Comptes rendus des cours et conférences de l'EHESS 2004-2005

CR Enseignement 04-05 16/02/06 15:34 Page 531
LINGUISTIQUE, SÉMANTIQUE 531
Publications
• « L’EPRASS, Enseignement préparatoire à la re c h e rch e approfondie en sciences
sociales », Paris, La lettre de l’AREHESS, 33, mars-septembre 2004, p. 17-19.
• «Les langues dans la régionalisation du monde : Politiques linguistiques entre situation
“interne” et discours pour l’extérieur », Civil society, Languages and globalization,
Bruxelles, Transnational Association, 4, 2004, p. 247-248.
• « L’insulte, la parole et le geste », dans L’ i n s u l t e : approches sémantiques et linguistiques,
D. Lagorgette et P. Larrivée (éd.), Paris, Langue française, 144, décembre 2004,
p. 49-58.
• « G é r a rd Althabe : une méthode… », Paris, J o u rnal des anthropologues, 102-103,
2005, p. 411-416.
Sémantique des langues naturelles
Oswald Ducrot, directeur d’études
et Marion Carel, maître de conférences
Prédication et argumentation
ON a essayé de traiter dans le cadre de la théorie des blocs sémantiques le
p roblème des énoncés prédicatifs. On a été conduit à distinguer trois sortes
de prédications, d’après l’origine des argumentations (= enchaînements arg umentatifs,
en « d o n c » ou en « p o u r t a n t »). Les prédications connectives établissent
un lien entre le sujet et le prédicat (« les saints eux-mêmes offensent Dieu» ) .
Les prédications centrées sur le sujet sont liées aux argumentations contenues
dans le sujet (« ce problème est diff i c i l e » est lié à une argumentation issue de la
signification même de «p ro b l è m e », à savoir « si on ne fait pas un effort, on ne le
surmontera pas »). Les prédications centrées sur le groupe verbal sont liées aux
a rgumentations internes à ce dernier (« P i e r re a fui le danger » est lié à « c ’ é t a i t
d a n g e reux donc Pierre a fui» ) .
D ’ a u t re part, l’étude d’exemples a re n f o rcé l’hypothèse faite depuis plusieurs
années, selon laquelle il faut faire une distinction entre enchaînements évoqués
par un énoncé, et « aspect arg u m e n t a t i f » exprimé par lui. En effet, il existe des
cas où l’enchaînement évoqué n’appartient pas à l’aspect exprimé. Ainsi, cet
énoncé trouvé dans Racine « mon cœur voulut en l’oubliant punir ses mépris »
évoque « elle m’a méprisé et donc mon cœur l’a oubliée» et exprime « le mépris
entraîne punition ». Le décalage entre ce qui est exprimé et ce qui est évoqué
amène à concevoir l’oubli comme une forme de punition.
Publications
Marion Carel
• «Note sur l’abduction », Travaux de linguistique, 27, 2004, p. 93-111.
• «La construction du sens des énoncés », Revue romane, 40-1, 2005, p. 79-97.