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Le fantastique dans l'oeuvre romanesque de Marcel Brion

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labyrinthique. <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong> s’empare du thème du château, lieu du cheminement vers un<br />

centre. Au cœur du dédale a lieu la rencontre avec un être <strong>fantastique</strong>, mais c’est en<br />

accédant à la chambre au miroir que le héros fait l’expérience hautement <strong>fantastique</strong> d’une<br />

confrontation avec lui-même.<br />

3. La ville.<br />

tel-00699768, version 1 - 21 May 2012<br />

La ville est un équivalent labyrinthique du château. La pério<strong>de</strong> durant laquelle<br />

<strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong> a vécu correspond à une phase <strong>de</strong> développement <strong>de</strong> la ville qui s’étend <strong>de</strong><br />

façon considérable. Au XIX e siècle elle constitue déjà un thème <strong>fantastique</strong>, et <strong>de</strong>vient au<br />

début du siècle suivant la ville expressionniste, industrielle et sans âme <strong>de</strong>s films <strong>de</strong> Fritz<br />

Lang. Dans la littérature <strong>fantastique</strong> mo<strong>de</strong>rne, la ville avec ses boulevards, ses squares, ses<br />

parcs, ses passages, ses lézar<strong>de</strong>s, se présente comme un entrelacs sans fin, un lieu d’errance<br />

souvent mis en scène par <strong>de</strong>s écrivains tels que Borges ou Kafka.<br />

<strong>Le</strong>s personnages brioniens traversent bien <strong>de</strong>s villes : Paris <strong>dans</strong> La Rose <strong>de</strong> cire,<br />

Cordoue <strong>dans</strong> <strong>Le</strong> Caprice espagnol, Rome et les villes hanséatiques <strong>dans</strong> L’ Ombre d’un<br />

arbre mort, <strong>de</strong>s villages, Callières <strong>dans</strong> Un Enfant <strong>de</strong> la terre et du ciel, la « Tour <strong>de</strong>s<br />

Âmes », village italien, d’autres villes encore dont le nom n’est pas révélé comme la « ville<br />

<strong>de</strong> sable », celle d’Algues, ou encore celles que découvrent au hasard <strong>de</strong> leurs<br />

pérégrinations les voyageurs <strong>de</strong> Nous avons traversé la montagne. Chaque fois, c’est avant<br />

tout un lieu d’errance, <strong>de</strong> cheminement, en relation avec une longue histoire, où<br />

l’orientation est souvent difficile, où l’on risque <strong>de</strong> se perdre. Elle possè<strong>de</strong> un plan<br />

compliqué, se présente comme un lacis, un enchevêtrement qui révèle ses pièges au fur et à<br />

mesure que la lecture avance.<br />

La ville où chemine Terence Fingal <strong>dans</strong> L’Ombre d’un arbre mort et où il<br />

rencontre la mystérieuse « femme <strong>de</strong>s canaux et <strong>de</strong>s ponts » constitue un décor compliqué<br />

composé d’hôtels énigmatiques, <strong>de</strong> quais, <strong>de</strong> canaux, <strong>de</strong> ponts <strong>de</strong> bois, <strong>de</strong> docks. Cette<br />

femme inconnue l’emmène à travers cette « énorme ville » jusqu’à une « immense salle<br />

vi<strong>de</strong> » pleine <strong>de</strong> « recoins sombres pareils à <strong>de</strong>s niches ou à <strong>de</strong>s entrées <strong>de</strong> couloirs dont on<br />

ne pouvait <strong>de</strong>viner la longueur » (OAM, 211). Terence se trouve alors « au centre d’un<br />

entrelacs », terme souvent employé par <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong>, composé par l’architecture <strong>de</strong> la<br />

salle, et aussi par les o<strong>de</strong>urs <strong>de</strong>s épices qui y sont entreposées. Puis ayant quitté cette halle<br />

au petit jour ils parviennent jusqu’à un « lieu insensé, cloisonné <strong>de</strong> murs en ruine » (OAM,<br />

212). Il s’agit d’un « espace inquiet », structuré autrefois, <strong>de</strong>venu vacant, générateur<br />

d’angoisse et <strong>de</strong> vertige, gagné par l’effondrement. Il montre à quel point toute chose est

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