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Le fantastique dans l'oeuvre romanesque de Marcel Brion

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tel-00699768, version 1 - 21 May 2012<br />

dragon menteur, ren<strong>de</strong>nt visite à un ermite « au bord <strong>de</strong> la route » et écoutent ses<br />

confi<strong>de</strong>nces. Sommes-nous encore <strong>dans</strong> une baraque <strong>de</strong> foire ? <strong>Le</strong>s protagonistes se<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt s’ils ont quitté la « boutique <strong>de</strong> vampires et <strong>de</strong> sorciers » (EMM, 19), où l’on<br />

trouve <strong>de</strong>s « faux fantômes », <strong>de</strong>s « squelettes <strong>de</strong> carton », <strong>de</strong>s spectres « bons, tout au<br />

plus, à effrayer les enfants », et si le Geisterburg ne serait pas installé en eux, qui se<br />

délestent <strong>de</strong> la « responsabilité et <strong>de</strong> la raison » (EMM, 22). Un voyage <strong>fantastique</strong><br />

commence. <strong>Le</strong> temps s’accélère, la vitesse du traîneau, véhicule du glissement <strong>fantastique</strong>,<br />

augmente à chaque minute. L’hiver s’installe sur le paysage alors que la visite au<br />

Geisterburg a lieu un lundi <strong>de</strong> Pâques. <strong>Le</strong> traîneau les entraîne « <strong>dans</strong> d’interminables<br />

steppes enneigées ». À la neige succè<strong>de</strong> une plaine marécageuse habitée <strong>de</strong> feux follets,<br />

puis un paysage <strong>de</strong> montagne, et un paysage maritime. L’accélération <strong>fantastique</strong> permet<br />

<strong>de</strong>s changements successifs <strong>de</strong> décors. Nous sommes passés <strong>de</strong> l’espace clos <strong>de</strong> la baraque<br />

à <strong>de</strong>s espaces infinis. <strong>Le</strong>s héros voguent même jusqu’à une plage du « bout du mon<strong>de</strong> » à<br />

l’horizon <strong>de</strong> la mer, et le voyage est soumis à <strong>de</strong>s changements d’éclairage permanents.<br />

<strong>Le</strong>s objets n’ont plus le même statut. <strong>Le</strong> traîneau peut sortir <strong>de</strong> ses rails et possè<strong>de</strong> un<br />

pouvoir <strong>de</strong> métamorphose illimité. Bien qu’il soit fait <strong>de</strong> bois doré et <strong>de</strong> velours, il ne brûle<br />

pas, capable comme le phénix <strong>de</strong> renaître et <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir sous l’action du feu un véhicule<br />

impérial. Sous cette apparente fantaisie, à travers la thématique du voyage, du feu, <strong>de</strong> la<br />

mort se profile une fois <strong>de</strong> plus le scénario du parcours initiatique, dont nous trouvons une<br />

autre illustration au début du roman <strong>Le</strong>s Miroirs et les gouffres.<br />

En compagnie <strong>de</strong> sa mère, le Prince entre <strong>dans</strong> une baraque <strong>de</strong> foire qui propose<br />

une mise en scène du mon<strong>de</strong> souterrain. Pour le Prince, c’est un événement important, <strong>de</strong><br />

nature à déterminer tout un parcours <strong>de</strong> vie. <strong>Le</strong>s personnages entrent <strong>dans</strong> trois salles<br />

successives. La première les plonge <strong>dans</strong> la pénombre où <strong>de</strong> minuscules automates se<br />

livrent à un simulacre d’activité minière. <strong>Le</strong> travail <strong>de</strong> la mine y est représenté comme<br />

« inhumain » et laisse aux spectateurs « une impression d’angoisse » parce que les êtres<br />

enfermés <strong>dans</strong> les ténèbres doivent supporter leur condition <strong>de</strong> prisonniers (MG, 13). Nous<br />

passons ensuite à une autre salle, qui correspond à un autre niveau d’approche <strong>de</strong> la mine.<br />

<strong>Le</strong>s automates mettent en scène les épiso<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’histoire d’Elis Fröbom, le héros <strong>de</strong>s<br />

Mines <strong>de</strong> Falun d’Hoffmann. On remarque à nouveau le symbolisme <strong>de</strong>s ri<strong>de</strong>aux. Trois<br />

ri<strong>de</strong>aux délimitent <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> révélations successives, auxquelles la mère du Prince<br />

n’entend rien. Elle veut ressortir, tant l’histoire d’Elis Fröbom lui semble absur<strong>de</strong>. Elle<br />

n’accè<strong>de</strong> qu’à la valeur exotérique <strong>de</strong> l’histoire et n’en comprend pas la véritable portée<br />

symbolique, contrairement à son fils qui ne veut être privé « d’aucune <strong>de</strong> ces merveilles »<br />

(MG, 16). Elle lui cè<strong>de</strong> néanmoins, et ils parviennent <strong>dans</strong> une « chambre immense »

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