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Ville

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LES LANGAGES DE LA VILLE<br />

Instituteur : De la chaussée ?<br />

Hakim : Ah ! La bordure du trottoir.<br />

Joffrey : Il marche au milieu du trottoir pour pas qu’il s’écrase.<br />

Instituteur : Oui, tout à fait, il marche au milieu du trottoir pour ne pas se<br />

faire écraser.<br />

Dylan Faz : Il marche sur le trottoir pour ne pas se faire écraser par une<br />

voiture, par un tracteur ou par un camion de ciment ou un marchand. »<br />

Nous allons maintenant nous intéresser au comment les enfants<br />

perçoivent les personnages. Nous ne faisons que suivre la perspective<br />

intentionnelle. Cette dernière permet de faire « apparaître un système<br />

intentionnel. ; il peut s’agir d’une personne ou d’une chose, à laquelle nous<br />

attribuons des croyances et des désirs, afin d’expliquer son comportement. 1 »<br />

Le chien, personnage principal de Perdu, est porteur d’intention dans la<br />

mesure où son attitude est similaire à celle des personnes. « Faire comme »<br />

est le propre de l’imitation. Pour autant, le chien reste un chien, il n’est pas<br />

assimilé à une personne mais il peut avoir les mêmes actes, les mêmes<br />

savoirs.<br />

« Dylan Fra. : Le chien, il fait comme les gens. Les gens, ils<br />

marchent sur le trottoir pour ne pas se faire écraser. »<br />

Nous sommes devant le même cas de figure lorsque la lune est<br />

assimilée à un être vivant, ce qui pourra lui donner un caractère intentionnel.<br />

Ce qui est peut-être différent du caractère animiste ou qui pourrait être<br />

complémentaire.<br />

« La lune est là…<br />

Lancelot, hier, il nous a dit : « Est-ce que la lune, elle lit, elle<br />

aussi ? »<br />

Hakim (amusé) : Peut-être.<br />

Lancelot : Oui.<br />

Hakim : Les lunes, ça peut lire, ça peut même dormir, hein ! ? Le<br />

jour. La lune elle dort le jour et le soleil il dort la nuit comme nous.<br />

Instituteur : Donc ils sont vivants.<br />

Hakim : Oui.<br />

Lancelot : La lune, c’est pareil que les hiboux |…] »<br />

« La lune luit et lit, René lui, lit dans son lit. » est récurrent dans le<br />

livre qui semble construit comme une chanson, une mélodie de jazz. Il n’est<br />

pas étonnant que les sens de luire et de lire se propagent sur les deux sujets<br />

que sont la lune et René 2 . La remarque concernant le caractère vivant de la<br />

lune renseigne plus sur l’état des connaissances de l’instituteur que sur la<br />

caractéristique psychologique de l’enfant. Le fait d’être impliqué directement<br />

dans une telle expérience permet de mieux appréhender ses propres<br />

représentations et montre que l’adulte intervient parfois à son insu dans les<br />

1<br />

ASTINGTON J-W,, Comment les enfants découvrent la pensée : la théorie de l’esprit chez<br />

l’enfant, Paris, Retz, 1999 pour la traduction française<br />

2<br />

Nous avons l’exemple de ce que DESSONS G et MESCHONNIC H.,(Traité du rythme, Des<br />

vers et des proses, Paris, Dunod, 1998) appellent la « signifiance ». « Elle désigne<br />

spécifiquement l’organisation des chaînes prosodiques selon une double solidarité syntagmatique<br />

et prosodique produisant une activité des mots, qui, donc, ne se confond pas avec leur sens mais<br />

participe de leur force, indépendamment de toute conscience qu’on peut en avoir. » (p. 236)<br />

222

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