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Comptes rendus des cours et conférences de l'EHESS 2004-2005

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CR Enseignement 04-05 16/02/06 15:33 Page 466<br />

466 ANNUAIRE <strong>2004</strong>-<strong>2005</strong><br />

Sociologie historique du fait colonial<br />

Emmanuelle Saada, maîtresse <strong>de</strong> <strong>conférences</strong><br />

L’État colonial, entre nation <strong>et</strong> empire<br />

LE S enjeux du séminaire étaient doubles : examiner les liens entre histoire<br />

politique nationale <strong>et</strong> impériale <strong>de</strong>puis le X I Xe siècle <strong>et</strong> compre n d re ce que<br />

les diff é rents re g i s t res <strong>de</strong> la gouvernementalité mo<strong>de</strong>rne doivent à l’expérience<br />

coloniale.<br />

Il s’agissait <strong>de</strong> la pre m i è re année d’un séminaire appelé à se poursuivre .<br />

Une longue pre m i è re partie a donc été consacrée à une réflexion historiographique.<br />

On a recensé les diff é rentes façons dont les historiens ont pu articuler<br />

nation <strong>et</strong> empire: alors qu’a longtemps été privilégiée la perspective d’une projection<br />

outre-mer <strong>de</strong> la nation, <strong><strong>de</strong>s</strong> travaux plus récents se sont intéressés aux<br />

e ff<strong>et</strong>s « en re t o u r » <strong><strong>de</strong>s</strong> formations impériales sur la métro p o l e ; d’autres évoquent<br />

le rôle <strong>de</strong> « l a b o r a t o i re» joué par les colonies ou bien parlent d’un<br />

« espace homogène » entre nation <strong>et</strong> empire qui reste à qualifier. On a donc lu<br />

attentivement <strong><strong>de</strong>s</strong> textes produits pour la plupart dans la mouvance <strong><strong>de</strong>s</strong> c o l onial<br />

studies <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> subaltern studies. Enfin, on a essayé <strong>de</strong> voir comment la thématique<br />

foucaldienne <strong>de</strong> la gouvernementalité peut être appropriée pour une<br />

histoire <strong>de</strong> l’État colonial.<br />

Une <strong>de</strong>uxième partie du séminaire a porté sur la question <strong>de</strong> « l ’ e x c e p t i o n<br />

c o l o n i a l e » qui traverse une large partie <strong>de</strong> l’historiographie la plus récente.<br />

Comment compre n d re la violence qui caractérise pour partie l’activité <strong>de</strong> l’État<br />

c o l o n i a l ? S’agit-il d’une contradiction ou au contraire d’un révélateur <strong>de</strong> zones<br />

aveugles dans l’histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> démocraties européennes ? Que dire <strong><strong>de</strong>s</strong> constructions<br />

juridiques qui encadrent c<strong>et</strong>te violence ? S’agit-il d’une « m o n s t r u o s i t é »<br />

comme ont pu le penser certains commentateurs <strong>de</strong> la fin du X I X e s i è c l e ? Ou<br />

bien d’un passage à la limite <strong>de</strong> mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> sujétion qui se re t rouvent sous <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

formes euphémisées en métro p o l e ? Ces questions ont été traitées à partir<br />

d’étu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> cas : les fon<strong>de</strong>ments juridiques <strong>de</strong> la discrimination entre populations,<br />

le régime disciplinaire appelé « Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’indigénat », présenté par Isabelle<br />

Merle, <strong>et</strong> enfin la question <strong>de</strong> la prison coloniale. Comme la thèse <strong>de</strong> l’exceptionnalité<br />

est le plus souvent liée à la représentation, erronée, d’un État colonial<br />

tout puissant, nous avons consacré une <strong>de</strong>rnière séance <strong>de</strong> ce cycle à la question<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> limites <strong>de</strong> son emprise sur les sociétés coloniales <strong>et</strong> colonisées.<br />

Enfin, une troisième partie du séminaire a porté sur l’État colonial envisagé<br />

comme une organisation. Nous avons étudié les instruments qu’il s’est donnés :<br />

l’archive (question traitée par Isabelle Grangaud à travers un exposé sur l’organisation<br />

du domaine dans les années qui ont suivi la prise d’Alger), les recensements<br />

<strong>et</strong> les techniques d’i<strong>de</strong>ntification, notamment en abordant le dossier <strong>de</strong><br />

la mise en place <strong>de</strong> l’état civil indigène en Algérie.<br />

Des doctorants ont présenté leurs travaux en <strong>cours</strong> sur <strong><strong>de</strong>s</strong> questions<br />

proches : Cécile Andreau, Habiba Chabou, Paul Sager, Jin-Hee Kang, Anna Lim<br />

<strong>et</strong> Stéphanie Samson.

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