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Ville

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SÉMIOTIQUE DE LA VILLE ET DE SES COMPOSANTS MORPHOLOGIQUES…<br />

rôle des suffixes dans la construction des composants morphologique de "chahr" est<br />

beaucoup plus crucial et général que celui des préfixes.<br />

Les suffixes des composants morphologiques de "chahr" nous invitent le<br />

plus souvent à saisir les couches intérieures du langage. C’est-à-dire les suffixes de<br />

ces composants visent l’aspect implicite 1 du langage et celui-ci a une connotation<br />

importante tandis que leurs préfixes mettent en évidence l’aspect explicite 2 du<br />

langage qui ne suggère souvent que la dénotation. par exemple le nom de<br />

"Chahrzade" des mille et une nuits composé de "chahr" et d’un suffixe "Zade" n’est<br />

plus, du point de vue sémiotique, un simple nom propre, mais d’abord il s’agit d’une<br />

personne qui possède un pouvoir, qui a une autorité considérable et de l'influences<br />

sur les autres. De bonne famille, elle est cultivée et elle est distinguée des autres par<br />

son talent et par son intelligence. Les composants comme "Iran-chahr" (le pays<br />

d’Iran), "chahr-bâni" (préfecture de police), "chahr-dâr" (la mairie), "chahr-bânou"<br />

(la dame de ville), "chahr-yâr" (le roi) etc. ont bien évidemment des sémiotiques<br />

bien enracinées dans la culture iranienne, mais nous nous contentons ici de<br />

n’aborder que les composants morphologiques dont les connotations semblent plus<br />

universelles et plus compréhensibles.<br />

Pour mener une étude minutieuse et pour bien saisir les sens des<br />

composants morphologiques de "chahr", il nous faut répartir ces derniers en deux<br />

orientations différentes : les composants morphologiques suffixaux et préfixaux.<br />

Ces deux déterminants morphologiques ont une influence directe sur la sémantisme<br />

du terme "chahr". Autrement dit, les composants morphologiques constituent les<br />

connotations de "chahr" selon qu’ils jouent un rôle préfixal ou suffixal. Toute<br />

connotation dépend, à vrai dire, de ces deux déterminants qui ont souvent leur<br />

origine dans la mentalité des gens et dans leurs conceptions sociales.<br />

Il y a, par exemple, le mot "no" (neuf) qui peut s’ajouter à la fois comme<br />

préfixe et suffixe au terme "chahr". Ainsi aurons-nous deux nouveaux mots opposés<br />

sémantiquement et qui aura chacun une connotation différente de l’autre : un<br />

composant préfixal (le "no-chahr") et un composant suffixal (le "chahr-no"). Le<br />

"no-chahr" (neuve-ville) est le nom de la plus belle ville du pays. Etant située au<br />

nord d’Iran, elle est connue pour ses paysages forestiers et pour son calme. "Nochahr"<br />

nous livre tout son secret de richesse, ses villas et sa propreté. Cette ville a, à<br />

la fois, une connotation culturelle et architecturale. Ainsi que son nom le montre,<br />

c'est une ville moderne qui sert d’exemple pour la construction des autres nouvelles<br />

villes en Iran et qui reste comme un rêve pour la plupart des Iraniens. En effet, "nochahr"<br />

pour les Iraniens a un sens propre à elle. Elle est le symbole de la modernité<br />

qui s’impose contre la tradition, un élément important dans la culture et surtout<br />

l’architecture de l’Iran.<br />

Par contre le mot "chahr" précédé d’un préfixe a une signification toute<br />

différente du composant suffixal. Ce terme a une connotation péjorative. Il désigne<br />

d’abord un lieu public où toutes sortes de marchandises, même de contrebande,<br />

s’achètent et se vendent. Il représente ensuite un endroit où règnent le désordre et le<br />

dérèglement. Mais ce mot a une connotation plus connue et plus inconvenante<br />

aussi : le lieu de la "prostitution".<br />

Ainsi que nous venons de le voir, la sémiotique du mot "chahr" (ville) n’a<br />

aucun rôle dans la connotation de ses composants morphologiques. Mais, au<br />

1 KERBRAT-ORECCHIONI C., L’Implicite, Armand Colin, Paris, 1986, p. 116-122.<br />

2 KERBRAT-ORECCHIONI C., La Connotation, Presses Universitaires de Lyon, 1977, p. 11-20.<br />

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