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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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semblait acquise entre émotion et commotion, s’opère un déplacement du champ <strong>de</strong>s névroses<br />

post-traumatiques et son absorption presque totale par celui <strong>de</strong>s traumatismes crâniens.<br />

Si ce recentrement offre le mérite incontestable <strong>de</strong> réintroduire une rigueur sémiologique là où elle<br />

avait tendu à disparaître au profit <strong>de</strong> considérations plus morales que médicales autour <strong>de</strong>s<br />

problèmes <strong>de</strong> simulation, l’inconvénient en est <strong>de</strong> considérablement réduire l’intérêt, voire même la<br />

possibilité d’existence, <strong>de</strong> la névrose traumatique d’origine « émotionnelle ».<br />

Ainsi Marin et Cotte (1969) écrivent-ils en introduction <strong>de</strong> leur volumineux rapport sur<br />

l’expertise <strong>de</strong>s névroses post-traumatiques :<br />

Du point <strong>de</strong> vue médico-légal, le terme <strong>de</strong> névrose post-traumatique s’applique essentiellement aux<br />

blessés chez lesquels une symptomatologie s’installe dans les suites d’un traumatisme physique. <strong>Le</strong><br />

stress émotionnel pur, véritable traumatisme <strong>psycho</strong>logique indépendant <strong>de</strong> toute lésion organique,<br />

peut certes être la cause <strong>de</strong> névroses qui entrent dans le cadre <strong>de</strong>s névroses post-traumatiques. Ce cas<br />

soulève cependant <strong>de</strong>s difficultés bien particulières et, <strong>de</strong> toute façon, ne représente qu’une exception<br />

dans la masse <strong>de</strong>s expertises médico-légales. 1<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

<strong>Le</strong>ur <strong>travail</strong> porte en conséquence sur « l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s troubles névrotiques développés à partir d’un<br />

traumatisme corporel, <strong>de</strong> quelque nature qu’il soit ». Elle consiste en l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s réponses <strong>de</strong> 191<br />

professionnels (mé<strong>de</strong>cins légistes, neuropsychiatres, mé<strong>de</strong>cins-conseils <strong>de</strong> la sécurité sociale) à un<br />

questionnaire est un révélateur <strong>de</strong>s positions expertales dominantes en matière d’acci<strong>de</strong>nts relevant<br />

pour l’essentiel <strong>de</strong> la législation sur les acci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> <strong>travail</strong> et <strong>de</strong> la législation <strong>de</strong> droit commun.<br />

Cependant, les cas « purement » émotionnels ne représentent que 4% <strong>de</strong>s situations contre 59%<br />

pour les traumatismes crâniens.<br />

Quant à ce qui est tenu par la très gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s experts comme les principales formes<br />

cliniques <strong>de</strong> la névrose post-traumatique, ce sont celles dégagées par Evrard : la névrose d’effroi, la<br />

neurasthénie et l’hypocondrie post-traumatiques, l’hystérie post-traumatique, certains états<br />

psychasthéniques à formes d’obsessions et <strong>de</strong> phobies.<br />

La névrose traumatique en milieu civil va ainsi faire l’objet d’étu<strong>de</strong>s plus épidémiologiques<br />

dans leur esprit que véritablement cliniques et <strong>psycho</strong>pathologiques. « Regroupement d’attente »,<br />

coexistent sous sa rubrique tous les cas où se pose la question expertale d’un lien d’imputabilité<br />

possible entre un événement et <strong>de</strong>s troubles, quelle que soit la nature et l’étiologie <strong>de</strong> ceux-ci.<br />

b) Pithiatiques et simulateurs : logiques <strong>de</strong> l’expertise en milieu miliaire au temps <strong>de</strong> la<br />

première guerre mondiale<br />

Après les catastrophes ferroviaires et les acci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> <strong>travail</strong>, la première guerre mondiale,<br />

avec les pathologies qui s’y observent en grand nombre chez les soldats engagés dans les combats,<br />

va offrir un nouveau champ d’observation <strong>de</strong>s troubles d’origine traumatique ainsi qu’un autre<br />

terrain d’expression aux débats sur les rôles respectifs <strong>de</strong> l’hérédité et du traumatisme dans<br />

l’étiologie <strong>de</strong>s névroses. La question <strong>de</strong> la simulation versus hystérie y sera également centrale. Ce<br />

1 A. Marin et L. Cotte (1969) : L’expertise <strong>de</strong>s névroses post-traumatiques, p. 1299.<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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