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Ville

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LES LANGAGES DE LA VILLE<br />

E1 : ici c’est bien on voulait pas aller dans l’école privée parce qu’on était tout dorloté<br />

quoi que là c’est bien on a des<br />

E2 : oui on a des amis i sont au collège privé han c’est strict<br />

E1 : en plus i z ont failli avoir une<br />

E2 : des uniformes<br />

E1 : ouais des uniformes<br />

E2 : que là c’est bien on prend le bus on se prend en charge<br />

E3 : oui<br />

E1 : on se prend en charge c’est beaucoup mieux<br />

Plus loin, elles prennent leurs distances avec ce qui peut se dire de<br />

l’environnement :<br />

E1 : (...) mais y a des parents i z ont pas envoyé à X ou dans un collège public parce<br />

que soi-disant y avait des rumeurs et à cause des rumeurs i z ont pas voulu<br />

E2 : oui y avait les tours de Z et de Y (2 quartiers populaires : cités)<br />

E1 : c’est n’importe quoi<br />

E2 : ba y avait aux alentours y a un peu Z et Y donc ça leur faisait peur<br />

E1 : mais nous c’est bien quoi y a pas de problème<br />

E2 : non on a jamais eu de problème<br />

Les communautés dans la ville<br />

Même si le français est dans l’établissement la langue de tous, une<br />

sœur turque peut s’adresser pour le réprimander à son petit frère en turc.<br />

Dans l’un des collèges, existe un groupe de Marocains constitué de garçons<br />

d’âges divers : ils parlent arabe entre eux et les plus jeunes apprennent des<br />

plus vieux. Ils semblent faire bloc par rapport aux surveillants (selon ces<br />

derniers) qui le vivent mal, en particulier à cause des insultes en arabe. Les<br />

élèves ne disent pas la même chose de ce groupe. Pour eux, ces élèves<br />

n’utilisent pas d’injures spécifiques même quand ils parlent entre eux. Par<br />

contre, les élèves rapportent que certains élèves francophones vont trouver le<br />

groupe pour demander des injures en arabe afin de s’en servir contre les<br />

autres, qui ne les comprendront pas. On trouve de tels témoignages dans<br />

plusieurs établissements rennais. La langue arabe, incomprise de la plupart, a<br />

un prestige dans cette culture de collégien.<br />

Une fille venue des Antilles dit parler créole avec des copines qui la<br />

comprennent, pour ne pas être comprise des autres. Et au cours de<br />

l’interview, elle échange avec une fille originaire de la Réunion pour<br />

comparer leurs créoles. Cependant toutes les langues n’ont pas ce prestige et<br />

leurs locuteurs n’assument pas toujours bien la langue d’origine. On peut<br />

citer l’exemple d’un élève de troisième Zaïrois qui admet difficilement<br />

connaître une langue maternelle et la parler chez lui.<br />

Certains surveillants ou observateurs précisent qu’il y a du langage<br />

gitan dans leur collège, ce qui se vérifie, ainsi que des emprunts à l’arabe. Ils<br />

évoquent quelques expressions comme marav la ganache dont les élèves<br />

ignorent la signification, selon eux.<br />

Conscience des jeunes à l’égard du parler et des pratiques langagières<br />

Les entretiens par exemple avec des garçons indiquent une<br />

conscience forte des parlers, leur capacité de choisir entre des parlers<br />

disponibles en fonction des contextes, une bonne connaissance des pratiques<br />

spécifiquement urbaines que j’ai évoquées plus haut. Ces garçons indiquent<br />

qu’ils parlent différemment avec leurs copains, et que dans d’autres quartiers,<br />

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