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Le fantastique dans l'oeuvre romanesque de Marcel Brion

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209<br />

tel-00699768, version 1 - 21 May 2012<br />

<strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong> s’est exprimé à propos du mythe <strong>dans</strong> son ouvrage sur Titien 368 . Il<br />

explique que, pour les artistes renaissants, les mythes ne sont pas <strong>de</strong>s contes <strong>de</strong> fée mais<br />

<strong>de</strong>s « avertissements », mot que nous retrouvons souvent <strong>dans</strong> les romans :<br />

La Renaissance a restauré <strong>dans</strong> tout son chatoyant éclat et mis à la portée <strong>de</strong> tous les belles fables<br />

imaginées par l’Antiquité, et laissant sous-entendre que ces fables n’étaient pas <strong>de</strong>s contes <strong>de</strong> fées<br />

<strong>de</strong>stinés aux divertissements, mais, au contraire, <strong>de</strong>s avertissements désignant le contenu sacré<br />

d’une haute portée métaphysique, ou même mystique, correspondant <strong>dans</strong> sa très large généralité<br />

au <strong>de</strong>venir commun <strong>de</strong>s hommes, et revêtant <strong>de</strong> ce fait la signification d’une leçon initiatique.<br />

Cette leçon contenait un enseignement capable d’accompagner l’homme et d’éclairer son chemin<br />

toute sa vie durant et plus nettement encore <strong>de</strong> le préparer au passage <strong>dans</strong> « un autre mon<strong>de</strong> »,<br />

passage dont le récit mythologique précisait l’itinéraire. 369<br />

<strong>Le</strong> rapt <strong>de</strong> Perséphone par Hadès, l’histoire d’Ariane et <strong>de</strong> Thésée vainqueur du<br />

Minotaure, Hermès conducteur <strong>de</strong>s âmes, etc., sont <strong>de</strong>s thèmes que nous retrouvons <strong>dans</strong><br />

les romans <strong>de</strong> <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong> qui n’ont pas une fonction d’embellissement, mais sont<br />

porteurs <strong>de</strong> sens symboliques ayant un rapport avec la question du <strong>de</strong>venir humain :<br />

<strong>Le</strong> mythe suppose l’affirmation, hic et nunc, que ce qui est advenu une fois – le « il était une<br />

fois » <strong>de</strong>s contes <strong>de</strong> fées qui affirme que ce qui était conserve le pouvoir d’être indéfiniment –<br />

participe aux trésors les plus précieux du <strong>de</strong>venir humain. 370<br />

Aux grands scénarios mythologiques s’ajoute le déploiement d’une mythologie<br />

personnelle. En ce qui concerne l’espace, le lecteur est emmené au milieu d’un certain<br />

nombre d’images centrales qui sont constituées par la montagne, la forêt, l’océan, ou<br />

encore les déserts qui sont <strong>de</strong>s espaces à dimension sacrée. « Ce qui compte d’abord pour<br />

moi, c’est le sacré », affirme <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong> lors d’un entretien 371 . Dans le <strong>de</strong>scriptif est<br />

utilisé un vocabulaire et <strong>de</strong>s expressions à connotation religieuse, tels que « miracle »,<br />

« gardien d’un seuil sacré », « noviciat », « révélation », en particulier au premier chapitre<br />

<strong>de</strong>s Vaines Montagnes. Ces espaces sont potentiellement habités <strong>de</strong> dieux, <strong>de</strong> <strong>de</strong>mi-dieux,<br />

d’animaux fabuleux tels que la licorne, autant <strong>de</strong> présences qui constituent <strong>de</strong>s entités à<br />

part et qui révèlent combien il <strong>de</strong>meure problématique d’entrer <strong>dans</strong> ces contrées où l’on<br />

est au mieux « admis », où les points cardinaux prennent un sens symbolique. Des<br />

tentatives sont faites pour traverser les frontières spatiales, et accé<strong>de</strong>r à ces lieux sacrés,<br />

parfois au risque <strong>de</strong> s’y perdre et <strong>de</strong> s’y engloutir. <strong>Le</strong> franchissement d’une succession <strong>de</strong><br />

seuils à l’infini a pour objectif l’accession à un centre, car, nous enseigne Mircea Elia<strong>de</strong> :<br />

368 <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong>, Titien, Paris, Somogy, 1971. Voir le chapitre intitulé « Mythologie et « poésies », p.199 à<br />

216.<br />

369 Ibid., p.200-202.<br />

370 Ibid., p.203.<br />

371 « <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong> : <strong>Le</strong> <strong>fantastique</strong> et le sacré. », par Guy <strong>Le</strong> Clec’h, <strong>dans</strong> <strong>Le</strong>s Nouvelles Littéraires, numéro<br />

2324, avril 1972.

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