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Le travail psychique de victime: essai de psycho-victimologie

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dépassement :<br />

Chaque dilemme prend donc la forme d’une double négation, et son enjeu en est leur<br />

Temps 1 : il n’est pas possible que…<br />

Temps 2 : il n’est pas possible qu’il ne soit pas possible que…<br />

Ces <strong>de</strong>ux premiers temps ne sont pas ordonnés chronologiquement, mais par la contradiction qui les<br />

unit, et le sujet peut passer indifféremment <strong>de</strong> l’un à l’autre.<br />

Temps 3 : il consiste en une réélaboration <strong>de</strong> la question initiale ouvrant au dépassement <strong>de</strong> cette<br />

double impossibilité. Celle-ci laisse cependant un reliquat qui tient à ce que ce processus,<br />

structurellement, suppose un double renoncement.<br />

Ces temps peuvent aussi bien porter sur l’agresseur, le victimé lui-même, ou les réponses conçues<br />

par la justice ou toute autre instance tierce.<br />

tel-00658758, version 1 - 11 Jan 2012<br />

Sur la question <strong>de</strong> l’imputation<br />

Temps 1 : C’est injustifiable : aucune excuse ne peut valoir, aucun motif n’est recevable.<br />

Temps 2 : Il est impossible que ce ne soit pas justifiable : <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r ou <strong>de</strong>s comptes ou rechercher<br />

<strong>de</strong>s motifs, à tout prix.<br />

Temps 3 : A chacun sa part, à chacun <strong>de</strong> concevoir ses motifs à avoir été là.<br />

Sur la question <strong>de</strong> la qualification<br />

Temps 1 : C’est inqualifiable : aucun mot ne pourra dire ce que c’était.<br />

Temps 2 : Il n’est pas possible que ce soit inqualifiable ; il faut bien que cela s’inscrive quelque part,<br />

au titre <strong>de</strong> quelque chose.<br />

Temps 3 : A chacun ses vues : nous n’avons pas pu vivre les mêmes choses et c’est à chacun d’en<br />

rendre compte en fonction <strong>de</strong> ce que l’on conçoit comme normal et anormal.<br />

Sur la question <strong>de</strong> l’in<strong>de</strong>mnisation<br />

Temps 1 : C’est irréparable, le coût est incalculable, ça n’a pas <strong>de</strong> prix.<br />

Temps 2 : Il n’est pas possible que ce soit irréparable, il y a un dû.<br />

Temps 3 : A chacun son dû ; on ne peut pas gagner sans perdre et c’est à chacun d’évaluer ses gains<br />

et ses coûts.<br />

Sur la question <strong>de</strong> la condamnation<br />

Temps 1 : Il n’est pas possible <strong>de</strong> payer ; c’est l’incommensurabilité <strong>de</strong> la peine du victimé.<br />

Pignol, Pascal. <strong>Le</strong> <strong>travail</strong> <strong>psychique</strong> <strong>de</strong> <strong>victime</strong> : <strong>essai</strong> <strong>de</strong> <strong>psycho</strong>-<strong>victimologie</strong> - 2011

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