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Ville

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LES LANGAGES DE LA VILLE<br />

surveillants. Ils relèvent qu’à la campagne les élèves parlent moins des<br />

marques commerciales sur lesquelles les élèves se jugent entre eux.<br />

Un élève venu de la banlieue sud de Paris dit avoir été surpris par<br />

les différences avec le langage qu’il connaissait notamment paysan et fils de<br />

paysan, rencontrés à Rennes et non à Paris. Ces filles manifestent dans leurs<br />

propos que ces mots font partie de ceux qui blessent :<br />

E1 : tandis que nous c’est plutôt les insultes ça blesse quoi<br />

E3 : nous on s’énerve<br />

E1 : on tire les cheveux<br />

E3 : dès qu’on s’énerve<br />

E1 : c’est plutôt sur les mots qu’on s’énerve on essaie de trouver son point faible<br />

E2 : de le casser quoi<br />

O. mais c’est euh c’est des insultes comme « clochard » « paysan » tout ça qui font<br />

démarrer ou c’est des plus fortes que ça<br />

E2 : non des questions comme ça et pis après ça part quoi<br />

E1 : mais après quand ça suffit pas quand on voit que la personne qu’est en face n’est<br />

pas ne se sent pas cassée enfin si on en connaît un peu de sa personnalité faut le percer<br />

directement l’atteindre<br />

O. ouais ouais mais c’est quand même pas des choses racistes<br />

E. : non non jamais (plusieurs)<br />

O. pas dans les insultes quoi<br />

E2. : non on va pas lui dire<br />

Dans le collège d’une petite ville de la périphérie, les insultes<br />

reflètent quelques différences quant à la culture où l’inspiration puisent ses<br />

mots : tête de boeuf/de merde/de lisier/de cul de babouin/benne à merde. Et<br />

paysan s’enrichit d’un qualificatif : sale paysan. Une étude serait à mener sur<br />

l’identité des enfants « d’exploitants agricoles », ainsi qu’ils se nomment :<br />

certains observateurs rapportent que plus loin de Rennes, ces garçons<br />

s’isolent et parlent métier et tracteur, fiers de ne pas être comme ceux de la<br />

ville de « futurs chômeurs ». Mais cela je ne l’ai perçu qu’à travers les<br />

propos d’un fils de maraîcher fréquentant, un des collèges, revendiquant son<br />

appartenance sociale et son métier futur, vendant sur le marché du samedi les<br />

produits de l’exploitation familiale. Il faut une forte personnalité pour ne pas<br />

se couler dans le moule du collégien de la ville et affirmer sa différence<br />

comme ces garçons dont il a été question.<br />

Venant d’une autre ville du département où elle a passé deux ans en<br />

collège, une élève de quatrième exprime la différence qu’elle a ressentie<br />

entre le collège rennais et son premier collège : (doc. 42 extrait d’interview)<br />

E1 : (...) parce que l’année dernière j’étais […]<br />

E1 : moi j’ai passé deux ans dans un collège à X et quand je suis arrivée ici ça<br />

changeait carrément de/ça change de langage<br />

O. ah bon en quoi ça change<br />

E1 : ben on a pas les mêmes mots euh pas le même comportement je sais pas […]<br />

E1 : oui alors là y a plus de verlan des trucs comme ça<br />

E2 : là c’est la ville<br />

O.. y a du verlan<br />

E1 : beaucoup même alors que nous c’était un autre langage c’était le normal quoi<br />

O. quand même un peu grossier quand même<br />

E1 : voilà l’argot<br />

Marquages de quartiers<br />

En dehors de ce marquage ville/campagne, lisible à travers les<br />

propos des jeunes, j’ai tenté d’identifier les marquages de quartiers. Les<br />

élèves de sixième d’un collège rennais distinguent ceux des élèves qu’ils<br />

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