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LES LANGAGES DE LA VILLE<br />
bases 1 . Les concepteurs de la mondialisation garderont donc à l’esprit le fait<br />
que l’homme ne devient homme que par la culture. Ils auront donc à cœur de<br />
promouvoir les cultures africaines, pour que les apprenants africains soient de<br />
plein pied chez eux et luttent contre la hantise de la formation à la fuite vers<br />
un ailleurs. Par-là, l’internationale citoyenne posera ses jalons et fera<br />
souche, grâce à l’interculturation contextualisée, qui s’apprendra à l’école.<br />
Sans cela, la mondialisation sera le socle de l’esclavage postmoderne,<br />
provoquant, par la suite, des revendications identitaires,<br />
tentaculaires et interminables, accompagnées de formes de violence,<br />
encore plus identitaires, qui paralyseraient le monde. On ne fait pas<br />
impunément de la sémantique réductrice, surtout quand le réductionnisme<br />
évacue l’essentiel, du point de vue anthropologique et axiologique.<br />
Plus largement, encore, on ne peut sauver la terre qu’en sauvant<br />
la formation humaine. Et on ne sauve formation humaine qu’en sauvant la<br />
culture des apprenants. Dans le même ordre d’idées, on ne peut commercer<br />
sainement, à l’échelle planétaire, qu’en dilatant les esprits et les cœurs, dans<br />
les écoles, pour poser les jalons d’une famille sans frontières, précisément<br />
grâce à l’interculturation contextualisée, qui permet aux apprenants de se<br />
préparer à donner, du point de vue culturel, au lieu de ne faire que recevoir,<br />
en gobant tout, sans la moindre mastification ; et en étant de simples pantins,<br />
indignes de confiance, si gentils, soient-ils 2 .<br />
CONCLUSION<br />
Les coopérations bilatérale et multilatérale devraient donc privilégier<br />
l’interculturation contextualisée, du point de vue axiologique surtout.<br />
Cela ne doit pas se faire par des réformettes et par le financement de<br />
sessions, à la façon d’un dilettante ; mais par un plan cohérent de<br />
reconstruction axiologique, c’est-à-dire de réfection éthique, en<br />
soulignant les valeurs, qui font qu’un homme est un homme. Ce sont<br />
celles-là qui, pour le moment, sont par terre à l’école de Bujumbura, comme<br />
ailleurs en Afrique. Et si rien n’est debout à ce niveau scolaire, rien ne le sera<br />
à d’autres niveaux.<br />
Adrien NTABONA<br />
Université du Burundi<br />
crid@cbinf.com<br />
1 Le caractère incontournable des bases à assurer pour qu’il y ait une inculturation réelle et<br />
durable a été identifié dans une recherche sur la civilisation de l’oralité. Cf. A. NTABONA, «La<br />
civilisation de l’oralité du point de vue des mécanismes de production du sens», in L’oralité dans<br />
l’écriture et réciproquement, Actes du 22 è Colloque d’Albi «Langages et Civilisations», Ed.<br />
CALS/CPST, Toulouse 2002, pp.147-158.<br />
2 Une réflexion lumineuse d’un chercheur qui a joint «science et sagesse» mérite beaucoup<br />
d’attention. Cf. Georges MAURAND, « La communication : une structure, des formes, des<br />
règles, mais aussi un art et une sagesse», in La Communication, Actes du 16 ème Colloque d’Albi<br />
«Langages et Signification» Ed. CALS, Toulouse, 1995, pp. 7-26.<br />
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