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Le fantastique dans l'oeuvre romanesque de Marcel Brion

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manière peu approfondie et souvent discrète. <strong>Le</strong> lecteur s’éloigne donc <strong>de</strong> ce temps<br />

objectif pour entrer assez rapi<strong>de</strong>ment <strong>dans</strong> un temps symbolique ou subjectif. L’accent est<br />

mis surtout sur l’idée <strong>de</strong> transition ou <strong>de</strong> passage particulièrement favorable à la mise en<br />

place du <strong>fantastique</strong>.<br />

4. Importance du narrateur.<br />

tel-00699768, version 1 - 21 May 2012<br />

Un troisième élément contribue à produire un effet <strong>de</strong> réel : le narrateur qui est<br />

chargé d’authentifier le discours par son témoignage. Il se porte garant <strong>de</strong>s faits racontés,<br />

même s’ils sont invraisemblables et <strong>de</strong>vient caution morale. Cette crédibilité passe par<br />

l’écrit. « Il est évi<strong>de</strong>nt, dit Margaret Simpson-Maurin 116 , que <strong>dans</strong> l’univers étrange du<br />

<strong>fantastique</strong>, le narrateur garantit en quelque sorte l’authenticité <strong>de</strong>s événements, auxquels il<br />

nous permet <strong>de</strong> participer <strong>de</strong> façon plus directe et plus personnelle ».<br />

<strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong> a été « critique littéraire et grand lecteur », affirme Patrick<br />

Besnier 117 , et il est « évi<strong>de</strong>mment conscient <strong>de</strong>s problèmes formels du roman ». Nous<br />

trouvons trace <strong>de</strong> cette préoccupation <strong>dans</strong> l’introduction <strong>de</strong> La Folie Céladon écrite en<br />

1962 (La Folie Céladon paraît en 1935) : « On jugera sans doute ce roman inactuel,<br />

étranger aux préoccupations <strong>de</strong> 1963, à la technique et à l’esthétique du nouveau roman ».<br />

Dans la totalité <strong>de</strong> son œuvre, <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong> s’interroge sur la fonction du narrateur et sur<br />

l’écriture 118 . En 1972, Francis Lacassin souligne à propos <strong>de</strong>s contes que tous les récits <strong>de</strong><br />

<strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong> « sont à la troisième personne sauf un ». <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong> répond : « c’est parce<br />

que je suis associé à ces événements que j’écris je spontanément, naturellement : la chose<br />

va <strong>de</strong> soi 119 ».<br />

<strong>Le</strong>s choses vont-elles autant <strong>de</strong> soi <strong>dans</strong> les romans ? Nous y trouvons plusieurs<br />

mo<strong>de</strong>s d’énonciation. Dans la majorité <strong>de</strong>s cas, les narrateurs s’expriment à la première<br />

personne. C’est, pour certains théoriciens une caractéristique fondamentale du <strong>fantastique</strong>.<br />

Tzvetan Todorov précise par exemple que « <strong>dans</strong> les histoires <strong>fantastique</strong>s, le narrateur dit<br />

habituellement je » 120 . Cela se vérifie effectivement <strong>dans</strong> beaucoup <strong>de</strong> récits. <strong>Le</strong> je<br />

suppose une expérience qui semble plus immédiate, plus intérieure et spontanée. Mais il<br />

116 Margaret Simson-Maurin, L’Univers <strong>fantastique</strong> <strong>de</strong> <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong>, op. cit., p.48.<br />

117 Dans <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong>, les chambres <strong>de</strong> l’imaginaire, op. cit., p.139.<br />

118 <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong> parle <strong>de</strong>s problèmes liés à l’écriture <strong>dans</strong> Mémoires d’une vie incertaine, op. cit., p.69 à 80.<br />

119 Francis Lacassin, « <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong> croit aux fantômes », Magazine littéraire (66), 1972. Il est possible aussi<br />

<strong>de</strong> se référer au Miroir du <strong>fantastique</strong>, op. cit., entretien avec Andrea Turquetit : « J’écris toujours je parce<br />

que je suis <strong>de</strong><strong>dans</strong>. Sauf une fois : « Une aventure <strong>de</strong> voyage », que je n’ai pas voulu raconter à la première<br />

personne parce que j’avais rencontré le diable et j’avais très peur ». Confirmé <strong>dans</strong> Mémoires d’une vie<br />

incertaine, p.75 : « <strong>Le</strong> il (…) rendit un jour à l’auteur un service… »<br />

120 Tzvetan Todorov, Introduction à la littérature <strong>fantastique</strong>, op. cit.

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