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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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question <strong>de</strong> l’hystérie va <strong>de</strong>venir progressivement centrale et faire l’objet <strong>de</strong> leçons <strong>de</strong> plus en plus<br />

nombreuses.<br />

120<br />

Il serait ici hors <strong>de</strong> propos <strong>de</strong> retracer pas à pas le chemin parcouru par Charcot, comme ont<br />

su si remarquablement le faire M. Gauchet et G. Swain (1997). Il nous suffira <strong>de</strong> retenir <strong>de</strong>ux dates<br />

charnières : la première est l’année 1877 avec la crise que connaît alors le modèle ovarien et<br />

épileptique <strong>de</strong> l’hystérie ; la secon<strong>de</strong> est 1882 avec les observations relatives à l’hystérie masculine.<br />

Suivant en cela Briquet, Charcot oppose d’emblée les phénomènes paroxystiques aux stigmates<br />

permanents. Parmi ceux-ci, l’anesthésie occupe une place particulière car presque toujours, selon ses<br />

observations, elle se superpose aux paralysies et autres contractures, et seule sa disparition<br />

complète garantit pour lui la guérison (P. Bercherie, 1983, p. 65). Ca n’est pas un hasard si Charcot<br />

abor<strong>de</strong> l’hystérie d’un point <strong>de</strong> vue essentiellement neurologique et néglige la plus gran<strong>de</strong> part <strong>de</strong>s<br />

signes <strong>de</strong> la « folie hystérique » telle que la tradition psychiatrique s’était attachée à les dégager. Ce<br />

qui l’intéresse, c’est ce qui recèle potentiellement le plus d’intérêt pour le neurologue, à savoir les<br />

symptômes moteurs :<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

La contracture comme l’atrophie musculaire font partie <strong>de</strong> ces symptômes chroniques intéressants<br />

dont Charcot espère prouver la subordination à une lésion <strong>de</strong> la moelle épinière […] C’est sur ce fond<br />

d’investigations anatomocliniques qu’il faut situer la leçon sur la contracture hystérique. C’est d’abord<br />

la contracture, avant l’hystérie, qui intéresse Charcot, ou plus exactement la contracture hystérique<br />

comme une parmi d’autres contractures. 1<br />

L’objectif est en conséquence <strong>de</strong> montrer que ces atteintes musculaires périphériques comme les<br />

contractures, mais également les atrophies, doivent en fait être rattachées à <strong>de</strong>s lésions spécifiques<br />

<strong>de</strong> l’axe spinal, dans un <strong>essai</strong> <strong>de</strong> « neurologisation » <strong>de</strong> l’hystérie. Se trouve alors logiquement<br />

soulevée la question <strong>de</strong> la localisation <strong>de</strong> ces hypothétiques lésions et, s’appuyant notamment sur<br />

ses observations relatives à la maladie <strong>de</strong> Parkinson lui ayant montré que dans certains cas les<br />

tremblements débutent à l’endroit où le corps a subi un traumatisme, il en vient à concevoir le<br />

possible rôle d’une « cause mécanique » dans la survenue <strong>de</strong>s stigmates locaux <strong>de</strong> l’hystérie. Cette<br />

cause mécanique, c’est ce que les chirurgiens britanniques ont dénommé « traumatisme », terme<br />

qu’il reprend à son propre compte. Ainsi, parallèlement à <strong>de</strong>s causes générales comme la fatigue ou<br />

la maladie, la sollicitation excessive du système nerveux par <strong>de</strong>s shocks, émotions violentes ou<br />

traumatismes, peut participer activement à l’éclosion <strong>de</strong>s symptômes hystériques. C’est alors toute<br />

la conception ovarienne <strong>de</strong> l’hystérie qui se trouve mise en cause puisque les manifestations <strong>de</strong> la<br />

névrose ne se trouvent plus subordonnées à un organe mais peuvent se manifester en tous lieux du<br />

corps suivant le point d’impact <strong>de</strong> ces traumatismes mécaniques ou émotionnels.<br />

Mais il lui faut alors répondre à une nouvelle question : pourquoi <strong>de</strong> tels traumatismes, la<br />

plupart du temps bénins ou sans effets notables chez la majorité <strong>de</strong>s personnes, ont-ils chez les<br />

hystériques un tel pouvoir d’éclosion ? La réponse viendra avec la réactualisation d’une notion dont<br />

l’usage avait presque totalement disparu <strong>de</strong> la pensée médicale : la diathèse. M. Gauchet et G. Swain<br />

précisent :<br />

1 M. Gauchet, G. Swain (1997) : <strong>Le</strong> vrai Charcot, Calmann-Lévy, Paris, p. 42.<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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