le</strong> théâtre initiatique.<br />

tel-00699768, version 1 - 21 May 2012<br />

<strong>Le</strong> théâtre occupe une place centrale <strong>dans</strong> Villa <strong>de</strong>s Hasards. Il y a <strong>dans</strong> les<br />

dépendances <strong>de</strong> la villa un « petit théâtre » qui sert à <strong>de</strong>s « représentations d’amateurs,<br />

drames ou comédies, chansons ou numéros <strong>de</strong> music-hall, données à l’occasion d’une fête<br />

tout à fait banale : l’anniversaire <strong>de</strong> la directrice <strong>de</strong> l’hôtel » (VH, 20). Il s’agit d’un lieu<br />

labyrinthique. L’accès à ce théâtre se fait, précise le narrateur, « le long <strong>de</strong> petits couloirs<br />

mal éclairés, à travers les parties obscures et inconnues <strong>de</strong> moi, <strong>de</strong> la Villa <strong>de</strong>s Hasards »<br />

(VH, 50). <strong>Le</strong>s couloirs permettent d’accé<strong>de</strong>r à une cour assez gran<strong>de</strong>, obscure, fermée, puis<br />

un autre couloir étroit, « jamais aéré, qui sent le moisi et l’abandon » (VH, 51) mène à une<br />

très gran<strong>de</strong> salle, paraissant très haute <strong>dans</strong> la pénombre. Un autre chemin se dirige jusqu’à<br />

la scène. Nous retrouvons ce motif du couloir <strong>dans</strong> la <strong>de</strong>scription d’un autre théâtre, <strong>dans</strong><br />

La Rose <strong>de</strong> cire, couloir tout aussi sombre : « Un couloir qui conduisait peut-être aux<br />

coulisses, ressemblait à une galerie <strong>de</strong> mine » (RC, 39). <strong>Le</strong> théâtre <strong>de</strong> La Rose <strong>de</strong> cire est<br />

un <strong>de</strong>s éléments d’un vaste labyrinthe nocturne <strong>dans</strong> lequel chemine le narrateur<br />

accompagné d’une femme mystérieuse, composé <strong>de</strong> rues nombreuses, et menant à un<br />

jardin public où la femme lui remet un médaillon.<br />

<strong>Le</strong> labyrinthe spatial se double d’un labyrinthe temporel. La fréquentation du<br />

labyrinthe <strong>de</strong> la villa <strong>de</strong>s hasards provoque chez le narrateur un rêve qui lui rappelle le<br />

théâtre rococo <strong>de</strong> Drottningholm en Suè<strong>de</strong>. <strong>Le</strong> rêve est cheminement <strong>dans</strong> la salle vi<strong>de</strong> du<br />

théâtre. Puis le rêveur <strong>de</strong>scend sous la scène où il lui est possible <strong>de</strong> retrouver tous les<br />

sortilèges du baroque :<br />

<strong>Le</strong> rêve me restituait les étonnements amusés <strong>de</strong> mes visites au long <strong>de</strong> ces couloirs souterrains<br />

encombrés d’objets magiques. Je retrouvais les anges <strong>de</strong> carton aux ailes <strong>de</strong> gaze, les traîneaux<br />

dorés et les carrosses ornés pour le mariage <strong>de</strong>s princesses ou <strong>de</strong>s fées. Des spectres et <strong>de</strong>s armes,<br />

toutes sortes d’armes, du marteau <strong>de</strong> Thor à Escalibur, l’épée du roi Arthur. Je caressais sans peur<br />

les gueules <strong>de</strong> monstres hi<strong>de</strong>ux qui, <strong>de</strong>puis la mort <strong>de</strong>s vieux artificiers – le <strong>de</strong>rnier était mort il y<br />

a <strong>de</strong>ux cents ans –, étaient inoffensifs et impuissants, ne grognaient plus et ne crachaient plus <strong>de</strong><br />

flammes. Et la visite du <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> la scène s’achevait au milieu <strong>de</strong>s bosquets enchantés du jardin<br />

d’Armi<strong>de</strong>. (VH, 64)<br />

Habité par ces images et ces émotions, le narrateur se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> s’il n’y aurait pas<br />

sous la scène du théâtre « quelques débris <strong>de</strong>s accessoires servant aux pièces que l’on y<br />

jouait autrefois » (VH, 65). La présence du mot « autrefois » sert une fois <strong>de</strong> plus <strong>de</strong><br />

Sésame! <strong>Le</strong> petit théâtre est <strong>de</strong>puis longtemps hors d’usage, mais « <strong>de</strong>s échos <strong>de</strong>s tragédies

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