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Ville

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LES LANGAGES DE LA VILLE<br />

ce psychologue, les temps du développement, de l’apprentissage et de<br />

l’enseignement sont différents. Or la zone de développement met l’accent sur<br />

l’élève. Dans la pratique, il importe de situer le rôle de l’adulte. La question<br />

triviale serait : qu’est-ce que j’accepte de l’autre ? Nous sommes à la fois<br />

dans le face-à-face 1 mais aussi dans l’empathie. Que ce soit dans le domaine<br />

de la science ou dans le domaine de la littérature, il existe des moments où<br />

nous devons faire des choix. Afin de les guider, nous pensons que des outils<br />

sémiotiques tels que ceux de François et de Grize 2 sont intéressants. L’un<br />

parce qu’il donne à l’oral le seul élément justifiable du refus de la discussion<br />

à savoir le changement de domaine et l’autre parce qu’il permet de mieux<br />

suivre les logiques à l’œuvre : logique de l’objet et logique du sujet.<br />

Autrement dit, une discussion portant sur la validation ou non de<br />

l’objet voiture en tant que vrai ou faux serait une discussion nécessaire en<br />

rapport non avec notre point de vue mais avec le point de vue de l’enfant.<br />

Reste la fermeté en terme systémique pour l’élève de la prise en compte de sa<br />

représentation. En effet, Piaget 3 avait proposé une typologie des<br />

représentations mais qui nous a semblé plus en fonction du degré d’attente de<br />

l’adulte qu’en fonction de la nécessité pour l’enfant de jouer avec la<br />

situation. Dans l’exemple des voitures, les enfants ont une véritable soif de<br />

compréhension qui passe par l’échange. La question du fondement du signe<br />

serait à poser dans la mesure où tout objet immédiat est "l’objet tel que le<br />

signe le représente" (Everaert-Desmedt 4 ) et dépend du fondement du signe,<br />

autrement dit du point de vue. L’objet dynamique (le référent) est quant à lui<br />

inépuisable puisqu’il admet une infinité de points de vue.<br />

Conclusion<br />

Nous avons relevé quelques éléments qui nous permettent de<br />

pouvoir attribuer des traits de représentation dominants chez les jeunes<br />

enfants en milieu rural concernant la ville. L’idée qu’il n’existe pas d’arbres<br />

reste majeure, leurs expériences sont reprises pour interpréter les ouvrages<br />

proposés sans qu’ils puissent toujours s’en détacher. Nous avons noté la<br />

similitude entre un ouvrage et ce que peuvent penser des très jeunes enfants.<br />

Cela peut s’appeler un stéréotype ou une utopie. « Il n’y a pas de méchant. »,<br />

« Il n’a ni maître, ni maîtresse », « Il est joli le livre. », « En vrai, elles<br />

roulent les voitures. » etc. sont les marques d’une véritable réflexion sur<br />

l’ouvrage. Nous restons persuadé que les dynamiques à l’œuvre jouent sur<br />

les conversations. Elles seront différentes si nous partons de « Il est joli le<br />

livre. » ou si un dialogue s’instaure pour déterminer le vrai du faux<br />

1<br />

Nous reprenons cette expression de l’œuvre de Lévinas E<br />

2<br />

GRIZE J.B., Logique naturelle et communication, Paris, P.U.F., 1996,<br />

3<br />

PIAGET J, La représentation du monde chez l’enfant, Presses Universitaires de France, Paris,<br />

1947, a forgé sa méthode comme un intermédiaire, si nous pouvons employer ce terme, entre<br />

d’une part celle des tests et d’autre part celle de l’observation directe dite pure. Des cinq types de<br />

réaction qu’ils classent en n’importequisme, fabulation, croyance suggérée, croyance déclenchée<br />

et croyance spontanée, il ne retient principalement que les deux dernières. Il considère qu’elles<br />

sont les seules à rendre compte de la pensée de l’enfant comme originale. La fabulation<br />

l’intéresse mais elle nécessite une grande prudence interprétative. Toujours pour ce chercheur<br />

suisse, l’enfant passe d’une pensée centrée sur lui-même à une pensée socialisée, à la coopération<br />

à la différence de VYGOTSKI (1985)<br />

4<br />

EVERAERT-DESMEDT N., Le processus interprétatif, Introduction à la pensée sémiotique de<br />

Ch. S. Peirce, Liège, Pierre Mardaga, 1990<br />

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