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Comptes rendus des cours et conférences de l'EHESS 2004-2005

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CR Enseignement 04-05 16/02/06 15:31 Page 126<br />

126 ANNUAIRE <strong>2004</strong>-<strong>2005</strong><br />

monuments. S’agissant <strong><strong>de</strong>s</strong> traits culturels, on a distingué la part <strong><strong>de</strong>s</strong> attributs<br />

«r é e l s » (c’est-à-dire attestés dans le re g i s t re archéologique) <strong>et</strong> celle <strong><strong>de</strong>s</strong> attributs<br />

« v i r t u e l s » (qu’on ne re t rouve jamais dans la panoplie <strong><strong>de</strong>s</strong> obj<strong>et</strong>s mis au jour).<br />

Une difficulté dans l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ces monuments rési<strong>de</strong> dans leur fréquente découverte<br />

hors <strong>de</strong> leur contexte originel : souvent abattus sur place, quelquefois<br />

brisés, réutilisés comme matériau <strong>de</strong> construction, ils ont été l’obj<strong>et</strong> d’un re c yclage<br />

qui rend d’autant plus difficile leur interprétation «f o n c t i o n n e l l e ». To u t e f o i s<br />

certains monuments <strong>de</strong>meurés en place, parfois groupés (alignements, cerc l e s ) ,<br />

perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> se faire une idée plus précise sur leur rôle au sein <strong><strong>de</strong>s</strong> sociétés<br />

p rotohistoriques. Fruits d’un mouvement unique, liés à une diffusion culture l l e<br />

v o i re au déplacement <strong>de</strong> groupes humains ? Ou produits d’une évolution autochtone<br />

consistant à intro d u i re sur certains menhirs anthropomorphes quelques<br />

signes (d’autorité notamment) relevant <strong>de</strong> la construction <strong>de</strong> rapports sociaux<br />

i n é g a l i t a i re s ? Le débat subsiste. Dans la pre m i è re hypothèse, les statues-menhirs<br />

seraient la concrétisation d’un système forgé en un point unique (on a, par<br />

exemple, mis en avant le rôle <strong>de</strong> l’aire nord-pontique). Dans la secon<strong>de</strong> supposition,<br />

elles seraient issues d’une mutation indigène dans la manière <strong>de</strong> re p r é s e nter<br />

schématiquement un corps humain (déjà attestée au V e m i l l é n a i re en Euro p e<br />

<strong>de</strong> l’Ouest) enrichi <strong>de</strong> marqueurs, anatomiques ou culturels, connotant <strong><strong>de</strong>s</strong> personnages<br />

d’enverg u re. Les diff é rences entre les diverses écoles occi<strong>de</strong>ntales <strong>de</strong><br />

statues-menhirs, leur probable décalage chronologique, semblent aller à l’enc<br />

o n t re d’un strict processus <strong>de</strong> diffusion. Dans la péninsule Ibérique, la longue<br />

durée <strong><strong>de</strong>s</strong> thèmes <strong>de</strong> l’art, peint ou gravé, <strong><strong>de</strong>s</strong> dolmens à couloir (serpents,<br />

soleils, anthropomorphes) qui traverseront <strong>de</strong>ux millénaires pour se re t rouver sur<br />

les stèles <strong>de</strong> l’aire Badajoz-Cacerès, en Extre m a d u re, plai<strong>de</strong> pour une certaine<br />

déconnexion en re g a rd d’autres régions fournies en monuments <strong>de</strong> ce type. Ainsi<br />

s’opposent partisans <strong>de</strong> l’unité du phénomène qui m<strong>et</strong>tent en avant les dénominateurs<br />

communs (bloc en T, nez-sourcils, « o m o p l a t e s - c ro c h e t s », port du poig<br />

n a rd) <strong>et</strong> tenants d’une vision polygéniste, ceux-ci soulignant les traits<br />

spécifiques à chaque région (« s e m e l l e s » du groupe pontique, « c a p o v o l t o »<br />

s a r<strong>de</strong>, « o b j e t » énigmatique – arme ou instrument d’autorité – <strong><strong>de</strong>s</strong> monuments<br />

du Rouergue). Notre préférence va à un mécanisme autochtone faisant appar<br />

a î t re, dans certaines régions seulement mais à la faveur d’une transformation<br />

générale <strong>de</strong> caractère social (la transition du Néolithique moyen au Néolithique<br />

final en Europe <strong>de</strong> l’Ouest), une anthropomorphisation plus poussée <strong>de</strong> monuments<br />

<strong>de</strong> pierre combinée à l’affichage « p u b l i c i t a i re» d’ancêtres <strong>de</strong> lignées. La<br />

contestation <strong>de</strong> groupes sociaux dominants pourrait expliquer l’abattage <strong>de</strong><br />

n o m b reuses statues.<br />

Une présentation <strong><strong>de</strong>s</strong> monuments <strong>de</strong> l’Europe du Sud-Est (Ukraine,<br />

Bulgarie, Roumanie, Grèce) a mis en relief, ici également, une certaine évolution<br />

régionale. Les populations <strong>de</strong> Kemi-Oba érigent d’abord <strong><strong>de</strong>s</strong> stèles re c t a n g ul<br />

a i res ou trapézoïdales, peu décorées, mais qui montrent déjà le re<strong>cours</strong> à <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

attributs spécifiques (seins, ceinture, « s e m e l l e s »). On re t rouvera ces éléments<br />

par la suite sur les statues-menhirs <strong>de</strong> ces régions mais avec d’autres marqueurs<br />

plus élaborés. Ces statues se rattachent à plusieurs variétés (Natalevka-<br />

Kernosovo, Kazanki, Tiritaki) mais c<strong>et</strong>te classification typologique, élaborée sur

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