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Ville

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VILLE ET PAROLE DES JEUNES<br />

appellent bourge (oi) s et les jeunes de la racaille ou caillera. Par exemple,<br />

les filles de sixième en survêtement sans marque appartiennent pour eux au<br />

premier groupe. Ils précisent que certains parlent bien la langue du collège et<br />

que même certains élèves de troisième font figure d’experts. Pour les<br />

collégiens, il existe bien plusieurs langages dont celui acquis en sixième mais<br />

que cependant certains prétendent maîtriser depuis le CP. Les quartiers sont<br />

évoqués comme source de différence par certains élèves. Ceux de certains<br />

quartiers sont réputés mieux connaître le langage du collège.<br />

Un garçon venu d’une banlieue rennaise plutôt favorisée dit<br />

comment il imaginait les choses par rapport au collège qu’il fréquente :<br />

E1 : ba moi en fait déjà pour moi Rennes c’était aut chose pour/je voyais ça<br />

plus banlieue que par rapport à X où c’était pas trop comme ça quoi c’est<br />

une petite ville donc je voyais des langages un peu plus vulgaires quoi mais<br />

ça va<br />

Il faut monter d’un cran dans la grossièreté si on veut faire le poids<br />

au collège rennais par rapport à l’école primaire de la périphérie. Cette<br />

hypothèse relative aux différences entre les parlers et l’ancrage de ces<br />

différences dans les particularités des quartiers a pu être vérifiée ailleurs, à<br />

Saint Etienne par exemple (Seux, 1998), mais ne l’est que partiellement à<br />

Rennes. C’est du moins ce que l’on peut dire en l’état actuel des travaux. Des<br />

différences existent sans doute, liées à la population dont sont issus les<br />

élèves : présence de terrains pour les gens du voyage, banlieue aisée jouxtant<br />

les cités de Rennes plus défavorisées etc.. Il semble cependant que les acteurs<br />

comme les observateurs ne ressentent pas la présence de cultures<br />

antagonistes au sein des établissements. Les élèves eux-mêmes expriment le<br />

sentiment d’appartenir à une même culture, celle de l’établissement ou d’une<br />

communauté de jeunes plus large, au-delà de certaines différences que<br />

certains mettent en avant mais que l’enquête ne confirme pas pleinement.<br />

(doc.41 extrait d’interview) :<br />

E1 : déjà je trouve qu’à X je sais pas y a pas/même d’un collège à l’autre qui sont tous<br />

à Rennes pourtant on change<br />

O.. ah bon<br />

E1 : ba ouais enfin je connais d’autres personnes qui sont dans d’autres collèges et<br />

elles parlent pas du tout comme moi enfin<br />

Les aides éducateurs notent quant à eux qu’il y a en sixième ceux<br />

qui s’adaptent au langage en arrivant en sixième et utilisent des expressions à<br />

l’occasion. Mais il y aussi ceux qui arrivent en sixième en le parlant déjà ou<br />

en partie. Pour ceux-là, il s’agit de leur langage, il leur appartient, lit-on<br />

dans une contribution. Le lien est vite fait avec le quartier d’origine. Mais<br />

cette référence forte au quartier ne se justifie pas totalement si l’on observe et<br />

que l’on écoute les élèves.<br />

Les élèves défendent leur collège public et évoquent spontanément,<br />

sans sollicitation de l’observateur, leurs représentations de « l’autre »<br />

collège, le privé au plan des comportements. Quand l’observateur évoque les<br />

« autres » collèges en pensant à la localisation, au territoire, les élèves<br />

pensent immédiatement « privé ». Un garçon de cinquième dit ceci : (doc.28<br />

extrait d’interview)<br />

E1 : ici on a le droit de faire plus de choses comme c’est un collège public<br />

Des filles de sixième disent leur préférence pour leur collège malgré tout :<br />

(doc.29 extrait d’interview)<br />

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