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Ville

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LES LANGAGES DE LA VILLE<br />

place, tour à tour plusieurs personnes innocentes afin de conserver son autorité<br />

législative. Alors les Iraniens se servent de cet exemple quand ils s’aperçoivent d'un<br />

trouble et d'un désordre au niveau des lois. Chaque fois qu’il y a une anomalie dans<br />

les affaires, on dit : « Ce n'est pas "chahré-Hert" quand même ». Mais personne ne<br />

connaît cette ville imaginaire. Elle se trouve là où il y a l’injustice, l’anomalie, le<br />

désordre, le dérèglement etc.<br />

Peut-être le dernier composant que j’aborde ici est-il le plus intéressant<br />

aussi : "chahré-Echgh" (ville d’amour). Mowlavi 1 , le plus grand des poètes<br />

mystiques, est un penseur qui diffuse l’idée du soufisme et par ses œuvres et par ses<br />

actes. Dans l’un de ses poèmes, il célèbre le courage et la foi de son précurseur<br />

Attar, lui aussi un poète et un grand soufi, en déclarant : « Attar a déjà parcouru les<br />

sept villes de l’amour et nous sommes encore au tournant d’une allée. » Selon<br />

Mowlavi, pour se fondre en foi, s’approcher de la vérité absolue, accomplir tous les<br />

devoirs dus au soufisme… Il faut parcourir et connaître les sept villes imaginaires et<br />

mystiques qui traduisent les sept démarches des soufis, si difficiles en pratique. Car<br />

ceux-ci pensent que, pour arriver au sommet de la mystique, on doit passer par sept<br />

étapes, appelées "chahr" ou ville. Chaque "ville" demande des efforts et du courage<br />

propres à elle. Les premières étapes sont faciles à franchir, mais au fur et à mesure<br />

que l’on avance vers les dernières démarches, le chemin est barré par des obstacles.<br />

Pour les enlever, il faut du courage, de la vertu, de l’ascétisme, de la justesse, de la<br />

lucidité etc. Alors parcourir les sept villes imaginaires des soufis à la fois semble<br />

difficile et dur.<br />

En guise de conclusion, on peut dire que la ville, imaginaire ou réelle, a ses<br />

propres connotations chez des soufis ou des gens ordinaires, chez des Iraniens de la<br />

campagne ou de la ville, chez des riches ou des pauvres. Les langages de la ville,<br />

ainsi que ses composants morphologiques en persan, sont plus parlants et plus<br />

vastes que la ville elle-même. Ne serait-ce que parce que nos villes ont leur histoire<br />

et leurs langages dans le passé le plus lointain ?<br />

ASSADOLLAHI-TEJARAGH Allahchokr<br />

Université de Tabriz, IRAN<br />

BIBLIOGRAPHIE<br />

BARTHOLOMAE C., Altiranisches, Wörterbuch, Berlin, 1904.<br />

CHAMLOU A., Ketâbé koutché, Maziar, Téhéran, 1999.<br />

DEHKHODA A.A., Loqhat-Nâmé, Téhéran, 1948, t.31.<br />

DUBOIS J. et al., Dictionnaire de Linguistique et des Sciences du Langage,<br />

Larousse, Paris, 1994.<br />

KERBRAT-ORECCHIONI C., L’Implicite, Armand Colin, Paris, 1986.<br />

KERBRAT-ORECCHIONI C., La Connotation, Presses Universitaires de Lyon,<br />

1977.<br />

MACDONEL A.A., A practical Sanskrit Dictionary, Oxford, 1977.<br />

MOHAMMAD-BALKHI Djalal-Addine (Mowlavi), masnavié Ma’navi, Toulou’e,<br />

Téhéran, 1992.<br />

NYBERG H.S., A Manual of Pahlavi, Wiesbaden, vol. 2, 1974.<br />

1 . MOHAMMAD-BALKHI Djalal-Addine (Mowlavi), masnavié Ma’navi, Toulou’e, Téhéran, 1992.<br />

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