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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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L’on reconnaitra là un ensemble <strong>de</strong> défenses à forme phobique, communément décrites dans<br />

les tableaux <strong>de</strong> syndrome <strong>psycho</strong>traumatique ; mais une autre analyse peut être formulée en<br />

hypothèse quant à la dynamique <strong>de</strong> certains <strong>de</strong> ses comportements symptomatiques : elle<br />

semble s’efforcer <strong>de</strong> gommer tout ce qui en elle, <strong>de</strong> ses habitu<strong>de</strong>s, a pu faire motif et occasion<br />

pour les agresseurs ; son sac, le fait qu’il contenait <strong>de</strong> l’argent, un chéquier, le fait d’avoir mis<br />

un temps à la porte pour chercher sa télécomman<strong>de</strong>, l’évitement d’endroits favorables à une<br />

nouvelle agression…, autant, peut-on penser, <strong>de</strong> modalités <strong>de</strong> lutter contre un sentiment <strong>de</strong><br />

envahissant d’auto-reproches <strong>de</strong> motivation complice.<br />

b) <strong>Le</strong>s problématiques victimales TYPE 2 et le syndrome victimal d’auto-accusation <strong>de</strong><br />

comportement complice<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

L’on retrouvera ici tous les auto-reproches relatifs aux comportements et réactions que le<br />

victimé a développés durant l’événement. Estimant ne pas avoir su faire face à la situation, ne pas<br />

avoir su l’empêcher, la stopper, l’éviter…, ceci suffit à ses yeux à l’en rendre coresponsable : il en<br />

conçoit sa présence à l’événement comme un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> participation complice ; d’où <strong>de</strong>s autoaccusations<br />

qui peuvent d’ailleurs s’étendre à son comportement ultérieur, se reprochant par<br />

exemple son incapacité à faire face <strong>de</strong> façon adaptée à ses multiples conséquences.<br />

Ainsi, d’un comportement adapté (l’on n’a guère <strong>de</strong> choix possibles et aucun en soi n’est mauvais) à<br />

la situation, le victimé fait une forme <strong>de</strong> participation active, complice. Cela peut donner lieu à <strong>de</strong>s<br />

interrogations sans fin prenant la forme d’un arbre <strong>de</strong>s causes, le sujet s’efforçant <strong>de</strong> dégager tous<br />

les paramètres <strong>de</strong> la situation et <strong>de</strong> les faire varier un à un, reconstituant ainsi tous les scénarios<br />

possibles à partir <strong>de</strong> leurs multiples combinaisons imaginables, afin <strong>de</strong> rechercher en quoi sa<br />

conduite a pu être fautive, non au regard <strong>de</strong> ses valeurs ou <strong>de</strong>s valeurs <strong>de</strong> la collectivité, mais <strong>de</strong> leur<br />

inci<strong>de</strong>nce sur le déroulement <strong>de</strong>s faits, jusqu’à leur achèvement. Tout ou presque peut être passé à<br />

ce crible qui prend la forme d’une rumination obsédante dans laquelle le victimé se perd en<br />

scénarios fictifs rétroactifs sans fin.<br />

Exemple n° 20<br />

C’est un homme <strong>de</strong> 35 ans qui consulte pour la première fois, un mois après avoir été pris<br />

dans une avalanche. Il présente encore, au jour du premier entretien, <strong>de</strong>s problèmes<br />

physiques, en voie <strong>de</strong> guérison cependant, mais qui empêchent encore sa reprise <strong>de</strong> <strong>travail</strong>.<br />

Il vient pour le « <strong>psycho</strong>logique », ce qu’il répète à plusieurs reprises et, en réponse à la<br />

question <strong>de</strong> savoir ce qui plus précisément l’amène, il montre dans un premier temps <strong>de</strong>s<br />

coupures <strong>de</strong> journaux relatant brièvement une coulée d’avalanche ayant fait un mort, tout en<br />

mentionnant qu’il y a <strong>de</strong>s erreurs inacceptables dans la relation qu’en font ces articles <strong>de</strong><br />

presse. Il relate ensuite ce qui lui est arrivé.<br />

Avec un groupe d’ouvriers, il <strong>de</strong>vait se rendre en voiture dans la montagne jusqu’à un chalet en<br />

construction. Ils étaient à <strong>de</strong>ux 4x4. A un moment, ils sont stoppés par une coulée d’avalanche<br />

qui vient juste <strong>de</strong> bloquer la route sous leurs yeux, quelques mètres <strong>de</strong>vant eux. Ils <strong>de</strong>scen<strong>de</strong>nt<br />

<strong>de</strong>s véhicules et, après discussion, déci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> rebrousser chemin. <strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux chauffeurs<br />

reprennent leur place et un premier véhicule re<strong>de</strong>scend en marche arrière pour aller faire<br />

<strong>de</strong>mi-tour un peu plus bas. Lui gui<strong>de</strong> le second qui doit effectuer la même manœuvre mais,<br />

comme la route est verglacée, il dérape et se déporte vers le fossé, côté montagne. Lui est sur<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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