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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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Conclusion : les 4 dilemmes constitutifs du TPV<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

L’on a beau jeu d’inviter, voire d’intimer, aux victimés <strong>de</strong> faire au plus vite leur <strong>de</strong>uil, <strong>de</strong><br />

tourner la page, <strong>de</strong> trouver un sens personnel à l’événement etc., d’assumer leur part dans le fait<br />

que la « rencontre » avec l’événement ait été « mauvaise », tout comme ailleurs penser pouvoir faire<br />

du procès sinon un moment thérapeutique, du moins cathartique. Toutes ces injonctions ont<br />

quelque chose d’une prescription paradoxale car si les choses étaient si aisées, elles ne poseraient<br />

plus <strong>de</strong>puis longtemps problème.<br />

Et ce n’est pas qu’affaire <strong>de</strong> trauma ou d’une quelconque pathologie séquellaire ; en cela la<br />

pathologie n’a rien à voir. C’est le dégagement même <strong>de</strong> toute expérience victimale (qu’elle ait été<br />

traumatique ou non) qui est, en lui-même, problématique et qui exige, au sens fort du terme, un<br />

<strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> dont l’issue n’est jamais acquise d’avance et, quand le sujet parvient à la trouver, a<br />

<strong>de</strong> toutes les façons toujours un coût. C’est ce pourquoi nous allons appréhen<strong>de</strong>r les questions qui<br />

se posent, ne serait-ce qu’un instant, à tout victimé comme un ensemble <strong>de</strong> dilemmes, dont le<br />

dégagement peut être long et les chemins tortueux pour y parvenir ; cela pour indiquer qu’il n’existe<br />

aucune bonne solution et que, s’il y en a une possible, elle suppose toujours une forme <strong>de</strong><br />

dépassement <strong>de</strong> ce qui se présente toujours, d’emblée, comme une double impossibilité, ou un<br />

double refus dont les <strong>de</strong>ux pôles sont antagonistes.<br />

Ces dilemmes, au nombre <strong>de</strong> quatre, se jouent sur <strong>de</strong>ux surfaces principales d’élaboration et, que<br />

l’on se situe sur un versant socio-juridique ou personnel, subjectif, l’on doit penser qu’un même<br />

<strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> est à l’œuvre : l’un conventionnel à partir <strong>de</strong>s normes et valeurs <strong>de</strong> la collectivité<br />

telles que les constructions sociales et juridiques en sont l’expression, l’autre subjective, édifiée sur<br />

l’histoire personnelle créatrice <strong>de</strong> normes et valeurs internes singulières telles que sollicitées par la<br />

mise en forme et en sens <strong>de</strong> l’événement. Mais fondamentalement les mêmes processus<br />

d’élaboration y sont à l’œuvre. <strong>Le</strong>s opposer comme <strong>de</strong>ux réalités indépendantes et irréductibles<br />

l’une à l’autre n’a alors plus guère <strong>de</strong> sens. Par contre, au plan clinique, tout l’intérêt sera d’observer<br />

comment les sujets victimés jouent <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux systèmes <strong>de</strong> référence et, en retour, comment en<br />

faire usage dans la perspective d’un accompagnement spécialisé.<br />

Nous allons donc récapituler l’ensemble <strong>de</strong>s questions et enjeux constitutifs du TPV sous la<br />

forme synthétique <strong>de</strong> quatre dilemmes inhérents à l’épreuve <strong>de</strong> réalité que représente l’aprèstrauma,<br />

qu’ils se donnent comme surface réflexive privilégiée, ou la constitution juridique (ou<br />

sociale), ou personnelle <strong>de</strong> l’événement : quatre dilemmes susceptibles d’initier quatre modalités <strong>de</strong><br />

crises, dont nous verrons, dans la partie suivante, quelles formes elles peuvent revêtir lorsque le<br />

sujet échoue <strong>de</strong> façons plus ou moins problématiques à les résoudre. Il y a dans toute expérience<br />

victimale une dimension irréductible. C’est ce que Lacan a dénommé le Réel, la résistance qu’oppose<br />

le mon<strong>de</strong> à notre prise, et contre laquelle il nous faut en retour résister, dès lors que notre rapport<br />

au mon<strong>de</strong>, à autrui, à nous-mêmes, est « médiatisé » (J. Gagnepain, 1994-2010)<br />

Et si tant que ce soit bien le Réel lacanien qui est en jeu dans l’expérience victimale, il nécessite<br />

d’être diffracté en quatre ordres donnant lieu à nos quatre dilemmes.<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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