24.06.2013 Views

Comptes rendus des cours et conférences de l'EHESS 2004-2005

Comptes rendus des cours et conférences de l'EHESS 2004-2005

Comptes rendus des cours et conférences de l'EHESS 2004-2005

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

CR Enseignement 04-05 16/02/06 15:32 Page 267<br />

HISTOIRE 267<br />

La <strong>de</strong>rn i è re séance a été confiée à Elizab<strong>et</strong>h Fordham <strong>et</strong> Galit Hadad<br />

(Université <strong>de</strong> Tel Aviv) qui l’une <strong>et</strong> l’autre ont traité <strong>de</strong> la question <strong><strong>de</strong>s</strong> intellectuels<br />

pendant la Gran<strong>de</strong> Guerre. La pre m i è re a rouvert le dossier <strong>de</strong> la mobilisation<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> élites culturelles <strong><strong>de</strong>s</strong> années 1910, en étudiant notamment le rôle<br />

q u ’ e u rent Henri Massis <strong>et</strong> Alfred <strong>de</strong> Ta r<strong>de</strong>, auteurs sous le pseudonyme<br />

d’Agathon d’une enquête à succès intitulée Les jeunes gens d’aujourd’hui, dans<br />

l’adhésion aux valeurs guerrières <strong>de</strong> la jeunesse intellectuelle. À l’inverse, Galit<br />

Hadad s’est attachée au dis<strong>cours</strong> pacifiste, sensibilité que l’histoire culturelle <strong>de</strong><br />

la Gran<strong>de</strong> Guerre n’a sans doute pas suffisamment prise en compte. La séance a<br />

notamment permis une lecture à nouveaux frais <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux notions, « m o b i l is<br />

a t i o n » <strong>et</strong> « p a c i f i s m e », à la lumière <strong>de</strong> la « c u l t u re <strong>de</strong> guerre » qui déplace les<br />

f i l t res interprétatifs militaire <strong>et</strong> politique portés par le langage lui-même.<br />

Histoire <strong>de</strong> la philosophie politique<br />

Pierre Manent, directeur d’étu<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

LE séminaire s’inscrivait dans une recherche portant à la fois sur «la politique<br />

<strong>et</strong> l’ordre <strong>de</strong> l’âme » <strong>et</strong> « la cité comme forme politique ». Il était plus précisément<br />

le troisième <strong>et</strong> <strong>de</strong>rnier d’une série consacrée à l’Éthique à Nicomaque,<br />

ouvrage dans lequel Aristote présente à la fois la <strong><strong>de</strong>s</strong>cription la plus concrète <strong>de</strong><br />

l’homme grec comme « homme civique » <strong>et</strong> la réflexion la plus complète sur l’action<br />

<strong>et</strong> la vie morale.<br />

Le premier séminaire avait tenté <strong>de</strong> cerner la notion <strong>de</strong> « science pratique»,<br />

qui offre une compréhension <strong>de</strong> l’action humaine échappant à l’oscillation <strong>de</strong> la<br />

philosophie morale contemporaine entre éthique « d é o n t o l o g i q u e » <strong>et</strong> éthique<br />

« utilitariste ».<br />

Le <strong>de</strong>uxième séminaire avait examiné le catalogue aristotélicien <strong><strong>de</strong>s</strong> vertus,<br />

en concentrant l’attention sur les <strong>de</strong>ux vertus centrales que sont la magnanimité<br />

<strong>et</strong> la justice.<br />

Le troisième <strong>et</strong> <strong>de</strong>rnier séminaire a d’abord étudié la pru<strong>de</strong>nce, vertu intellectuelle<br />

qui fait l’unité <strong><strong>de</strong>s</strong> vertus pro p rement éthiques – le courage, la tempérance,<br />

<strong>et</strong>c. – <strong>et</strong> donne à chacune d’elles sa juste mesure. Elle est au principe <strong>de</strong><br />

la bonne délibération. Dans l’ouverture <strong>et</strong> l’indétermination <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière se<br />

cache une règle qui lui perm<strong>et</strong> d’être, précisément, une bonne délibération.<br />

C<strong>et</strong>te analyse a fait ressortir par contraste combien la philosophie morale kantienne,<br />

dans laquelle l’impératif catégorique est supposé abolir toute indétermination<br />

pratique, tendait à fausser radicalement le phénomène même <strong>de</strong> la vie<br />

pratique <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’action. Mais si la règle <strong>de</strong> la bonne délibération est accessible à<br />

l’homme pru<strong>de</strong>nt, pourquoi faisons-nous si souvent <strong>de</strong> mauvais choix ? Ou,<br />

selon la formule reçue, pourquoi agissons-nous mal alors que nous savons où<br />

est le bien ? Nous nous sommes donc longuement intéressés au phénomène <strong>de</strong><br />

l ’a k r a s i e, incontinence ou faiblesse <strong>de</strong> la volonté, dont Aristote donne une <strong><strong>de</strong>s</strong>cription<br />

étonnamment précise <strong>et</strong> convaincante.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!