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Le fantastique dans l'oeuvre romanesque de Marcel Brion

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333<br />

tel-00699768, version 1 - 21 May 2012<br />

témoigné l’i<strong>de</strong>ntité essentielle entre la poésie, la musique et les arts plastiques, tous<br />

confondus <strong>dans</strong> une conception religieuse <strong>de</strong> la nature et <strong>dans</strong> une aspiration au mystère et<br />

au sacré » 537 . <strong>Marcel</strong> Schnei<strong>de</strong>r cite une définition par laquelle s’ouvre l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>Marcel</strong><br />

<strong>Brion</strong> sur la peinture romantique, précisant que cette définition s’applique à l’œuvre entière<br />

<strong>de</strong> <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong> <strong>dans</strong> sa triple activité <strong>de</strong> romancier, d’historien et <strong>de</strong> philosophe <strong>de</strong> l’art :<br />

<strong>Le</strong> Romantisme est, <strong>dans</strong> son essence, la métaphysique du temps imparfait, la poursuite<br />

émerveillée ou anxieuse d’un idéal qui se dérobe et s’enfuit <strong>dans</strong> les lointains <strong>de</strong> l’espace, du<br />

temps, <strong>de</strong> l’ineffable et <strong>de</strong> l’irréalisable, l’inassouvissable aspiration à un infini et à un absolu vers<br />

lesquels l’homme tend tout en étant inconsciemment certain qu’ils sont hors <strong>de</strong> sa portée et qu’il<br />

s’épuisera vainement à vouloir les rejoindre, tout cela se manifestant par <strong>de</strong>s impulsions<br />

indéterminées, <strong>de</strong>s élans <strong>de</strong> l’esprit, <strong>de</strong> l’imagination et du cœur, sans contours, presque sans<br />

forme… 538<br />

<strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong> a écrit sur le Romantisme davantage encore que sur le Baroque 539 .<br />

Son attitu<strong>de</strong> vis-à-vis <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux mouvements est i<strong>de</strong>ntique. Il situe le Romantisme<br />

historiquement, et il remet en cause son historicité. Il dit <strong>dans</strong> L’Art romantique : « <strong>Le</strong><br />

Romantisme n’est pas un phénomène esthétique qu’il serait facile <strong>de</strong> localiser à une<br />

certaine époque ou <strong>dans</strong> certains pays, mais, au contraire, un état <strong>de</strong> la conscience humaine<br />

(…) », et plus loin : « Des classifications chronologiques ne serviront à rien <strong>dans</strong> un<br />

domaine dont les contours ne sont pas aussi facile à enclore que le voudraient parfois les<br />

historiens » 540 . <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong> met en avant une sorte <strong>de</strong> « Romantisme éternel », avant <strong>de</strong><br />

restreindre son étu<strong>de</strong> au moment où « le Romantisme a brillé du plus vif éclat », c'est-àdire<br />

entre 1750 et 1850. D’autre part, il considère le Romantisme comme étant <strong>dans</strong> la<br />

continuité du Baroque. Il n’y a pas pour lui <strong>de</strong> rupture entre ces <strong>de</strong>ux domaines<br />

esthétiques :<br />

Que l’âme romantique soit, <strong>dans</strong> ses mouvements les plus caractéristiques, une sorte <strong>de</strong><br />

prolongement, <strong>de</strong> nouvel état, <strong>de</strong> l’âme baroque, cette hypothèse est d’autant plus facile à vérifier<br />

que le rococo, établi comme un « pont » entre le baroque et le romantisme, apparaît lui-même<br />

comme une modification intérieure <strong>de</strong> la sensibilité baroque, engendrant <strong>de</strong> nouvelles formes qui,<br />

à leur tour, stimuleront la sensibilité romantique. 541<br />

Il s’agit <strong>de</strong> « <strong>de</strong>ux mon<strong>de</strong>s que, bien à tort, on croit antagonistes, et qui<br />

effectivement ne sont que <strong>de</strong>ux états successifs étroitement associés du même état<br />

537 <strong>Marcel</strong> Schnei<strong>de</strong>r, « Un lied ininterompu », <strong>dans</strong> <strong>Le</strong>s Cahiers <strong>de</strong> l’imaginaire, op. cit., p.11.<br />

538 <strong>Marcel</strong> Schnei<strong>de</strong>r, « <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong>, déchiffreur d’énigmes », <strong>dans</strong> La Revue <strong>de</strong> Paris, op. cit., p.41.<br />

539 Citons en particulier L’Allemagne romantique, Peinture romantique, L’Art romantique, Schumann et<br />

l’âme romantique…<br />

540 <strong>Marcel</strong> <strong>Brion</strong>, L’Art romantique, op. cit.,p. 7.<br />

541 Ibid ., p.7.

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