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Comptes rendus des cours et conférences de l'EHESS 2004-2005

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CR Enseignement 04-05 16/02/06 15:34 Page 513<br />

SIGNES, FORMES, REPRÉSENTATIONS 513<br />

balisée, mais en avons repris les termes, pour les interroger à la lumière du<br />

cinéma. Il a existé, ainsi, <strong>de</strong> véritables avant-gar<strong><strong>de</strong>s</strong> en cinéma, comme le<br />

d é m o n t re le cas célèbre <strong>de</strong> Ve r t o v ; plus ambiguës sont les prétentions avantgardistes<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> peintres cinéastes <strong><strong>de</strong>s</strong> années 1920, tel Léger. C’est plutôt à partir<br />

<strong>de</strong> mouvements qui ne se sont pas désignés comme avant-gar<strong><strong>de</strong>s</strong>, tel l’u n d e rground<br />

new-yorkais <strong><strong>de</strong>s</strong> années 1960, qu’on a essayé d’évaluer le rapport entre<br />

r u p t u re d’une tradition, utopie <strong>et</strong> redéfinition <strong>de</strong> l’art, qui a pu fon<strong>de</strong>r le pro j e t<br />

esthétique <strong>et</strong> politique <strong>de</strong> tels mouvements.<br />

La nature industrielle du cinéma a interdit toute assimilation entre les<br />

œ u v res d’avant-gar<strong>de</strong> (le plus souvent considérées comme marginales, cf. le<br />

qualificatif d’« e x p é r i m e n t a l » qui les stigmatise) <strong>et</strong> l’art cinématographique prop<br />

rement dit. C<strong>et</strong> art, qui aura marqué tout le X X e siècle, jusqu’à <strong>de</strong>venir aujourd’hui<br />

référence obligée <strong><strong>de</strong>s</strong> autres arts, peut-il être vu comme ayant été<br />

mo<strong>de</strong>rne ? À c<strong>et</strong>te question, il existe au moins trois gran<strong><strong>de</strong>s</strong> réponses : celle qui<br />

valorise le trait réflexif comme essence <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>rnité, <strong>et</strong> la fait partir <strong>de</strong> Welles<br />

<strong>et</strong> Resnais ; celle qui tente une histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> ruptures formelles <strong>et</strong> stylistiques (<strong>et</strong><br />

valorise d’autres cinéastes comme Antonioni) ; celle, plus radicale, qui assigne à<br />

la mo<strong>de</strong>rnité en cinéma une visée ontologique : laisser parler « quelque chose »<br />

<strong>de</strong> l’ord re du réel. C’est c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rn i è re variante qui, en dépit ou à cause <strong>de</strong> sa<br />

singularité, a été le plus souvent développée, à partir <strong>de</strong> la lecture <strong>de</strong> Rossellini<br />

dans la critique française. Le séminaire a tenté d’en préciser les tenants <strong>et</strong><br />

aboutissants (notamment, ses prolongements dans une philosophie <strong>de</strong> l’« é v id<br />

e n c e » en cinéma, chez Jean-Luc Nancy, <strong>et</strong> les considérations sur le passage<br />

<strong>de</strong> l’« i m a g e - m o u v e m e n t » à l’« i m a g e - t e m p s » chez Deleuze), <strong>et</strong> d’en marq u e r<br />

les limites.<br />

Une troisième proposition, plus récente, consiste à considérer que c’est le<br />

cinéma tout entier qui est un phénomène mo<strong>de</strong>rne ; il ne s’agit plus, dans c<strong>et</strong>te<br />

perspective, <strong>de</strong> distinguer entre <strong><strong>de</strong>s</strong> films ou <strong><strong>de</strong>s</strong> auteurs mo<strong>de</strong>rnes <strong>et</strong> d’autres<br />

qui ne le sont pas, mais <strong>de</strong> tracer <strong><strong>de</strong>s</strong> corrélations entre les formes inventées en<br />

cinéma <strong>et</strong> l’état contemporain <strong><strong>de</strong>s</strong> arts issus <strong><strong>de</strong>s</strong> arts plastiques (en particulier<br />

l’installation, laquelle <strong>de</strong>puis quinze ans au moins a épousé ou vampirisé le cinématographique).<br />

C<strong>et</strong> examen critique ne visait pas à promouvoir l’une ou l’autre <strong><strong>de</strong>s</strong> conceptions<br />

du mo<strong>de</strong>rne que nous avons rencontrées, mais plutôt, à constater leur<br />

coexistence, leur mutuelle ignorance, <strong>et</strong> à tenter <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>siner la carte du territoire<br />

auquel elles ont en commun d’appartenir : histoire <strong>de</strong> la notion d’art <strong>de</strong>puis<br />

Kant, mise en relation entre l’art <strong>et</strong> la vie actuelle <strong>de</strong>puis Benjamin, déception<br />

e t défiance relativement à l’une <strong>et</strong> l’autre, <strong>de</strong>puis les années 1970.<br />

Paradoxalement, force a été <strong>de</strong> constater que, <strong>de</strong> toutes, c’est la conception<br />

ontologique qui a le mieux survécu, sans doute au bénéfice <strong>de</strong> son caractère<br />

relativement peu historique.<br />

Publications<br />

• Dir., Les Voyages du spectateur, Paris, Éd. Léo Scheer, <strong>2004</strong>, 288 p.<br />

• «Der porträtierte Mensch », montage/av, 13, <strong>2004</strong>, p. 12-49.<br />

• «Tailler la route », dans Les Voyages du spectateur, sous la dir. <strong>de</strong> J. Aumont, Paris,<br />

Léo Scheer, <strong>2004</strong>, p. 221-231.

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