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ÉNONCÉS TOPONYMIQUES ET COMMUNICATION URBAINE AU<br />
CAMEROUN<br />
pour le décoder, il devient opaque, un signe qui a perdu sa transparence.<br />
Ainsi, la fluidité de la communication recherchée dans l’espace urbain n’est<br />
plus certaine. Elle devient poreuse puisqu’à l’énonciation transparente, ne<br />
répond pas toujours en écho un décodage réussi.<br />
La masse d’illettrés qui parsème l’espace urbain nous pousse à nous<br />
interroger sur l’efficience de la communication toponymique dans et par la<br />
ville. A l’observation, elle ne révèle qu’une compétence et une performance<br />
uniques, celles du sujet producteur, et rarement celles du " sujet analysant ".<br />
A quoi servirait donc un énoncé s’il est menacé de n’être pas valablement<br />
" reçu" ?<br />
CONCLUSION<br />
Ce qui frappe de prime abord, c’est que les toponymes, d’un point<br />
de vue structural, sont des constructions atypiques au regard de leur<br />
arrangement lexico-syntaxique. Ensuite, lorsqu’on s’interroge sur leur<br />
rapport au référent, on constatons qu’en même temps qu’ils désignent et<br />
sémiotisent une portion du monde urbain, trahissent une incongruité dans<br />
leurs mécanismes de référentiation. Il s’agit d’un jeu qui dévoile chez le<br />
locuteur urbain une réelle compétence communicationnelle (polyphonique),<br />
qui institue et entonne "le chant du signe" (cygne ?). C’est justement ce qui<br />
l’amène à pouvoir dire son mode spécifique d’être au monde et celui de<br />
l’altérité. La toponymie au Cameroun participe d’un projet de<br />
communication urbaine dont la réussite, au quotidien, dépend de la<br />
compétence et/ou de la performance des récepteurs éventuels. Elle dévoile<br />
chez le sujet producteur, ce que P. Guiraud (1965 : 56) appelle une<br />
hypertrophie de sa conscience lexicale qui fait de celui-ci un véritable<br />
créateur, un architecte linguistique en somme disposé à verbaliser les<br />
identités culturelles multiples. La toponymie urbaine au Cameroun enfin<br />
donne à voir la ville comme le lieu par excellence de " recomposition<br />
permanente, géographique et linguistique " (E. Dorier-Aprill et C. Van Den<br />
Avenne, 2002 :151).<br />
Jean-Benoît TSOFACK J.J. Rousseau TANDIA<br />
MOUAFOU<br />
tsobejean@justice.com rtandia@yahoo.fr<br />
Université de Dschang-Cameroun<br />
BIBLIOGRAPHIE<br />
BARTHES R. Mythologies, Paris, Ed. du Seuil, 1957.<br />
BONNOT J.F.P., Paroles régionales : normes, variétés linguistiques et<br />
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BOUTAUD J.J., Sémiotique et communication. Du signe au sens, Paris,<br />
L’Harmattan, 1998.<br />
CAUNE J., Esthétique de la communication, Paris, PUF, « que sais-je ? »,<br />
1997.<br />
CHARAUDEAU P., Langage et discours. Eléments de sémiolinguistique.<br />
(Théorie et pratique), Paris, Hachette, 1983.<br />
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