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Ville

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LES EMPREINTES DE LA VILLE : ECRITURE DE L’ESPACE URBAIN…<br />

CALVINO I., Le Baron perché, traduction de Juliette Bertrand, Paris, Seuil,<br />

« Points », 1959 (titre original Il Barone rampante, 1957).<br />

CONTRERAS S., Las vueltas de César Aira, Rosario, Beatriz Viterbo<br />

Editora, « Ensayos críticos », 2002.<br />

FEINMANN J.P., El ejército de ceniza, Buenos Aires, Legasa, 1986.<br />

FEINMANN J.P., L’Armée des cendres, traduction d’Hélène Visotsky, Paris,<br />

Albin Michel, 1992.<br />

GASQUET A., L’Intelligentsia du bout du monde, Paris, Editions Kimé,<br />

2002.<br />

GENETTE G., Palimpsestes. La littérature au second degré, Paris, Seuil,<br />

Poétique, 1982.<br />

GERMAIN Y., L’invention de l’espace dans la littérature argentine (1921-<br />

1963). Borges, Bioy Casares, Cortázar, Thèse de Doctorat (dir. Albert<br />

Bensoussan), Université de Haute-Bretagne-Rennes 2, Etudes ibéroaméricaines,<br />

1993.<br />

MARTÍNEZ ESTRADA E., Radiografía de la Pampa, Buenos Aires, Babel,<br />

1933.<br />

REMÓN RAILLARD M., César Aira, o la literatura del continuo, Thèse de<br />

Doctorat (dir. Michel Lafon), Université Stendhal-Grenoble 3, 1999.<br />

SANSOT P., Poétique de la ville, Paris, Armand Colin, 1996.<br />

ANNEXE<br />

Extraits de La Guerre des gymnases, de César Aira, traduction de Michel Lafon, Marseille,<br />

André Dimanche Editeur, 2000 (titre original : La guerra de los gimnasios, 1993)<br />

Extrait n°1<br />

Le temps s’immobilisa pendant quelques minutes. Au lieu de se coucher, le soleil<br />

sembla se fixer en un point central, et avancer un peu. Deux silhouettes obscures se dessinèrent à<br />

mi-hauteur, derrière les vitres du fond, à contre-jour. On aurait dit qu’elles flottaient en l’air, et<br />

leur mobilité excessive contribuait à cette illusion. C’étaient deux hommes, qui avaient les bras<br />

et les jambes écartés et qui s’agitaient avec une frénésie qui semblait échapper aux lois de la<br />

gravité. Ils donnaient l’impression de deux corps en chute libre vus du dessous, ce qui était<br />

absurde, puisque Ferdie les voyait parallèlement à l’étage où il se trouvait.<br />

Ce fut l’affaire d’une seconde. Ils traversèrent les vitres en les faisant éclater en<br />

mille fragments lumineux, qui dansèrent dans le vacarme avant de s’écraser au sol. Deux ou trois<br />

gymnastes qui s’exerçaient sur les Nautilus du fond de la salle se retrouvèrent baignés d’une<br />

poussière coupante. Les intrus étaient maintenant pendus aux traverses des dernières machines,<br />

sur lesquelles ils se redressèrent grâce à une traction prodigieuse, qui sembla leur rendre leur<br />

dimension humaine. Les néons du plafond contrecarrèrent le soleil qui provenait de la terrasse, et<br />

Ferdie put voir leurs visages, totalement inexpressifs. C’étaient deux Orientaux vêtus de teeshirts<br />

et de pantalons de nylon noir. Auparavant, il lui avait semblé que ces traverses n’étaient<br />

qu’à quelques centimètres du plafond, mais c’était impossible puisque les deux individus s’y<br />

trouvaient commodément installés. A moins qu’il ne s’agisse d’homoncules grands comme la<br />

main (c’était comme ça qu’il les voyait de sa bicyclette), mais dans ce cas il n’aurait pas<br />

distingué leurs traits aussi clairement. Ils poussèrent des cris aigus, certainement des mots dans<br />

une autre langue, et changèrent deux ou trois fois de position. Se jetant au sol, ils se redressèrent<br />

en s’adossant l’un à l’autre, les bras levés, puis recommencèrent à crier. (p. 10-11)<br />

Extrait n°2<br />

La nuit, Flores était de plus en plus obscur. A la fois parce que les platanes<br />

devenaient plus touffus de printemps en printemps et parce que l’on ne remplaçait pas les<br />

ampoules cassées. Certains secteurs se retrouvaient dans l’obscurité la plus totale dès que le<br />

soleil se couchait. Tout cela donnait plus de poids au crépuscule, le rendait plus définitif : ses<br />

couleurs valaient double, et même davantage. Les roses, les violets, les orangés qui se posaient à<br />

l’horizon des rues du côté de Liniers ou de la pampa infinie, du côté du désert, avaient une valeur<br />

absolue.<br />

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