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Comptes rendus des cours et conférences de l'EHESS 2004-2005

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CR Enseignement 04-05 16/02/06 15:32 Page 202<br />

202 ANNUAIRE <strong>2004</strong>-<strong>2005</strong><br />

joué par les « pirates japonais » (w a k ô, en fait plutôt <strong><strong>de</strong>s</strong> contrebandiers), dans<br />

l’importation <strong><strong>de</strong>s</strong> nouveaux procédés <strong>de</strong> fonte <strong>et</strong> dans l’expansion du comm<br />

e rce <strong>de</strong> l’argent. Bientôt, ce sont les Occi<strong>de</strong>ntaux qui à leur tour viendro n t<br />

s’approvisionner en argent au Japon pour financer leur commerce avec le reste<br />

<strong>de</strong> l’Asie. Ajoutons que le fractionnement politique <strong>de</strong> l’archipel, en multipliant<br />

les principautés dressées les unes contre les autres, incite les seigneurs <strong>de</strong> la<br />

g u e r re à accro î t re leurs re s s o u rce s en protégeant l’exploitation minière <strong>et</strong> le<br />

c o m m e rce <strong><strong>de</strong>s</strong> métaux : l’accumulation <strong>de</strong> trésors <strong>de</strong>vient alors un instrument<br />

essentiel <strong>de</strong> la puissance. La présence d’importants gisements aurifères dans<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> territoires <strong>de</strong> l’est du pays que va dominer la future dynastie shogunale <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Tokugawa favorisera l’utilisation monétaire <strong>de</strong> l’or au Japon, situation originale<br />

dans une Asie orientale dominée par l’argent: les seigneurs <strong>et</strong> shogun japonais<br />

iront même jusqu’à importer <strong>de</strong> l’or, par l’entremise <strong>de</strong> marchands occi<strong>de</strong>ntaux,<br />

pour alimenter leurs coffres.<br />

C’est aux conditions <strong>de</strong> l’extraction <strong><strong>de</strong>s</strong> métaux précieux que nous nous<br />

sommes intéressés par la suite, en utilisant en particulier les résultats <strong><strong>de</strong>s</strong> travaux<br />

<strong>et</strong> fouilles archéologiques effectués sur les gisements d’argent d’Iwami <strong>et</strong><br />

les mines d’or <strong>de</strong> la province <strong>de</strong> Kai, ou encore le journal d’Umezu Masakage,<br />

préf<strong>et</strong> <strong>de</strong> la mine d’Innai au début du X V I I e siècle. Ces re c h e rche s m<strong>et</strong>tent en<br />

évi<strong>de</strong>nce le rôle souvent primordial joué dans la mise en valeur <strong><strong>de</strong>s</strong> gisements<br />

par <strong><strong>de</strong>s</strong> entrepreneurs privés, mais choyés par les puissants : avec l’essor <strong>de</strong> la<br />

p roduction se structure pro g ressivement un milieu professionnel encore mal<br />

connu, dominé sur les lieux d’extraction par les exploitants miniers, tels les<br />

« maîtres <strong>de</strong> montagnes » (yamashi) <strong>de</strong> Kai, <strong><strong>de</strong>s</strong> producteurs d’or servant aussi à<br />

l’occasion comme ingénieurs militaires, ou, dans les grands centres commerciaux<br />

comme Kyôto, Sakai ou Hakata, par <strong><strong>de</strong>s</strong> maîtres-fon<strong>de</strong>urs qui ém<strong>et</strong>tent<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> monnaies privées en métaux précieux dans la secon<strong>de</strong> moitié du XVI e siècle.<br />

Leurs compétences professionnelles seront mises à profit après l’unification du<br />

pays pour une mise en valeur systématique <strong><strong>de</strong>s</strong> richesses en métaux <strong>de</strong> l’archipel<br />

(le Japon <strong>de</strong>vient vraisemblablement dans la pre m i è re moitié du X V I I e s i è c l e<br />

le principal fournisseur mondial d’argent avec le Pérou), mais aussi pour la<br />

reconstruction par le shogunat d’un nouveau système monétaire officiel basé<br />

sur l’or <strong>et</strong> l’argent. La production <strong>de</strong> la monnaie shogunale gar<strong>de</strong>ra d’ailleurs la<br />

m a rqu e <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te activité <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>urs privés jusqu’aux réformes <strong>de</strong> la fin du<br />

X V I I e siècle. Mais si l’histoire <strong>de</strong> la production monétaire <strong>et</strong> celle <strong><strong>de</strong>s</strong> mines,<br />

malgré d’importantes lacunes, se laissent encore cerner, il nous manque beaucoup<br />

d’éléments concernant l’émergence <strong>de</strong> la profession <strong>de</strong> changeur, si florissante<br />

au X V I I e siècle. La question du passage entre les prêteurs du<br />

Moyen-Âge qui maniaient la monnaie <strong>de</strong> cuivre, <strong>et</strong> ces spécialistes du change<br />

e n t re l’or <strong>et</strong> l’argent opérant en leurs lieux <strong>et</strong> place au début <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> prémo<strong>de</strong>rne,<br />

reste donc encore à éclaircir.<br />

Publications<br />

• «Quelques réflexions sur la fiduciarité <strong><strong>de</strong>s</strong> monnaies métalliques à l’époque d’Edo »,<br />

dans Japon pluriel 5, actes du 5 e colloque <strong>de</strong> la Société française <strong><strong>de</strong>s</strong> étu<strong><strong>de</strong>s</strong> japonaises,<br />

Arles, Philippe Picquier, <strong>2004</strong>, 11 p.

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