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LES LANGAGES DE LA VILLE<br />
C’est encore cette opposition urbain vs rural que Pierre MARILLAUD<br />
prend pour base d’une analyse qui, à partir d’outils sémiotiques, le conduit à<br />
infirmer le propos du narrateur dans les premières lignes de « Madame<br />
BOVARY » : « … le nouveau était un gars de la campagne… », et à confirmer<br />
l’acharnement de Flaubert contre Charles, qu’il « assassine » deux fois dans les<br />
dernières lignes du roman…<br />
Cristina BREUIL analyse « les empreintes de la ville » en étudiant<br />
« l’écriture de l’espace urbain dans les romans de l’écrivain argentin César AIRA »,<br />
qui sait lire la ville et en donner une version subvertie. Le « texte de la ville » et<br />
celui de César AIRA se superposent, interagissent même, l’écrivain devenant celui<br />
qui « défie, déconstruit, ou réordonne à l’infini l’enchevêtrement des langages<br />
culturels de la ville ».<br />
Natalia BELOZEROVA reprend « Ulysse » de Joyce pour montrer par<br />
une analyse linguistique et sémantique très fine l’interaction entre trois catégories :<br />
la structure du héros, le chronotope et l’intertextualité interne au roman. Entre autres<br />
constats, l’analyse démontre « un certain paradoxe dans la formation du chronotope<br />
du héros principal du roman : étant en harmonie avec l’espace actuel, Bloom s’y<br />
trouve partout, par contre il évite l’espace symbolique et mythologique ».<br />
Jean-Benoît TSOFACK et J. J. R. TANDIA MOUAFOU nous montrent<br />
comment les énoncés toponymiques au Cameroun « participent d’un projet de<br />
communication urbaine dont la réussite, au quotidien, dépend de la compétence<br />
et/ou de la performance des récepteurs éventuels ». Dépassant le cadre de<br />
l’arbitraire du signe, la réalité toponymique en contexte urbain au Cameroun pose le<br />
problème du rapport du signifiant linguistique à la réalité extralinguistique assertée.<br />
La lecture de cet article laisse penser que le problème qui se pose d’une façon aiguë<br />
au Cameroun, touche sans doute les autres pays, et pas seulement ceux de l’Afrique.<br />
Nous sommes toujours en Afrique avec Alassane DIA qui, en nous<br />
proposant une étude de l’évolution différentes composantes linguistiques de la ville<br />
mauritanienne de Nouakchott, ville surgie du désert , il y a un peu moins d’un demi<br />
– siècle ,nous permet de comprendre comment l’interaction des facteurs culturels<br />
,sociaux et politiques aboutit à l’émergence d’un code switching issu de langues<br />
aussi différentes que l’Arabe littéraire, le Français, le Hassania (version dialectale de<br />
l’Arabe), le Peul, le Soninké et le Wolof. Loin d’être désolé par ce constat, Alassane<br />
DIA voit dans cette évolution une chance pour la ville et le pays de dépasser les<br />
éternels conflits linguistiques, et de se consacrer enfin à la lutte pour le<br />
développement.<br />
Anna BONDARENCO travaille sur le texte de « La Peste » de CAMUS,<br />
et nous montre comment les stéréotypes du discours banal de la ville s’effacent au<br />
moment où surgit la peste, « événement » qui s’impose puis génère à son tour une<br />
stéréotypie spécifique. Cette analyse vérifie le point de vue qui considère<br />
« l’événement » comme une configuration discursive, « c’est-à-dire comme une<br />
sorte de micro-récit enchâssé dans une unité discursive plus large ».<br />
Georgi L. ARMIANOV se penche sur l’histoire des argots européens, les<br />
jargons professionnels et constate une grande diversité de la vie des sociolectes<br />
selon les régions de l’Europe, diversité en rapport avec les déterminants<br />
économiques, culturels, voire ethnographiques du monde contemporain. Ce travail<br />
peut orienter des recherches à venir en sociolinguistique européenne.<br />
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