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Le fantastique dans l'oeuvre romanesque de Marcel Brion

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tel-00699768, version 1 - 21 May 2012<br />

brionien est confrontation avec les mon<strong>de</strong>s labyrinthiques dont nous avons étudié les<br />

différentes composantes. <strong>Le</strong> mon<strong>de</strong> labyrinthique se situe autour <strong>de</strong>s personnages, mais il<br />

existe aussi au-<strong>de</strong><strong>dans</strong> d’eux. « Il peut rési<strong>de</strong>r aussi bien <strong>dans</strong> les viscerae intellectuelles <strong>de</strong><br />

l’hommes que <strong>dans</strong> les viscerae terrae (…), dit <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong> <strong>dans</strong> L’Allemagne<br />

romantique 460 . <strong>Le</strong> labyrinthe intérieur est à l’image du « labyrinthe plutonien » tel qu’il est<br />

décrit <strong>dans</strong> L’Ermite au masque <strong>de</strong> miroir. Beatus Muller raconte <strong>dans</strong> ce roman une<br />

variation sur le mythe <strong>de</strong> Perséphone. Il s’agit <strong>de</strong> la fable du cheval <strong>de</strong>s enfers. Après le<br />

rapt <strong>de</strong> Perséphone, le cheval conducteur du char revient <strong>dans</strong> les écuries souterraines, et il<br />

est pris <strong>de</strong> nostalgie « <strong>de</strong> ce qu’il avait vu là-haut », à la surface <strong>de</strong> la terre. Il s’échappe<br />

<strong>de</strong>s écuries et commence un périple « à travers grottes et couloirs profonds ». Comme le<br />

labyrinthe <strong>de</strong>s enfers est très vaste, sa recherche n’aura pas <strong>de</strong> fin. Mais il <strong>de</strong>meure habité<br />

par « l’immense faim qui, à l’expérience s’avoue insatiable ». En réalité, le cheval parcourt<br />

le noir labyrinthe <strong>de</strong> la mélancolie. « <strong>Le</strong> <strong>fantastique</strong> est une région (…) <strong>dans</strong> laquelle<br />

l’homme débouche (…) chaque fois qu’il s’aventure là où l’entrainent ses angoisses et ses<br />

fantasmes », dit <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong> <strong>dans</strong> Suite <strong>fantastique</strong>, et il ajoute : « Il n’est <strong>de</strong> Fantastique<br />

que du <strong>de</strong><strong>dans</strong> . <strong>Le</strong> fantôme ne parle pas le premier et qui veut s’entretenir avec lui doit<br />

d’abord lui adresser la parole, car le fantôme habite à l’intérieur <strong>de</strong> lui-même, habite les<br />

chambres vi<strong>de</strong>s, les alcôves secrètes où se retire, sans que l’individu en ait conscience, le<br />

plus mystérieux <strong>de</strong> lui-même 461 ». Ce labyrinthe intérieur, auquel nous nous intéressons<br />

maintenant, possè<strong>de</strong> plusieurs visages. C’est celui <strong>de</strong> la mémoire, du rêve, explorés sans<br />

cesse, sans oublier celui <strong>de</strong> l’écriture puisque le narrateur essaie tant bien que mal <strong>de</strong><br />

rendre compte d’une aventure qui <strong>de</strong>meure bien incertaine.<br />

460 <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong>, L’Allemagne romantique, le voyage initiatique, tome 1, op. cit., p.99.<br />

461 <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong>, Suite <strong>fantastique</strong>, op. cit., p.1.

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