27.12.2013 Views

Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

298<br />

<strong>victime</strong>s, partant du constat que celle-ci n’y avait pas réellement <strong>de</strong> place en tant que telle alors<br />

même qu’il était souvent essentiel pour sa restauration comme personne qu’elle en eût une.<br />

Ainsi, un certain nombre d’entre elles (en particulier celles que dans un autre champ l’on dirait<br />

"traumatisées") s’en avéraient incapables sur différents mo<strong>de</strong>s et l’ai<strong>de</strong> aux <strong>victime</strong>s s’est trouvée<br />

être le témoin et le dépositaire <strong>de</strong> positionnements problématiques faisant <strong>de</strong> façon plus ou moins<br />

cruciale échec au « bon » déroulement <strong>de</strong> la procédure : vécu persécutif <strong>de</strong> celle-ci, débor<strong>de</strong>ments<br />

émotionnels, culpabilité empêchant par exemple un dépôt <strong>de</strong> plainte, sur-adaptation au discours<br />

juridique, abandonnisme… ; autant <strong>de</strong> signes d'un enfermement dans une position victimale<br />

problématique sans autre issue qu'elle-même et que même le déroulement « favorable » <strong>de</strong> la<br />

procédure ne parvenait jamais à durablement à apaiser. L’expérience montrait ainsi que ce parcours,<br />

loin d’être toujours “salvateur”, pouvait être fait d’obstacles et, même dûment explicité, engendrer<br />

<strong>de</strong>s effets paradoxaux car il contenait <strong>de</strong>s éléments potentiels <strong>de</strong> survictimisation.<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

Une clinique nouvelle, pas toujours véritablement appréhendée comme telle, en est<br />

émergée, clinique n’empruntant ni à la <strong>psycho</strong>pathologie ni à la <strong>psycho</strong>logie clinique, ni à un<br />

quelconque dispositif thérapeutique ou <strong>de</strong> soin, mais au rapport <strong>de</strong> la personne <strong>victime</strong> aux mo<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> restaurations sociaux à disposition : une clinique <strong>de</strong> la survictimisation ou <strong>de</strong> la victimisation<br />

secondaire, ou encore une clinique <strong>de</strong>s impossibilités à s’inscrire dans les parcours socialement<br />

prescrits.<br />

Il s’en est conçu et développé <strong>de</strong>s pratiques d’accompagnement originales qui, si elles s’appuient sur<br />

une pédagogie du fonctionnement <strong>de</strong> la justice, ne s’y réduisent pas tant il peut être problématique,<br />

contre l’évi<strong>de</strong>nce commune, <strong>de</strong> croire que toute <strong>victime</strong> est à même assumer, même dument<br />

expliqués, la place et le rôle <strong>de</strong> <strong>victime</strong> tel que celui-ci est accordé et défini par la loi et la justice.<br />

Il ne va pas <strong>de</strong> soi, dans une perspective <strong>psycho</strong>logique, <strong>de</strong> penser la fonction et les ressorts<br />

<strong>de</strong> telles formes d’accompagnement. Selon C. Damiani, le processus judiciaire aurait pour fonction<br />

essentielle <strong>de</strong> restaurer le lien d’appartenance à la communauté que le traumatisme a plus ou moins<br />

gravement détruit par effraction <strong>de</strong>s « enveloppes groupales », occasionnant ce que C. Barrois<br />

dénomme une « rupture communautaire ». Vécu d’abandon, mise en cause <strong>de</strong>s valeurs collectives<br />

justifiant un double <strong>travail</strong> - <strong>de</strong> recherche ou mise en sens personnel à l’événement, -<strong>de</strong> restauration<br />

du lien d’appartenance à la collectivité.<br />

Cet exutoire n’est bien souvent que partiel, mais le procès peut être le début <strong>de</strong> la sédation du<br />

sentiment <strong>de</strong> vengeance, <strong>de</strong> la reconnaissance par les <strong>victime</strong>s <strong>de</strong> l’accusé comme être humain qui a<br />

<strong>de</strong>s droits malgré l’horreur <strong>de</strong> son acte.<br />

Il peut initier une élaboration <strong>psychique</strong> qui transforme la colère et la révolte en chagrin et en douleur<br />

<strong>de</strong>venus partageables. Cependant, il y aurait une dérive à attendre tout du système judiciaire et du<br />

procès en particulier. 1<br />

Quel accompagnement imaginer et mettre en œuvre en retour ? Pour Damiani, celui-ci doit se<br />

penser en trois temps articulés autour du procès, moment clé du processus : avant celui-ci, durant<br />

son déroulement, après sa conclusion.<br />

1 C. Damiani (2008) L’accompagnement <strong>psycho</strong>logique durant le parcours judiciaire, PsychoMédia, n° 16, p. 74.<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!