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L’ONOMASTIQUE TAGUEE, POUR UNE AUTRE APPROCHE…<br />
dimensions variables et changeantes que j’ai appelé espaces intermédiaires.<br />
Constitués par des lieux d’écritures et d’exposition ou exhibition ; ils<br />
définissent ce que je nomme des territoires graphiques que le tagueur<br />
parcourt, traverse, déplace par la répétition de son tag, en recomposant du<br />
coup le paysage urbain par des alvéoles graphiques. L’ensemble manifeste<br />
une organisation qui s’apparente à un labyrinthe formé de plusieurs points<br />
d’encrages (les lieux d’écritures et d’exposition), vers lesquels les tagueurs se<br />
dirigent par le biais du réseau de circulation. Le tout constituant une chaîne<br />
de relations pour un autre réseau, celui là d’écritures qui lui sert de repère.<br />
Toutefois, les configurations territoriales graphiques bougent en fonction des<br />
concentrations ou non des tags et de leurs effacements. Ils redécoupent le<br />
paysage en des réseaux et des territoires graphiques qui s’interfèrent,<br />
s’annulent ou se complètent par rapport aux autres territoires urbains. Outre<br />
les lieux classiques où l’on rencontre les tags comme les abords des<br />
chantiers, leurs palissades, le réseau de transport collectif, des voies de<br />
communication routière, ferroviaire, les lieux d’abandons, les zones<br />
désaffectées, les terrains vagues ou en friche ; ils s’inscrivent dans la ville :<br />
— soit en créant des espaces graphiques intermédiaires à l’intérieur de celleci,-<br />
soit en utilisant les espaces géographiques habituels que sont les espaces<br />
de circulation urbaine, les micro-espaces du quartier, l’espace du centre-ville.<br />
2.2.1. Les espaces intermédiaires sont des espaces inventés, réappropriés qui<br />
n’existent pas réellement. Ils sont formés par la concentration des tags dans<br />
certaines zones. Lieux de repère pour les tagueurs, ils assurent les transitions<br />
avec les autres espaces urbains. Toutefois, ce ne sont que de micro territoires,<br />
aux frontières complètement mouvantes et dont l’existence est plus ou moins<br />
éphémère. (Annexe 3)<br />
2.2.2. Les lieux d’écritures sont localisés dans des zones en retrait<br />
distantes entre elles, dans des emplacements connus mais fermés, dans des<br />
impasses ou des bâtiments laissés à l’abandon aussi bien à l’intérieur du<br />
centre-ville, qu’en dehors. Certains sont aujourd’hui détruits ou réhabilités.<br />
Leur nombre plus ou moins réduit est lié aux interventions ou non des<br />
pouvoirs publics dans l’espace urbain. Ils représentent pour les tagueurs des<br />
lieux où ils peuvent se livrer à la pratique de leur écriture, en s’essayant à<br />
toutes les formes de combinaisons graphiques. Ce sont des espaces où<br />
règnent une grande liberté et parfois de véritables joutes graphiques. Chacun<br />
peut tester, expérimenter, mais aussi apprendre les diverses techniques pour<br />
développer et maîtriser un tracé, un geste graphique, les jeux de bombe, les<br />
pointes des différents marqueurs. Dans ces zones comparables à des<br />
laboratoires d’expérimentations graphiques s’inventent toutes sortes<br />
d’inscriptions, de recherches sur la lettre et son lettrage avec des réalisations<br />
plus ou moins abouties 1 . Les lieux d’écritures présentent ainsi une écriture en<br />
1 . Nous pouvons y lire et voir les “ brouillons graphiques scripturaux ”, comme des brouillons<br />
d’écrivain avec les ratures, les réécritures, les différentes tentatives développées sur la lettre et sa<br />
graphie.<br />
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