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LES LANGAGES DE LA VILLE<br />
l’ouvrage Perdu, la lune est une boule de billard. Voici le dialogue<br />
enregistré.<br />
« Dylan Faz. : Les boules de billard, ce n’est pas pareil que la lune.<br />
Instituteur : Explique-moi, pourquoi tu dis que ce n’est pas pareil à la lune ?<br />
Dylan Faz : Parce que les boules de billard, c’est rond.<br />
Instituteur : Parce que les boules de billard, c’est rond, oui.<br />
Dylan Faz. : Oui, c’est rond. Et les étoiles, les étoiles, ça a des petits traits. »<br />
Les boules de billard n’étaient pas connues par les élèves.<br />
L’information donnée préalablement a été retenue mais a donné lieu aussi à<br />
une comparaison entre ce qui est construit par l’enfant et ce qui est appris.<br />
Or, nous voyons qu’il existe un écart entre une norme conçue par le jeune<br />
enfant mais qui n’est pas en rapport avec un savoir commun (la lune peutêtre<br />
ronde dans le ciel) et l’information nouvelle, la boule de billard. La lune<br />
doit être représentée par un croissant et la boule de billard par une boule. La<br />
métaphore est non-valide puisqu’il n’existe aucune propriété commune.<br />
L’enrichissement de l’imaginaire, la qualité de l’imagination seront d’autant<br />
plus grandes que les élèves seront en mesure d’établir des liens.<br />
Nous cherchons à répertorier les obstacles à l’interprétation que<br />
nous avons pu relever. Nous pouvons noter dès à présent que les<br />
représentations construites par les enfants, face aux images ou aux<br />
métaphores, le sont dans une dynamique de type rationnel. Il existe une<br />
véritable critique de l’image. Un autre facteur qui ne facilite pas<br />
l’interprétation, c’est bien sûr le lexique. Sa connaissance est nécessaire et<br />
prépondérante pour comprendre les textes. Pour autant, lorsqu’on leur<br />
demande de définir le mot « ville », on s’aperçoit que certaines<br />
représentations ont de grandes similitudes avec ce que nous proposent les<br />
ouvrages.<br />
« Instituteur : Qu’est-ce que c’est une ville ?<br />
Elza : Une ville, c’est plein de maisons, il n’y a pas d’herbe, pas de fleurs.<br />
Aussi il y a des routes.<br />
Julien : Aussi, il y a des voitures, des manèges.<br />
[…]<br />
Marie-Gwendoline : Il y a des arbres.<br />
Instituteur : Il y a des arbres.<br />
Elza : Oui, mais à côté de la ville.<br />
Instituteur : A côté de la ville. Vous êtes d’accord avec ça ?<br />
Loïc : Sinon, elles peuvent pas passer les voitures. Elles vont se casser.<br />
Julien : Non, si c’est un tout petit arbre, c’est plutôt l’arbre qui…<br />
Instituteur : Est-ce que tout le monde est d’accord avec cette idée, qu’il n’y a<br />
pas d’arbres dans la ville sinon les voitures vont se casser.<br />
Enfants : Oui.<br />
Charlyne : Ils passent par la route, ils vont tomber sur les voitures.<br />
Dylan Frad. : Oui, mais si ils sont derrière et qu’ils foncent dans, dans,<br />
dans, dans, l’arbre, l’arbre il tombe sur le 4X4. Là il sera mort. […] »<br />
Le problème de l’individuel et du collectif est contenu dans la<br />
question du « Est-ce que tout le monde est d’accord ? ». Il est bien certain<br />
que la réponse collective, car cela en est une, ne suffit pas pour être partagée<br />
par tout un chacun. Mais nous pouvons considérer cette réponse comme une<br />
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