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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

pratiques différenciées peuvent, à titre préventif ou <strong>de</strong> gestion, y être associées. Plusieurs<br />

représentations peuvent ainsi coexister dans la société médiévale, y compris chez <strong>de</strong> mêmes sujets<br />

et populations.<br />

Il n’empêche, in fine, toute catastrophe est là (comme d’ailleurs tout événement bénéfique) pour<br />

rappeler à l’homme la Provi<strong>de</strong>nce et est toujours à comprendre comme un avertissement sinon un<br />

châtiment, dans la vision apocalyptique <strong>de</strong> sa déca<strong>de</strong>nce pouvant le conduire irrémédiablement au<br />

Jugement Dernier. Il s’agit donc <strong>de</strong> rappeler l’homme à ses <strong>de</strong>voirs moraux, le Mal résidant avant<br />

tout dans les péchés qu’il commet ; et avec comme unique espoir d’y échapper, la Ré<strong>de</strong>mption.<br />

Dans un tel univers socio-moral, tout est comme cela doit être, au point que l’invention par Benjamin<br />

Franklin du paratonnerre, sans doute le premier véritable appareil à même <strong>de</strong> prévenir un danger<br />

potentiel, -un risque-, participe à une désacralisation <strong>de</strong> la foudre et du courroux divin auquel elle est<br />

associée, « au point que certains se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt s’il est licite <strong>de</strong> se soustraire ainsi à l’action <strong>de</strong> la<br />

colère <strong>de</strong> Dieu » (F Walter, p. 115). <strong>Le</strong>s premières pratiques d’inoculation, avec la vaccine, ancêtres<br />

<strong>de</strong> la vaccination, susciteront <strong>de</strong>s réactions similaires : « N’est-il pas impie <strong>de</strong> provoquer<br />

volontairement une maladie bénigne alors que la variole existe pour donner le temps à l’homme <strong>de</strong><br />

s’amen<strong>de</strong>r ? » (Walter, p ; 127) ; ou encore pour <strong>de</strong>s tentatives concrètes <strong>de</strong> freiner l’avancée <strong>de</strong><br />

coulées <strong>de</strong> lave lors d’éruptions <strong>de</strong> l’Etna.<br />

Un problème majeur résultait cependant d’une telle théologie, celui <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir justifier<br />

l’origine divine du Mal. Car si Dieu est Bonté, comment a-t-il pu concevoir un mon<strong>de</strong> qui ne soit pas<br />

totalement à son image et génère tant <strong>de</strong> souffrances, <strong>de</strong> malheurs et d’injustices ? C’est la question<br />

à laquelle tente <strong>de</strong> répondre ce que le philosophe et mathématicien allemand <strong>Le</strong>ibnitz (1646-1716)<br />

dénomme la Théodicée 1 , celle <strong>de</strong> l’existence du mal dans un mon<strong>de</strong> supposé être à l’image <strong>de</strong> son<br />

Créateur, parfait.<br />

La réponse que conçoit <strong>Le</strong>ibniz à ce paradoxe dans ses Essais <strong>de</strong> théodicée fait, au moment <strong>de</strong> la<br />

catastrophe <strong>de</strong> Lisbonne, autorité ; elle affirme que, par nécessité, Dieu a dû laisser dans le mon<strong>de</strong><br />

une certaine dose <strong>de</strong> mal sans laquelle ce <strong>de</strong>rnier eut été encore plus mauvais. Il ne s’agit pas pour le<br />

philosophe <strong>de</strong> soutenir que le mon<strong>de</strong> est parfait mais qu’il contient, comme toute œuvre <strong>de</strong> la<br />

création, une part <strong>de</strong> perfection mais aussi d’imperfection. Dieu, pour <strong>Le</strong>ibniz, aurait fait <strong>de</strong> son<br />

mieux eu égard à ce qu’il était possible <strong>de</strong> faire, nous dit R.-P. Droit 2 .<br />

1.1.3. Du courroux divin aux désordres <strong>de</strong> la nature<br />

C’est précisément cette origine divine du Mal que la catastrophe <strong>de</strong> Lisbonne vient interroger<br />

<strong>de</strong> façon brutale et susciter un renouvellement dans l’approche <strong>de</strong> la question <strong>de</strong> son origine.<br />

Deux grands esprits sont au cœur <strong>de</strong> l’émergence <strong>de</strong> cette appréhension nouvelle, bien que leurs<br />

points <strong>de</strong> vue se soient opposés à son propos : Voltaire et Rousseau. Mais au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux figures<br />

1 <strong>Le</strong>ibniz (1710) : Essais <strong>de</strong> théodicée, Flammarion, 2008.<br />

2 <strong>Le</strong>ibniz l’universel, préface à l’édition 2008, <strong>Le</strong> Mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la philosophie.<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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