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LES LANGAGES DE LA VILLE<br />
La ville devient ainsi un paysage graphique qui est tantôt à regarder ou<br />
tantôt à lire ; un paysage composé « d’identité de papier, d’identité<br />
virtuelle », fait de nomothèque éphémère. Le tag transforme la ville en un<br />
espace de lecture à ciel ouvert, aux signes indéchiffrables, mais en circulation<br />
constante pour une autre dynamique spatiale. La ville se dit alors dans un<br />
langage qui s’apparente à ce qu’on connaît sans toutefois qu’on en saisisse le<br />
contenu. Et par sa répétition, le tag fait ainsi trace constituant par là « une<br />
mémoire collective des éphémères », une mémoire scripturaire qui fait<br />
référence et sert de repère. Le tagueur est un marcheur qui propose des<br />
scénarios de migrations discrètes, sources d’organisations, d’échanges de<br />
cheminements en développant des pratiques migratoires à durée variable.<br />
Marie-Christine MAGLOIRE<br />
Université de Franche-Comté<br />
BIBLIOGRAPHIE<br />
BAZIN H., La culture Hip Hop, Paris, Desclée de Brouwer, 1995.<br />
CANDON N, « Le rôle de l’espace public », Note bibliographique : Compo-sition urbaine,<br />
Paris, Centre de documentation de l’Urbanisme, 1996.<br />
José Luis DIAZ, « Vous êtes des noms propres, avatar autour du nom d’auteur après 1830 », Le<br />
nom et la nomination source sens et pouvoir, Toulouse, Eres, 1990.<br />
GAUTHIER A, Du visible au visuel anthropologie du regard, Paris, P.U.F, 1996.<br />
GRACQ J, La forme d’une ville, Paris, Corti, 1985.<br />
HOEKSTRA F, Coming from the subway New-York graffiti-art, Paris, Ubi, 1992.<br />
KOKOREFF M, « Tags et Zoulous, une nouvelle violence urbaine », Esprit, Février, 1991.<br />
- « Espaces des jeunes, territoires, identités et mobilité », Annales de la Recherche Urbaine<br />
n° 59/60,<br />
MAFFESOLI M, Le temps des tribus, Paris, Méridiens, 1988.<br />
- Du nomadisme, Paris, Librairie Générale Française, 1997.<br />
PEYTARD J, « La traversée des signes (promenade en sémiodologie) », Syntagme IV, Paris,<br />
Annales Littéraires Université de Besançon, pp. 247-258.<br />
REMY J, « La ville : réseau alvéolaire et mobilité spatiale », Figures architecturales et formes<br />
urbaines, Genève, Anthropos, 1994.<br />
TARRIUS A, « la circulation migratoire », Migrations Etudes n° 84 (synthèse des travaux sur<br />
l’immigration et la présence étrangère en France), Paris, ADRI, Décembre, 1998.<br />
- Anthropologie du mouvement, Caen, Paradigme, 1989.<br />
VULBEAU A, Du tag au tag, Paris, Desclée de Brouwer, 1992.<br />
« Les tags : des cris muets sur les murs », Société Magazine, janvier, 1991.<br />
Annexe 1 : Quelques noms de tags 1 extraits de mon corpus<br />
EDGAR 91<br />
AISE<br />
1 . Quand on demande aux tagueurs ce qu’est pour eux taguer, ils répondent le plus souvent que<br />
le tag est fait pour se faire connaître, les graffs pour se faire reconnaître. Taguer, c’est donc<br />
"poser" son nom tout en y apportant quelque chose à la manière de l’écrire. Au début du<br />
mouvement, créer des tags c’était pour être reconnu partout, dans une sorte de jeu ritualisé dont<br />
les règles ne sont connues que des tagueurs. Et l’une de ses règles était de pouvoir réaliser son<br />
inscription un certain nombre de fois dans un souci de dépassement de soi pour atteindre un but.<br />
“ Le nombre de fois que vous réussissiez à toucher au but fixé et le degré de difficulté de l’accès<br />
de l’endroit atteint, étaient les deux choses qui comptaient pour les nouveaux "writers". Ils<br />
appelaient ça "frapper un grand coup" ("getting up"). C’était devenu une vocation pour des<br />
milliers de jeunes qui voulaient devenir aussi connu que TAKI 183 ” in HOEKSTRA F, Coming<br />
from the subway New York graffiti-art, Paris, Ubi, 1992, p.11.<br />
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