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Comptes rendus des cours et conférences de l'EHESS 2004-2005

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CR Enseignement 04-05 16/02/06 15:33 Page 357<br />

ANTHROPOLOGIE SOCIALE,<br />

ETHNOGRAPHIE ET ETHNOLOGIE<br />

Figures du pouvoir, rapports <strong>de</strong> parenté <strong>et</strong> le corps sexué<br />

Maurice Go<strong>de</strong>lier, directeur d’étu<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Pouvoir, rites <strong>et</strong> parenté<br />

E N S E I G N E M E N T s’est développé le long <strong>de</strong> plusieurs thèmes. Le pre m i e r<br />

L’ c o n c e rnait la notion <strong>de</strong> « kin-based soci<strong>et</strong>ies », <strong>de</strong> sociétés fondées sur la<br />

parenté, qui est un axiome courant parmi les anthropologues <strong>et</strong> désignerait l’ensemble<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> sociétés où n’existent ni castes, ni classes, ni État. Du fait <strong>de</strong> ces<br />

absences, les anthropologues ont été portés à avancer l’idée que ces sociétés<br />

sont fondées sur <strong><strong>de</strong>s</strong> rapports <strong>de</strong> parenté <strong>et</strong> sur l’existence <strong>de</strong> groupes <strong>de</strong><br />

p a renté, lignages, clans, <strong>et</strong>c. La comparaison <strong>de</strong> plusieurs sociétés d’Océanie,<br />

les Baruya <strong>de</strong> Nouvelle-Guinée, les habitants <strong>de</strong> l’île Tikopia, <strong>et</strong>c., a démontré<br />

que dans aucune <strong>de</strong> ces sociétés les rapports <strong>de</strong> parenté n’ont la capacité <strong>de</strong><br />

rassembler tous les groupes <strong>de</strong> parenté en une société, en une totalité qui se<br />

reconnaît <strong>et</strong> se reproduit comme telle. La question qui se posait était donc cellec<br />

i : si les rapports <strong>de</strong> parenté n’ont pas la capacité <strong>de</strong> fabriquer une société,<br />

quels sont les rapports sociaux qui ont c<strong>et</strong>te capacité ? Après avoir examiné si<br />

les rapports économiques peuvent avoir c<strong>et</strong>te capacité <strong>et</strong> avoir conclu par la<br />

négative, il est <strong>de</strong>venu évi<strong>de</strong>nt que seuls <strong><strong>de</strong>s</strong> rapports politico-religieux peuvent<br />

le faire. Mais à une condition : qu’ils établissent <strong>et</strong> légitiment une forme <strong>de</strong> souverain<strong>et</strong>é<br />

partagée par tous les groupes sociaux sur un territoire, ses ressources<br />

<strong>et</strong> ses habitants. En débordant le cadre <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> société, on a pu démontrer<br />

que la même hypothèse théorique vaut pour les sociétés où existe un pouvoir<br />

d’État <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> différences <strong>de</strong> classes ou <strong>de</strong> castes.<br />

Ceci a permis <strong>de</strong> re p re n d re le débat ancien sur la distinction entre communauté<br />

<strong>et</strong> société. En analysant <strong><strong>de</strong>s</strong> sociétés du Pacifique <strong>et</strong> d’Afrique, on a pu<br />

d é m o n t rer qu’une <strong>et</strong>hnie est une communauté <strong>et</strong> une tribu est une société. Une<br />

<strong>et</strong>hnie, c’est souvent un ensemble <strong>de</strong> tribus ou <strong>de</strong> groupes locaux parlant <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

langues proches <strong>et</strong> se réclamant d’ancêtres communs. Mais l’appartenance à<br />

une <strong>et</strong>hnie ne donne pas d’accès à la terre ou <strong>de</strong> droits particuliers pour obtenir<br />

un conjoint. C’est le cas par contre avec l’appartenance d’un individu à une tribu.<br />

La <strong>de</strong>uxième partie du séminaire a été consacrée à l’analyse <strong>de</strong> la distinction<br />

entre l’imaginaire <strong>et</strong> le symbolique. On a montré que les symboles re n d e n t<br />

visibles <strong>et</strong> m<strong>et</strong>tent en œuvre dans diverses pratiques sociales <strong><strong>de</strong>s</strong> réalités imaginaires<br />

telles <strong><strong>de</strong>s</strong> récits <strong>de</strong> fondation, <strong><strong>de</strong>s</strong> mythes d’origine, <strong>et</strong>c. On s’est interrogé<br />

sur l’affirmation déjà ancienne <strong>de</strong> Lévi-Strauss du primat du symbolique

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