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Comptes rendus des cours et conférences de l'EHESS 2004-2005

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CR Enseignement 04-05/CC 16/02/06 15:25 Page 648<br />

648 ANNUAIRE <strong>2004</strong>-<strong>2005</strong><br />

théorie sociologique <strong><strong>de</strong>s</strong> représentations collectives, ont le mérite <strong>de</strong> thématiser<br />

un problème diffus chez Durkheim, celui <strong><strong>de</strong>s</strong> rapports entre esprit individuel <strong>et</strong><br />

esprit collectif, du mécanisme intime <strong>de</strong> la socialisation.<br />

La secon<strong>de</strong> partie du séminaire a été consacrée à la morale sociologique.<br />

Nous avons cherché à préciser la place, centrale, <strong>de</strong> la morale dans le pro j e t<br />

sociologique, la continuité <strong>de</strong> la préoccupation morale chez Durkheim, <strong>de</strong> sa<br />

thèse à ses ultimes écrits. Durkheim revient sans cesse sur la question, pas<br />

seulement pour répondre aux critiques (relativisme, confusion entre la morale <strong>et</strong><br />

les mœurs), mais aussi pour parfaire l’expression <strong>de</strong> sa théorie <strong>de</strong> la société<br />

comme « personne morale » <strong>et</strong> en déployer les conséquences politiques. La<br />

question <strong>de</strong> la morale sociologique rejoint ainsi celle du socialisme. Durkheim<br />

cherche à cerner la spécificité <strong>de</strong> la morale (« la partie vitale <strong>de</strong> la discipline coll<br />

e c t i v e ») au sein <strong><strong>de</strong>s</strong> règles sociales, en dépassant le conflit entre moralité<br />

inconditionnée <strong>et</strong> conditionnement par l’état <strong><strong>de</strong>s</strong> mœurs. La morale a un statut<br />

inédit dans les sociétés individualistes : l’autonomie <strong>de</strong> la « sphère la plus générale<br />

<strong>de</strong> l’éthique » n’est pas tant une thèse philosophique qu’une pro d u c t i o n<br />

historique. Nous avons porté une attention particulière aux Leçons <strong>de</strong> sociolog<br />

i e ( e n t re 1890 <strong>et</strong> 1895) <strong>et</strong> à L’éducation morale (1897-1898), <strong>et</strong> dégagé leur<br />

importance systématique, en dépit <strong>de</strong> leur forme circonstancielle (notes <strong>de</strong><br />

<strong>cours</strong>). L’ a n t h ropologie <strong>de</strong> l’individualisme apparaît comme le centre <strong>de</strong> gravité<br />

<strong>de</strong> l’œuvre <strong>de</strong> Durkheim.<br />

u La perception du fait religieux chez Bergson : une épistémologie « mixte »,<br />

entre métaphysique <strong>et</strong> sociologie<br />

Brigitte Sitbon-Peillon, chargée <strong>de</strong> recherche au CNRS<br />

NOTRE conférence complémentaire a eu pour obj<strong>et</strong> la perception du fait religieux<br />

chez Bergson, telle qu’elle est exposée dans Les <strong>de</strong>ux sources <strong>de</strong> la<br />

morale <strong>et</strong> <strong>de</strong> la religion, son <strong>de</strong>rnier ouvrage publié en 1932. Le philosophe y<br />

entreprend la genèse <strong>de</strong> la morale <strong>et</strong> <strong>de</strong> la religion, <strong>et</strong> distingue, dans c<strong>et</strong>te perspective,<br />

<strong>de</strong>ux formes du religieux qui se confon<strong>de</strong>nt dans un « m i x t e » : l’une<br />

« statique », l’autre « dynamique». Notre intérêt s’est principalement porté, c<strong>et</strong>te<br />

année, sur l’essence <strong>de</strong> la religion « s t a t i q u e » ou « n a t u re l l e », sur l’intelligibilité<br />

<strong>de</strong> sa nécessité « b i o l o g i q u e » (si l’on donne à ce terme « les sens très compréhensif<br />

qu’il <strong>de</strong>vrait avoir »), <strong>et</strong> sur son apparente irrationalité.<br />

C<strong>et</strong>te perception du fait religieux implique une prise en compte <strong>de</strong> la métaphysique<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> la cosmologie bergsoniennes, exposées dans les œuvres précé<strong>de</strong>ntes,<br />

notamment L’évolution créatrice, qui affirment une dichotomie<br />

fondamentale en l’homme entre son instinct, <strong>de</strong>venu « somnambulique », <strong>et</strong> son<br />

intelligence. La religion statique se définit ainsi comme « une réaction défensive<br />

<strong>de</strong> la nature contre la représentation, par l’intelligence, <strong>de</strong> l’inévitabilité <strong>de</strong> la<br />

mort », <strong>et</strong> « contre ce qu’il pourrait y avoir <strong>de</strong> déprimant pour l’individu, <strong>et</strong> <strong>de</strong> dissolvant<br />

pour la société, dans l’exercice <strong>de</strong> l’intelligence. »

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