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Comptes rendus des cours et conférences de l'EHESS 2004-2005

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CR Enseignement 04-05/CC 16/02/06 15:25 Page 622<br />

622 ANNUAIRE <strong>2004</strong>-<strong>2005</strong><br />

Le servage, dont les contours <strong>de</strong> loin semblaient plus n<strong>et</strong>s, se révèle à l’analyse<br />

une institution tout aussi fuyante que l’esclavage. Sa genèse progressive <strong>et</strong><br />

p resque insensible, <strong>de</strong>puis la suppression du droit <strong>de</strong> désaveu à la Saint-<br />

Georges d’automne (années 1580) jusqu’à l’abandon <strong>de</strong> toute prescription pour<br />

la re c h e rche <strong><strong>de</strong>s</strong> serfs fugitifs (1649), s’effectue à travers une série <strong>de</strong> mesure s<br />

partielles, <strong>de</strong> caractère purement pragmatique. Parmi les traits qui caractérisent<br />

la condition <strong><strong>de</strong>s</strong> paysans asservis, la plupart n’ont aucun lien, ou très indire c t ,<br />

avec l’assuj<strong>et</strong>tissement à la glèbe. Re<strong>de</strong>vances <strong>et</strong> corvées semblent plutôt<br />

r é s u l t e r, <strong>et</strong> ce bien avant le triomphe du servage, du rapport <strong>de</strong> force économique<br />

<strong>et</strong> politique entre seigneur <strong>et</strong> tenancier.<br />

Le séminaire s’est penché sur la question peu étudiée <strong>de</strong> l’origine <strong><strong>de</strong>s</strong> pouvoirs<br />

judiciaires, administratifs <strong>et</strong> disciplinaires dont jouit le seigneur russe aux<br />

X V I I I e <strong>et</strong> X I X e siècles. Résultant à la fois <strong><strong>de</strong>s</strong> anciennes chartes d’immunité judic<br />

i a i re (à partir du X V e siècle au moins) <strong>et</strong> <strong>de</strong> la perception <strong><strong>de</strong>s</strong> impôts, confiée<br />

plus récemment aux propriétaires fonciers, l’autorité seigneuriale semble laisser<br />

aux paysans une capacité d’initiative considérable. C’est ainsi que les serfs du<br />

m o n a s t è re <strong>de</strong> N.-D. d’Ibérie élisent chaque année leurs syndics ( s t a r o s t a ) e t<br />

leurs jurés. Ceux-ci envoient aux frais <strong>de</strong> la commune <strong><strong>de</strong>s</strong> députés à Moscou,<br />

solliciter <strong><strong>de</strong>s</strong> bureaux leur rattachement à la couronne (Timošenkova, dans<br />

Rossijskoe gosudarstvo v XIV-XVII vv., 2002). Là encore, l’absence <strong>de</strong> liberté, difficile<br />

à saisir dans les documents (à l’exception <strong><strong>de</strong>s</strong> re g i s t res <strong>de</strong> restitution <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

serfs fugitifs) ne semble pas influer en tant que telle sur la condition paysanne.<br />

Le trait le plus éclairant peut-être <strong><strong>de</strong>s</strong> phénomènes étudiés est l’« abolition»<br />

<strong>de</strong> l’esclavage. En 1711-1712, Pierre I e r aligne le statut <strong><strong>de</strong>s</strong> esclaves domestiques,<br />

les <strong>de</strong>rniers à bénéficier <strong>de</strong> l’immunité fiscale <strong>de</strong> leurs maîtres, sur celui<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> serfs, tout en invitant <strong>de</strong> manière pressante les affranchis à s’enrôler dans<br />

l’armée. Parce qu’il manque <strong>de</strong> soldats <strong>et</strong> d’argent, il assimile définitivement,<br />

d’un simple trait <strong>de</strong> plume, <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> servitu<strong>de</strong> qui avaient évolué parallèlement,<br />

<strong>et</strong> s’étaient mutuellement contaminées, pendant plus d’un siècle. C’est<br />

donc que la distinction entre libres <strong>et</strong> non-libres, primordiale sous d’autre s<br />

cieux, ne présente pas pour la société russe du début du X V I I I e siècle la même<br />

importance. La dépendance, entendue au sens large, est comme une mer dans<br />

laquelle tous les fleuves viendraient se j<strong>et</strong>er.<br />

u L’art en question : les dis<strong>cours</strong> sur l’art en Russie, 1800-1900<br />

Olga Medvedkova, pensionnaire à l’INHA<br />

Àpartir <strong>de</strong> la fin du XVIIIe <strong>et</strong> du début du XIXe siècle, les dis<strong>cours</strong> sur l’art interviennent<br />

<strong>de</strong> plus en plus dans l’espace public en Russie. Ils sont générés<br />

autour <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux centres institutionnels : l’Académie <strong><strong>de</strong>s</strong> beaux-arts à Saint-<br />

P é t e r s b o u rg <strong>et</strong> l’Université à Moscou. L’Académie stimule la parution du premier<br />

traité théorique russe réellement original <strong>de</strong> P<strong>et</strong>r Tchekalevski, publié en<br />

1792. L’Université voit naître, en 1807, la première revue consacrée aux beauxarts,<br />

éditée par le professeur venu <strong>de</strong> Göttingen Johann Gottlieb Buhle. Aussi

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