24.06.2013 Views

Comptes rendus des cours et conférences de l'EHESS 2004-2005

Comptes rendus des cours et conférences de l'EHESS 2004-2005

Comptes rendus des cours et conférences de l'EHESS 2004-2005

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

CR Enseignement 04-05 16/02/06 15:34 Page 544<br />

544 ANNUAIRE <strong>2004</strong>-<strong>2005</strong><br />

<strong>de</strong> la thèse selon laquelle l’espace géométrique abstrait se formerait à partir <strong>de</strong><br />

l’espace sensible (physiologique) surtout à travers les opérations <strong>et</strong> actions <strong>de</strong><br />

mouvement <strong>et</strong> d’orientation <strong>de</strong> notre corps dans l’espace <strong>de</strong> l’expérience, ainsi<br />

que l’a proposée Poincaré ? ( i i i ) Quelle pertinence pouvons-nous accord e r<br />

aujourd’hui à l’hypothèse <strong>de</strong> l’isomorphisme psychophysique formulée dans les<br />

années vingt du siècle <strong>de</strong>rnier par le théoricien <strong>de</strong> la Gestalt W. Köhler ? Köhler<br />

avait supposé l’existence d’une corrélation dynamique, en termes (dirions-nous<br />

aujourd’hui) <strong>de</strong> champs neurorécepteurs, entre les structures <strong>et</strong> formes perceptives<br />

<strong>et</strong> les processus neurophysiologiques qui voient le jour au niveau <strong>de</strong> notre<br />

système nerveux central. Est-ce c<strong>et</strong>te relation d’isomorphie <strong>de</strong> nature topographique,<br />

ou plutôt topologique, ou bien encore modulaire ? ( i v ) Enfin, quels sont<br />

les fon<strong>de</strong>ments biologiques, psychologiques <strong>et</strong> cognitifs <strong>de</strong> l’espace perceptif ?<br />

Est-ce que les espaces géométriques <strong>et</strong> topologiques abstraits ont une origine<br />

évolutive, physiologique <strong>et</strong> sensible ? Et si oui, comment peut-on m<strong>et</strong>tre en évi<strong>de</strong>nce<br />

ces caractères non formels <strong>et</strong> non verbaux du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la perception ?<br />

Une tentative <strong>de</strong> réponse a consisté à analyser la relation entre la notion<br />

intuitive <strong>et</strong> physiologique <strong>de</strong> mouvement (en fait <strong>de</strong> diff é rentes catégories <strong>de</strong><br />

mouvements : volontaires/non volontaires ; conscients/non conscients ; égocentrés/héliocentrés…)<br />

<strong>et</strong> la notion abstraite <strong>de</strong> groupe <strong>de</strong> transformations appliquées<br />

à <strong><strong>de</strong>s</strong> obj<strong>et</strong>s mobiles ou immobiles dans l’espace. Plusieurs données<br />

expérimentales mènent à penser que l’organisme humain pourrait avoir « i n t ériorisé<br />

» certains principes qui gouvernent les transformations rigi<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> obj<strong>et</strong>s<br />

dans l’espace usuel. Il en ressort notamment que l’observateur a tendance à se<br />

représenter le mouvement d’un obj<strong>et</strong> étendu dans l’espace principalement<br />

autour <strong><strong>de</strong>s</strong> axes qui sont centrés en l’obj<strong>et</strong> <strong>et</strong> qui sont déterminés par sa struct<br />

u re géométrique intrinsèque (système égocentrique), au lieu qu’autour <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

axes qui sont fixés par rapport à l’environnement (système héliocentrique). De<br />

plus, la reconnaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> formes semblerait dépendre principalement (mais<br />

pas seulement) <strong>de</strong> ce que les propriétés perceptives <strong><strong>de</strong>s</strong> obj<strong>et</strong>s sont conservées<br />

par le groupe d’isométries relativement, en ordre d’importance, au parallélisme,<br />

à l’orientation, à la symétrie principale <strong>et</strong> au référentiel spatial (ou re p è re<br />

mobile) privilégié.<br />

Nous avons enfin insisté sur la nécessité <strong>de</strong> distinguer le processus qui<br />

consiste à co<strong>de</strong>r l’information visuelle provenant <strong>de</strong> l’extérieur (par exemple, <strong>de</strong><br />

stimuli lumineux) du processus qui perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> re c o n n a î t re les obj<strong>et</strong>s <strong>et</strong> leurs<br />

formes, en sachant que ces obj<strong>et</strong>s <strong>et</strong> ces formes peuvent présenter <strong><strong>de</strong>s</strong> caractéristiques<br />

qui <strong>de</strong>meurent inchangées. On a montré, par exemple, comment la<br />

clôture, la connexité, l’orientation, <strong>et</strong> d’autres propriétés spatiales <strong>de</strong> nature globale,<br />

exercent <strong>de</strong> fortes contraintes sur la manière dont se réalisent les premiers<br />

processus conduisant à la perception <strong><strong>de</strong>s</strong> obj<strong>et</strong>s dans l’espace. Cependant, on<br />

ne dispose toujours pas d’une réponse satisfaisante à la question <strong>de</strong> savoir<br />

comment la reconnaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> obj<strong>et</strong>s <strong>et</strong> <strong>de</strong> leurs formes s’opère-t-elle lors du<br />

passage d’une information locale à une connaissance <strong>de</strong> type global. Autrement<br />

dit, grâce à quels mécanismes telle <strong>et</strong> telle image qui se constitue dans notre<br />

système visuel en relation avec d’autres systèmes perceptifs corre s p o n d - t - e l l e<br />

à tel <strong>et</strong> tel obj<strong>et</strong> existant dans le mon<strong>de</strong> extérieur ?

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!